Joseph Antoine Sprunck, né le 26 février 1939 à Bitche (Moselle), a vécu à Ormersviller, situé sur les confins du Bitcherland, directement sur la frontière sarroise. Son père Antoine a été exploitant agricole et sa mère Agathe, mère au foyer, mais très active dans l’exploitation. Il est le benjamin d’une fratrie de trois soeurs et d’un frère. De son union avec Monique Schaff sont nés trois enfants:
Sandrine, directrice d'école maternelle
Stéphanie, assistante territoriale
Matthieu, ingénieur logiciel.
De son travail à la ferme, comme enfant, étudiant et jusqu’au décès de son père en 1976, il aura le sens du travail dur et laborieux. Il savait soigner les chevaux, les vaches, les poules, les lapins et utiliser tous les outils: la faux, la fourche, la charrue, la faucheuse mécanique, la moissonneuse-lieuse, la batteuse etc. Le travail le plus dur était de monter les sacs de blé de 90 kg au grenier. De plus, cela lui a permis d'apprendre à mieux connaître la nature et le comportement des animaux de la ferme et à sentir ce que cette riche nature offre à l'homme. Travailler la terre et soigner les animaux équilibrent l’esprit, c’est pourquoi, il aime encore travailler dans son potager et son verger. Sa marche quotidienne lui permet de découvrir la nature qui change lors des différentes saisons sur le site de la biodiversité dans la vallée de la Schwalb entre Volmunster la gare de Brenschelbach.
Il a été surtout marqué par la fin de la guerre, quand en septembre 1944, il voit à Manhoué les soldats allemands tuer le voisin alors qu'il chassait les canards de la rue avant l'arrivée du char.
Alors qu'à l'école maternelle à Nancy il a été bien traité, par contre de 1945/1946, à Dieuze les condisciples locaux le traitaient de boche au CP. La période de la guerre 1939/1945 et celle de la guerre d’Algérie l'ont traumatisé.
Au collège de Bitche, il a été impressionné par un internat austère et l’ouverture d’esprit de son supérieur Paul Joseph Schmitt, qui est devenu évêque de Metz. Il a beaucoup apprécié l'excellente formation pédagogique, dispensée à l'Ecole Normale de Montigny-lès-Metz.
Ses véritables passions sont l’Histoire de France, de la Lorraine et surtout celle du Bitcherland, l’enseignement, les camps de vacances, les voyages, la rencontre des autres, la soif de connaître, la nature, les marches quotidiennes, les randonnées, les visites guidées au Moulin d'Eschviller, les hommes et leur histoire. Que fallait-il de plus pour réaliser des reportages télévisés ou journalistiques?
Son enfance durant la guerre
Sa prime enfance est particulièrement troublée par les pérégrinations de sa famille de 1939 à 1946. Alors que son père est mobilisé à Dieuze fin août 1939, le 1er septembre 1939, la famille est évacuée à Brie (Charente) alors que ses deux soeurs Valérie 7 ans et Marie-Thérèse 10 ans sont en vacances chez une tante à Reichshoffen en Alsace. Ce n’est que le 17 septembre qu’on leur attribue une seule chambre, pourvue d’une cheminée avec un chaudron. A Noël 1939, le père est libéré et rejoint la famille à Brie en Charente. Le 9 septembre 1940, la famille revient à Ormersviller, mais elle est expropriée et expulsée le 29 novembre 1940 dans le Saulnois par les Allemands. Le 30 septembre 1944, toutes les familles ont dû quitter Manhoué avec les valises. Elles sont est évacuées à Nancy par les Américains. En y fréquentant l’école maternelle, Joseph a appris le français, alors que sa langue maternelle est le francique rhénan. Bien qu'étant le seul à ne parler que le Platt, je n'ai pas été harcelé. Grâce à trois soeurs, j'ai très vite appris à parler le français. Le 15 mars 1945, la famille a déménagé à Dieuze où il est admis le 1er octobre 1945 au cours préparatoire. Comme il a été à l'école maternelle à Nancy, il a su déjà lire et calculer, en arrivant à Dieuze. Il va être harcelé, car il parle également la langue de l'ennemi. Il avait droit à de nombreux coups de pied et à être jeté dans les orties par ses condisciples.
Retour au Bitcherland
Le 1er avril 1946, la famille est revenue à Ormersviller après avoir déménagé cinq fois avec les valises. Elle est logée dans une baraque sans eau courante, ni toilettes, ni courant électrique. L’électricité n’a été branchée qu’en octobre 1947. On s'éclairait à la lampe de pétrole et les bougies.
L’école communale n'a ouvert que le 1er octobre 1946 avec Joseph Weissend, avant les deux institutrices nommées ne sont pas restées, car au logement il n'y avait ni électricité, ni eau courante. Les livres étaient très rares, car tout a été brûlé durant la guerre.
Grâce à l'instituteur Lucien Rehmet, Joseph Antoine Sprunck, assis au deuxième rang, le quatrième à partir de la gauche, fera des études secondaires et deviendra instituteur.
Au cours moyen 2, vu ses très bonnes notes, l'instituteur Lucien Rehmet a rendu visite à ses parents. Il leur a conseillé de l'envoyer faire des études secondaires. Les parents sont d'accord. Alors que l'instituteur voulait l'inscrire au Lycée Fabert à Metz à 100 km d'Ormersviller, où il y avait un internat, les parents ont préféré l'inscrire à l'internat du collège Saint-Augustin de Bitche qu'on pouvait rejoindre en bus et à bicyclette..
L'adaptation a été très difficile parmi ces jeunes dont la plupart étaient des fils de commerçants ou artisans, d'une classe surtout supérieure du point de vue financier, alors que ses parents revenaient d'expulsion en 1946 et vivaient dans un baraquement. Dans ces écoles privées, c'est la richesse qui compte et la qualité des habits. il était le "péquenaud". Cela l'a parfois déstabilisé. Il avait parfois l'impression d'être un transfuge. Après ses études secondaires classiques au Lycée-collège épiscopal Saint-Augustin de Bitche où il a passé le baccalauréat littéraire classique A, allemand, latin et grec. Le 1er octobre 1958, il est entré à l’Ecole normale d’instituteurs de Montigny-lès-Metz par voie de concours.
A l'école normale, il était plus à l'aise, car tout le monde devait porter la blouse grise afin d'effacer les différences. Après la réussite du Certificat de fin d'études normales, il a été nommé chargé d’école de 1959 à 1961 à Weiskirch, une annexe de Volmunster. C'était un classe unique de 11 élèves (2 au CP, 4 au CE 2, 2 au CM et 1 CFE. C'est dans cette école qu'il a passé avec succès le certificat d'aptitude pédagogique.
Le 1er septembre 1961, il est appelé pour son service militaire. Il fait ses classes au 164 ème R.I. à la caserne Niel de Verdun. Le 10 janvier 1962, il est affecté à la 4 ème compagnie au 15/1, stationnée à Kellermann, annexe de Guelma en Algérie. Il a rempli la fonction de secrétaire du capitaine Jean Mouchot et en juillet avec le grade de caporal-chef, il est devenu chef du bureau du PC du colonel Guy à la Ferme Cheymol. Durant son séjour en Algérie, il a vécu le cessez-le- feu le 19 mars à 12 h, le référendum du 1er juillet 1962 qui demande l'indépendance, le licenciement des harkis, puis leur poursuite par les membres du FLN, le rapatriement en France pour certains soldats touchés par la jaunisse et des pieds noirs, le rapatriement du régiment le 10 décembre 1962 à la caserne Serret à Châtel-Saint-Germain. Il a été libéré le 27 février 1963.
Il est nommé chargé de classe unique le 1er mars 1963 à l’école de garçons de Volmunster. Très vite, il a fait géminer les deux écoles de garçons et de filles et en 1975, il a demandé le regroupement pédagogique pour les enfants des trois écoles de la commune. En 1965, il a commencé à développer le sport dans les écoles du canton et devient responsable de circonscription de l’Union sportive de l'école primaire (USEP). Il a introduit en 1972, l’enseignement de l’allemand au cours moyen et a pris sa retraite en 1995. Avec les élèves, il a organisé des classes vertes et de nombreux voyages pédagogiques. Grâce aux correspondances scolaires, des liens ont été tissés avec l'école de Sigogne en Charente et celle de Sechsmorgenschule de Zweibrücken et avec d'autres classes françaises. En tant que président du Cercle pédagogique de Volmunster, il a lancé au niveau du canton les festivals scolaires, les concours de dictée et la semaine nature au Moulin d’Eschviller.
Son meilleur souvenir d'enseignant, c'est d'avoir réussi en 1991 à scolariser une élève trisomique 21. Après sa scolarité, elle a su lire, écrire et calculer, se servir d'un téléphone portable et d'un ordinateur.
Il est titulaire de
la médaille d’argent de l’éducation nationale et de la jeunesse et sport et du monde associatif et officier des Palmes académiques.
Vie associative
Très impliqué dans la vie associative, il a aidé à créer:
- le Foyer de jeunes de Volmunster en 1967 où il a animé de nombreuses activités: théâtre, randonnées, jeux de société, camps de vacances.
- l’Amicale des enseignants de la circonscription de Sarreguemines où il a organisé des randonnées
- l’Association des Amis du moulin d’Eschviller où il a été guide à partir de 1987 pour les musées et le sentier nature et patrimoine. Il a été en 1997 à l’initiative de la fête des saveurs et de la moisson avec son marché paysan
- l’Intersociété de Volmunster où il a rempli les fonctions de secrétaire
- Il est membre:
- de l’Union nationale des Combattants (UNC), de la section de Bitche,
- de la Société d’histoire et d’archéologie de Lorraine, de Confluence, de l’Amicale des secrétaires de mairie, des anciens du 15/1 et de l'école normale
- il a créé la section de marche du Colimaçon
- il a été trésorier de l’Office de tourisme du Pays de Bitche durant 13 ans. Il a fait changer le statut d'association en EPCI, le premier en Moselle.
- Il a été à l'initiative des sentiers fléchés du Club vosgien à partir du Moulin d'Eschviller
- Il a rédigé des opuscules pédagogiques pour les guides, les enseignants où il explique le fonctionnement du moulin d'Eschviller, de la scierie et le sentier nature et du patrimoine
Secrétaire territorial
De 1972 à 1995, il a été secrétaire du Syndicat intercommunal à vocation multiple (SIVOM), puis du District de Volmunster et de 1973 à 2001 il a assuré le secrétariat de la mairie de Volmunster de 1974 à 2001.
De 2001 à 2015, il a rempli les fonctions de commissaire-enquêteur pour les enquêtes publiques pour le Tribunal administratif de Strasbourg.
Correspondant de presse
En 1967, il a accepté d’être correspondant de presse du Républicain Lorraine et en 1993 de l’Ami hebdo Lorraine. Il alimente régulièrement avec ses reportages son blog volmunster.blogspot.com et son blog historique https://joseph.sprunck.com.
Il a réalisé des reportages en français et en francique rhénan durant 15 ans à TV Cristal.
Historien local
Il est l'auteur de nombreux reportages et articles historiques, publiés sur son site https://joseph.sprunck.com
Témoin personnel de la deuxième guerre mondiale, de la reconstruction des villages du Bitcherland après 1945, de la guerre d'Algérie, de la transformation des techniques et de l'évolution de notre société depuis 1945, auteur de nombreux reportages auprès des habitants du Bitcherland pour la télévision locale Télé Cristal, du Républicain Lorrain et de l'Ami Hebdo Loraine .
Il a également publié des articles dans le bulletin des Anciens du 15/1, dans l’Almanach Saint-Joseph, le bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Lorraine (SHAL) de la section de Bitche et le bulletin municipal de Volmunster. Le texte relatant "Les épreuves subies pendant et après la guerre de 1939-1945 par une famille lorraine" a été repris par Charly Damm et François Abel dans la bande dessinée : La Moselle déracinée.
La biographie:Itinéraire d'un enfant pendant la guerre, imprimé 2024 par coolLibri. Il y retrace sa jeunesse durant les guerres.