On a décidé, à trois copains, de rentrer à pied, avec nos lettres PW dans le dos. Mais à mesure que nous remontions, nous étions de moins en moins suspectés... Tout le canton savait qu’on arrivait. A Sarre-Union, les gens s’approchaient: “D’où venez-vous ?” Ils nous attendaient avec des photos de disparus. Même accueil à Lorentzen, puis à Rahling. Nous n’avions plus à nous justifier. Ces gens étaient des nôtres... On nous invitait à manger dans toutes les maisons. Avait-il pardonné depuis ? “Disons, répondait-il, que j’ai exorcisé ma rage en 1970, quand j’ai commencé à écrire mes mémoires. Ma femme, s’inquiétait souvent: “Fais-le, puisque tu y penses encore !” J’ai rédigé six cahiers manuscrits, un quart de siècle après les évènements. Je ne pouvais plus m’arrêter. Mon frère était d’accord. “ Nicolas, toi, tu as tout vécu, les Charentes en 39, la guerre en 40, la Russie en 43 et en 45 le camp de prisonniers allmemands de La Flèche en ...