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Découverte à Ormersviller d’un sanctuaire dédié à Hercule

 A Ormersviller, dans un terrain de la rue de la chapelle qui mène à la chapelle Saint-Joseph, lieu 



Les pierres proviennent de la construction du sanctuaire dédié à Hercule, elles ressemblent à celles  que les Romains employaient

de pèlerinage très fréquenté, un sanctuaire dédié  à Hercule a été découvert par un propriétaire lors de travaux de terrassement.

C’est une découverte fortuite, mais exceptionnelle,  car en France seuls deux autres dédiés à Hercule existent. L’un à Deneuvre  (Meurthe et Moselle) et l’autre à Saint-Rémy de Provence (Bouches du Rhône). La rue de la chapelle est un ancien chemin qui aboutit à la voie romaine que les anciens appelaient « die Koenigstrasse ». Très souvent, les fondations de villas gallo-romaines  sont trouvées lors de travaux. Quatre villas étaient implantées, chaque fois près d’une source à Ormersviller: Steinmaecher,  Langstein (près du virage), An Heiden Brunnen, Hochwald ( près de l’actuel verger du Moulin d’Eschviller). Elles ont été découvertes par André Goret.

  Cette découverte du sanctuaire a été traitée dans deux revues de la Section de Bitche de la Société d’histoire et d’archéologie (SHAL) par Sébastien Schmitt et  ensuite parJeanne-Marie Demarolle, professeur émérite de l’Université de Lorraine.


Une découverte exceptionnelle


Le propriétaire du terrain a arraché en 1997 une haie derrière sa maison, et quelle ne fut pas sa surprise de trouver des fragments  d’une statue en grès de Hercule qu’il déposa dans son jardin d’agrément. 



En 2012, en aménageant un bassin d’eau, il trouve à un mètre de profondeur un vieux mur en pierres calcaires extraites d’une carrière locale. Puis il a pu récupérer de nombreuses tuiles avec les clous, 642 pièces de monnaies romaines, des objets en os ou en bronze, des ex-voto phalliques, des clochettes…







Massue en grès d'Hercule avec noeuds bien visibles


Le propriétaire du terrain, en suivant le conseil de membres de la section de Bitche de la Société d’histoire  et d’archéologie lorraine (SHAL) a remis toutes les trouvailles au Centre archéologique de Bliesbruck, dirigé par Jean-Paul Petit, conservateur en chef du patrimoine départemental. Grâce à lui, l’étude des monnaies et la restauration du mobilier métallique a pu être réalisée par Jeanne-Marie Demarolle, professeur émérite de l’Université de Lorraine, elle  a également fait l’étude des monnaies et du mobilier.


Culte à Hercule


D’après Jeanne-Marie Demarolle, le site dédié à Hercule est cultuel, « son mode d’expression plastique  et cultuel est emprunté à Rome ». Du temps de l’occupation des Romains, Ormersviller était englobé  dans cité des Médiomatriques. «  Les phallus, n’étant   atteints d’aucune pathologie, pourraient marquer l’acquittement d’un voeu.   Les représentations phalliques et les clochettes assurent une connotation religieuse… » La force d’Hercule, « un protecteur puissant est symbolisée par sa massue. »  « La découverte d’Ormersviller n’est pas anodine, car c’est la première représentation d’Hercule retrouvée chez les Médiomatriques et en milieu rural. » Cette trouvaille confirme la romanisation de la région.  Heureusement que le propriétaire des lieux a recueilli  et conservé tous les objets: monnaies, mobiliers, tuiles, pierres.


Un sanctuaire


La présence  d’un fragment de massue d’Hercule,





Monnaie en bronze à l'effigie de l'empereurConstance Chlore, utilisée comme ex-voto

celle des phallus, voire les 642 pièces de monnaies des troisième et quatrième siècle et de quelques clochettes  autoriseraient à penser que l’on venait y faire des voeux.   La force d’Hercule fait de lui « un protecteur puissant, pourvoyeur d’abondance, fonction que symbolise sa massue, indubitablement les représentations phalliques d’Ormersviller, en permettant d’éliminer l’interprétation d’une figure herculéenne purement décorative, donne aux découvertes une connotation religieuse. Il en va de même pour les clochettes sans battant moulées, et à forte raison pour les clochettes miniatures, la miniaturisation apparaissant comme un marqueur cultuel. Les clochettes sont bien attestées pour éloigner la grêle dans les cultes araires, mais aussi plus généralement pour inviter la divinité à prêter une oreille attentive. »





Applique de meuble en bronze représentant Bacchus


Abandon probable au 4 ème siècle


Les monnaies frappées vont « de 260 à 275 et de 294 à 348. Ce  correspond aux périodes d’abandon de Bliesbruck et la villa, dont l’occupation  se réduit dans les années 360 de Reinheim. »  Après quoi « la fréquentation du site se tarit rapidement, aucune monnaie de Valentinien ou de Théodose n’ayant été retrouvée… Le témoignage iconographique d’Ormersviller pourrait prolonger celui de Schwartzenacker ou celui de Niederbronn puisque dans cet espace se dessinent deux « aires herculéennes ». Or « la représentation de la massue avec nodosités en forme de gouttes d’eau est déjà attestée dans la partie orientale de la cité médiomatrique. Incontestablement, les dimensions de la sculpture et la qualité d’exécution signalent un commanditaire aisé, « romanisé », appartenant à l’élite locale… Les représentations phalliques et les clochettes assurent une connotation religieuse… Le rite de l’offrande monétaire est bien connu, mais les monnaies peuvent aussi avoir été utilisées pour payer des frais de culte…La présence d’Hercule  à Ormersviller  confirme. la romanisation des confins médiomatriques »


Souvent, sur les  lieux de cultes païens, s’implantaient ceux des chrétiens. Ce ne fut pas le cas à Ormersviller, car la chapelle Saint-Joseph, construite vers 1890, un haut lieu spirituel du Bitcherland, est distante d’un kilomètre. Les points communs des deux sites, ce sont les ondes telluriques positives, non loin de la voie romaine, par laquelle, les pèlerins  viennent à pied encore aujourd’hui en pèlerinage.


Joseph Antoine Sprunck


Bibliographies: 


- Les ex-voto phalliques et le sanctuaire herculéen d’Ormersviller: des vestiges exceptionnels de Sébastien Schmit

  • Présence d’Hercule à Ormersviller (Moselle)  aux confins orientaux de la cité des médiomatriques: hypothèses de Jeanne Marie Demarolle
  • Les textes entre guillemets sont tirés de l’étude de Jeanne-Marie Demarolle
  • Les lieux des villas situés sur le ban d’Ormersviller ont été repérés par André Goret, ancien pharmacien de Volmunster
  • Crédit photos: Sébastien Schmitt

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