Accéder au contenu principal

Le retour des habitants dans le no man's land du Bitcherland il y a 75 ans

 

 


La destruction de la rue de Hottviller à Weiskirch

Le bâtiment Jordy est resté en place, mais en face tout a été détruit.


L’armée allemande a réalisé en novembre 1940 l’agrandissement du camp de Bitche. Pour cette raison,  elle a exproprié et expulsé dans le Saulnois et la région de Metz tous les habitants de 18




 communes, environ 9 407 personnes.  Ainsi durant toute la guerre, entre Bitche et l’Allemagne c’était un véritable no man's land. Il servait de camp pour les grandes manoeuvres aux militaires allemands Ces villages ont été libérés les 16 et 17 mars 1945 par les Américains. La plupart des villages étaient détruits à plus de 85 %. Le retour de la majorité s’est réalisé en 1946. 


Le retour retardé des habitants


 


L e monument Emile Gentil est resté debout. Lors de la reconstruction, il sera érigé sur l'emplacement de la maison natale détruite.  Le buste a été emmené en 1939 en Charente et ramené en 1946.


Les premiers habitants, dont les maisons étaient habitables sont rentrés après le 8 mai  1945, et les autres ont dû attendre que les entreprises de travaux publics, rasent les maisons détruites avant de monter les baraques canadiennes. Afin d‘accélérer les retours, presque dans chaque village, le service de la reconstruction a  monté des baraquements  prévus pour  trois logements. Il fallait pouvoir loger toutes les familles qui revenaient. 



Les baraquements à Volmunster en 1946


Difficile remise en activité des habitants


C’est ainsi que la plupart des familles ont dû attendre  1946 pour rentrer. Celles restées  en Charente n’ont été autorisées à revenir qu’en mai 1946. Pour revenir habiter au village, après le 8 mai 1945, il fallait avoir l’autorisation du maire nommé par l’administration préfectorale.  Les premières élections municipales ont seulement eu lieu en 1947. Dans les écoles comme dans  les églises les meubles avaient  disparu. Dans les maisons laissées à l’abandon durant toute la guerre, soit tout a été volé, soit tout a été détruit.  A leur retour après la guerre, de très nombreuses familles ont dû habiter dans les baraquements, sans eau courante, ni toilettes et   au début sans électricité. 


Restructuration des villages


Rue de Sarreguemines et la Place de la mairie à Volmunster


Comme de nombreux villages étaient détruits à plus de 85 %, l’Etat a exigé un plan d’urbanisme avant le début de la reconstruction. Grâce à ce plan,  les rues des villages  ont été élargies avec la création d’une place et une nouvelle implantation des maisons. Les fermes ne sont plus mitoyennes pour réduire les  incendies de plusieurs maisons à la fois. Tous les habitants n'ont pas apprécié ce chambardement, qui en réalité  a donné  aux villages un cachet particulier. Volmunster  est devenu  un vrai bourg pôle. Autour de la mairie et de l’église, les commerces  et les services publics ont été implantés, une véritable renaissance.  Une place est réservée pour les activités sportives. La reconstruction se terminera par la construction de l’église paroissiale Saint-Pierre qui sera consacrée en 1960, soit 21 ans après l’évacuation en Charente.


Photos collection personnelle et de 

Germaine Stenger


Joseph Antoine Sprunck

Posts les plus consultés de ce blog

Les épreuves subies pendant et après la guerre de 1939-1945 par une famille lorraine

C’est l’histoire authentique d’une simple famille paysanne du Bitcherland Quand Antoine Sprunck, cultivateur, âgé de 45 ans, père de 5 enfants, habitant d’Ormersviller (Moselle), situé à la frontière sarroise, à 11 km au nord de Bitche, est mobilisé le 23 août 1939 au 23 ème SIM à Dieuze (Sud de la Moselle), il ne se doute pas qu’il ne pourra pas exploiter sa ferme d’une quinzaine de hectares pendant sept ans.      Il quitte Ormersviller avec le “Poschtauto” Jost, prend le train à Bitche, puis à Sarreguemines pour Dieuze, où il reviendra fin 1944 avec sa famille après une longue pérégrination.  Il ne retournera avec sa famille habiter dans son village natal que le 1er avril 1946. Après avoir déménagé huit fois, il n’emménagera qu’en 1954 dans sa maison reconstruite.   Antoine avec ses deux chevaux dans la cour pavée devant l'écurie. Son fils René, âgé de 13 ans, monte un cheval en 1939. La mobilisation En 1939, Antoine est père de cinq enfants, Yvonne 14 ans, René 13 ans, Marie-Thé

Guerre d'Algérie: témoignage d'un ancien appelé du contingent de 1961-1963

En 1962, je ne me promenais pas au Bitcherland, mais j’étais en Algérie avec 400 000 autres appelés pour combattre les Fellaghas et l’OAS. C’était pour le maintien de l’ordre, mais en réalité c’était une guerre qui a duré 8 ans de 1954 à 1962. Le rêve d'une "décolonisation en douceur" Pourtant  Ferhat Abbas voulait une  décolonisation en douceur".  C'est pourquoi il  publie e n 1943,  le " Manifeste du peuple algérien ", qui réclame  l’égalité entre Musulmans et Européens, une réforme agraire, la reconnaissance de la langue arabe et une "République autonome" . Puis il jette l’éponge en 1951.   " Il n’y a plus d’autres solutions que les mitraillettes" , s’attrista-t-il. " Toute sa vie, Abbas aura rêvé d’une décolonisation en douceur" ,     écrit Charles-Robert Ageron dans   Genèse de l’Algérie algérienne  . Le maintien de l'ordre se transforme en guerre  Elle a opposé l'armée française à des insurgés nationalistes al

La riche histoire d'Eschviller contée par Auguste Lauer

Auguste Lauer, membre fondateur de la Société d’histoire et d’archéologie de la section de Bitche, a enseigné en 1936 à Eschviller. Très intéressé par l’histoire locale, il a mené comme son collègue Paul Glad à Bousseviller, des recherches historiques sur Eschviller. Avant guerre, Auguste Lauer et son épouse, née Anne Schwartz, enseignaient dans les deux classes à Eschviller, annexe de Volmunster. Nous avons retrouvé un texte écrit en allemand très intéressant qui est une synthèse de nombreux documents connus en 1936. Il nous apprend mieux ce que les habitants d’Eschviller et de la région ont dû subir sous le joug des seigneurs, à cause des guerres et des invasions. Nous l’avons traduit en français pour vous faciliter la lecture. Les textes en italique ont été rajoutés par le traducteur pour une meilleure compréhension. L’histoire d’Eschviller et de sa région proche 1. L ’ âge de pierre Pour l’instant nous ne connaissons pas grand cho