Le village d’Ormersviller, ayant su se métamorphoser après la guerre de 1939/1945 tout en préservant son patrimoine, a pris au fil des ans un visage empathique, accueillant et convivial.
Le retour de l’expulsion
Après son évacuation de 1939, son expulsion en 1940, la plupart des habitants sont revenus après la guerre avec la volonté de tout rebâtir. Certains ont pu rénover leur maison et y emménager, alors
Les chevaux se lèchent. A l'arrière plan une baraque et un abri pour en taules.
que la plupart ont été logés dans des baraquements. Une cabine téléphonique a été ouverte durant l’été 1946 alors que l’électricité n’est venue qu’en 1947. Grâce à un dynamisme et une forte solidarité, 60 exploitations agricoles de polyculture se sont reconstituées en repartant de zéro. On vivait au village comme une très grande famille, et cet état d’esprit continue dans les nouvelles générations. On allait rarement en ville, car il y avait une épicerie, un charron-menuisier, un forgeron, un cordonnier, un peintre en bâtiment, deux laiteries, une coopérative de construction et une agence du crédit mutuel. Les jeunes ont été embauchés aux HBL ou dans les entreprises de construction.
La reconstruction
Pour la reconstruction, un plan d’urbanisme est rapidement adopté par le conseil municipal. Grâce à cette décision, les rues sont élargies, la place de l’église est créée, l’adduction d’eau potable est réalisée, les fontaines du centre village sont supprimées et les maisons reconstruites ne sont plus mitoyennes. C’est pourquoi le village est très aéré.
Le choeur de l'église avec la croix transparente réalisée par les artistes de CADRE.
L’église paroissiale a été rénovée et dotée de nouvelles cloches et d’une décoration artistique de la nef, réalisée par l’association de peintres artistes CADRE. La reconstruction du village se terminera
en 1962 par la chapelle Saint-Joseph, où l’amitié franco-allemande s’affiche. Elle est fréquentée par de nombreux pèlerins et touristes.
L’impact de la frontière
En 1945, la Sarre, étant en zone d'occupation française, la frontière est restée ouverte. Cela a été une véritable aubaine pour les paysans pour la vente de leurs produits. Elle redevient allemande le 1er janvier 1957 et la frontière se referme. Grâce aux relations amicales entre Brenschelbach (Sarre) et Ormersviller qui se sont concrétisées officiellement en 1973, la frontière est réouverte en 1982, mais uniquement pour les ouvriers frontaliers d’Ormersviller, puis pour tous en 1985.
A partir de 1960, les Allemands embauchent les femmes et les hommes, ce qui incite les double-actifs à abandonner leur petite exploitation agricole.
Les tracteurs remplacent les animaux de trait et les voitures entrent dans les familles. Sur les soixante exploitations agricoles en 1948, il n’en reste plus que sept en 2020, dont la plupart sont implantées à
La ferme Jérémy Félix sur le chemin de Brenschelbach
l’extérieur du village ainsi que les deux fermes apicole et arboricole. C’est pourquoi la population est surtout constituée d’artisans ou de salariés.
Les équipements
Au fil des années, la dynamique municipalité d’Ormersviller a doté le village de nombreux équipements.
Elle n’a pas lésiné dans les équipements
en transformant le presbytère en sept logements
en sept logements intergénérationnels, comprenant une salle de rencontres et une antenne paroissiale.
Evolution de la population
A partir de 1990 la population a augmenté. Elle est passée de 307 habitants en 1990 à 390 en 2017, soit une augmentation de 27%. Elle est non seulement due aux différents lotissements, mais surtout à une vie associative très dynamique grâce aux associations: l’Entente sportive Ormersviller-Epping, le club des Aînés, les Amis de la chapelle Saint-Joseph, l’APE et l’Intersociété. Elles organisent tous les ans plusieurs manifestations. De plus, le regroupement pédagogique des écoles élémentaire et maternelle avec Epping permet aux enfants de profiter d’une équipe pédagogique efficace, d’une cantine scolaire et d’un périscolaire.
Comme les équipements du village répondent aux attentes des habitants, la vie communautaire est plus concrète. Grâce aux nombreuses manifestations festives, elle permet aux habitants de se connaître et à lier des amitiés, ce qui contribue au développement et à l’attractivité du village.
Joseph Antoine Sprunck