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Ormersviller, un village frontalier particulier

 

Mieux on connaît son coin de terre, plus on l’aime et mieux se manifeste le lien qui rattache les générations les unes aux autres.

Paul Glath


Ormersviller est situé sur la frontière sarroise dans le pays ouvert du Bitcherland au nord de Bitche. Il est situé dans la canton de Bitche, du département de la Moselle et de la Lorraine. Il fait partie de la communauté de communes du Pays de Bitche et du Parc naturel régional des Vosges du Nord et de la  réserve de biosphère transfrontalière des Vosges du Nord-Pfälzerwald. La commune  a une superficie de 730 ha et compte 385 habitants en 2018.







Du point de vue spirituel, Ormersviller est une annexe de la paroisse de Volmunster jusqu'en 1802. date à laquelle,  elle est érigée en paroisse de l'archiprêtré éponyme. 






La première église d'Ormersviller

Jusqu’en 1956, on voyait encore   le clocher   de l’ancienne église paroissiale romane accolée à la maison d'école, dont il ne subsiste plus aujourd'hui que la trace d’un arc sur le mur du pignon. Alors que l’église a été transformée en école de garçons, il en fut de même pour le presbytère qui deviendra l’école de filles. La nouvelle église a été construite en 1835, faute de finances, le clocher ne sera construit que vers les années 1880.


 Comme  plusieurs silex taillés ont été trouvés au lieu-dit « Steinmächer », c’est une preuve que l’homme fréquentait déjà le pays d’Ormersviller, dès l’Âge de la pierre. Comme de nombreux tumuli se trouvent dans la forêt du Buchebusch, ils appartiennent au monde celtique (entre - 500 et -350).  Pour André Goret, historien local, tout cela laisse supposer, que c’étaient des Celtes,  des Médiomatriques qui vivaient dans des maisons en bois, torchis et toits de chaume, qui ne laissent peu de traces, sauf circonstances exceptionnelles. 


Période romaine


Avec l’arrivée des Romains, les habitants commencent à construire  en dur: des murs en pierre et de toits de tuiles. Quatre villas étaient implantées sur le ban, chaque fois près d’une source à Ormersviller: Steinmaecher,  Langstein (près du virage), Au Heiden Brunnen, Hochwald ( près de l’actuel verger du Moulin d’Eschviller). Elles ont été découvertes par André Goret.


Un sanctuaire dédié à Hercule



De plus en 1997, un sanctuaire dédié  à Hercule a été mis à jour par un propriétaire lors de travaux de terrassement dans la rue de la chapelle. C’est assez exceptionnel, car en France seuls deux autres dédiés à Hercule existent. L’un à Deneuvre  (Meurthe et Moselle) et l’autre à Saint-Rémy de Provence (Bouches du Rhône).


 





La massue d'Hercule


En 2012, en aménageant un bassin d’eau, il trouve à un mètre de profondeur un vieux mur en pierres calcaires extraites d’une carrière locale. Puis il a pu récupérer de nombreuses tuiles avec les clous, 


 




Nummus frappé à Trèves en 302-303, à l'effigie de Constance Chlore.


642 pièces de monnaies romaines, des objets en os ou en bronze, des ex-voto phalliques, des clochettes…D’après Jeanne-Marie Demarolle, le site dédié à Hercule est cultuel, « son mode d’expression plastique  et cultuel est emprunté à Rome ». Du temps de l’occupation des Romains, Ormersviller était englobé  dans cité des Médiomatriques. «  Les phallus, n’étant   atteints d’aucune pathologie, pourraient marquer l’acquittement d’un voeu.   Les représentations phalliques et les clochettes assurent une connotation religieuse… » La force d’Hercule, « un protecteur puissant est symbolisée par sa massue. »  « La découverte d’Ormersviller n’est pas anodine, car c’est la première représentation d’Hercule retrouvée chez les Médiomatriques et en milieu rural. » Cette trouvaille confirme la romanisation de la région.

La rue de la Chapelle est un ancien chemin qui aboutit à la voie romaine que les anciens appelaient « die Koenigstrasse ». Très souvent, les fondations de villas gallo-romaines  sont trouvées lors de travaux. 


Les invasions et la christianisation


Après la période gallo-romaine, cela a été la période des invasions. Cela débuta par les Barbares, les Francs ripuaires qui habitaient la rive gauche du Rhin et la vallée de la Moselle, les Allamans, venus de la Basse-Alsace. Les Francs constituent un peuple germanique, adoptant la culture gallo-romaine et apparaissant sous la forme d'une confédération au moment des grandes invasions. 

La région a probablement était christianisée par Saint Pirmin qui a fondé l’abbaye de Hornbach. Pirmin est un moine d'ascendance visigothe des environs de Narbonne   Il a été influencé par le christianisme irlandais. En 717, il doit fuir les Musulmans, en 724, il fonde l’abbaye de Reichenau en Alsace et beaucoup d’autres, et en 742 il a fondé celle de Hornbach, d’où vont dépendre les paroisses, dont Ormersviller, annexe de Volmunster. 




 

 



Saint Pirmin de l'Abbaye de Murbach

Fief de Léopold


Lors du traité de Verdun en 843, l’empire de Charlemagne est partagée entre ses trois fils.  Le royaume de Lothaire  s’est appelée la Lotharingie qui perdra beaucoup de sa superficie au fil des différentes guerres.  Elle est devenue le duché de Lorraine. Le premier écrit concernant Ormeswilre date du 14 avril 1304.  Dans cet écrit le chevalier Hartmund de Blumenau et son épouse Loreta  cède ses droits à Ormersviller à l’abbaye  de Hornbach. En 1333, Walram de Deux-Ponts rend à son cousin, le seigneur de Bitche, le droit de justice à. Ormersviller. A partir de 1748, Ormersviller fait partie du fief de Volmunster, conféré  à Léopold Bexon, lieutenant-général du bailliage de Sarreguemines.


Recensements  au fil des ans


Lors du recensement de 1600, il y avait 31 feux, soit environ 165 habitants. Ce qui donnait un aperçu de la population dont les familles avaient  beaucoup d’enfants.  Seuls Volmunster et Rimling étaient plus importants. Dans ces 31 foyers, il y avait 57 chevaux, 83 bovins, 145 moutons et 66 porcs.

Hélas avec la guerre de Trente ans 1618-1648, les invasions, la peste la population a été décimée. En effet Charles IV de Lorraine continuait à se battre contre le roi de France. En 1670, il y avait 7 feux , soit environ 35 habitants.  La Lorraine était occupée jusqu’en 1697 par le roi de France Louis XIV.





Carte 1750-1758. On constate qu'il n'y a pas de maisons entre Selven et le village. Cet endroit, les anciens l'appelait la Chaussée.

Lors du recensement en 1703, il y avait  de nouveau 19 feux, soit  95 habitants  et 68 chevaux. En 2018, on comptait 385 habitants.


La famille de Bexon


Georges Gabriel Seeholz, capitaine prévôt, chef de police et gruyer de Sarralbe, est  seigneur de Volmunster et d’Ormersviller. Sa fille épouse  le 2 mai 1735, Leopold de Bexon qui hérite ainsi une bonne partie des charges et titre  du beau-père. Il devient lieutenant-général du baillage d’Allemagne. De ce fait, les membres de la famille s’octroient le  titre de seigneur d’Ormersviller et de Selven. 

Le fils Leopold, né le 12 juin 1736, prêtre séculier est nommé curé de Reinheim, en terre d’Empire, non loin d’Ormersviller, puis à Niederstinzel, près de Fénétrange, il refuse de prêter serment exigé le 21mars 1992, il s’expatrie le 15 septembre 1792. Ses biens sont confisqués et vendus aux enchères.

Son frère Joseph, général de brigade, a été emprisonné dans la même cellule que  Alexandre de Bauharnais durant la terreur, mais sera libéré et réussit à entrer dans le cercle de Joséphine de Bauharnais et grâce  elle à celui de Bonaparte.  C’est pourquoi, Bonaparte, après le coup d’Etat du 18 Brumaire, devient Premier consul, et nomme Joseph de Bexon, préfet du département de  la Sarre. Dans la suite, Napoléon nomme Léopold de Bexon, évêque de Namur. Il est sacré évêque le 30 mai 1802. Hélas, il se heurte avec le préfet. Lors de la visite de Napoléon, Claude Léopold ne mâche pas ses mots. Aussitôt, il est démis de ses fonctions l5 septembre 1803 Il se retire alors au Ban Saint Martin, et décède le 10 août 1807, à l’âge de 71 ans.


Les registres


A l’origine, Ormersviller est une annexe de la paroisse de Volmunster, comme Eschviller, Epping, Urbach, Nousseviller, Dollenbach, Weiskirch. En 1790, le village devient une commune et en 1802 une paroisse. Ainsi les naissances seront d’abord uniquement inscrites sur les registre paroissiaux de Volmunster et à partir de 1790 dans le registre d’état civil de la mairie. Le premier curé sera Nicolas Gärtner à partir de 1806.

Par contre, beaucoup de prêtres se feront  établir un passeport en 1792 pour passer la frontière.


L’histoire de notre frontière


Le 7 septembre 1781 une convention est signée au château de Blieskastel  pour inclure Altheim, Neualtheim, Niedergailbach et Uttweiller  ainsi que d’autres exclaves à la maison de Leyen de Blieskastel.  La Sarre a été rattachée à la France en 1793.  

Lors du deuxième traité de Paris, le 20 novembre 1815 après la défaite d Napoléon à Waterloo, la France est ramenée à ses frontières de 1790 : elle perd les conquêtes territoriales des armées révolutionnaires en 1790-92 que le traité précédent permettait à la France de garder.  Pour la première fois depuis 880, un Traité de paix fixe la frontière impériale germanique à l’est de la Meuse.



Une borne frontière de 1826


En 1826 de nouvelles bornes frontières ont été implantées. Elles resteront en place, bien qu’après le traité de Francfort du 10 mai 1871,






la Moselle ainsi que  l’Alsace ont été annexées à l’Allemagne jusqu’au traité de Versailles du  28 juin 1919. 


Le village sous la domination allemande


L’annexion du pays par l’Allemagne n’avait pas été appréciée. Ce sont surtout les jeunes gens qui ne voulaient pas faire le service militaire chez les Prussiens. On avait le choix de partir en France ou émigrer en Algérie ou en  Amérique. Ce sont surtout des jeunes gens ou des jeunes couples qui quitteront le village pour rejoindre l’Amérique. Gaspard Andrès est l'un des ces émigrés.


Gaspard Andrès émigre en Amérique


Gaspard (Casper) Andrès (fils de Vincent Andrès (1797-1872 – Ormersviller) et de Anne-Marie Andrès Né le 3 janvier 1835 à Ormersviller

Décédé le 2 septembre 1907 à Grand Haven (Michigan)

Marié à Christine Faber, née en 1835

Gaspard était un cousin à la grand-mère maternelle Monique  de l'auteur. Elle  était domiciliée à la Ochsenmuhl à partir de 1914.





Christine et Gaspard Andrès


Gaspard émigre aux États-Unis le 1er avril 1874 avec son épouse Christine Faber et leurs 5 enfants survivants (Catherine, Anne, Anne-Marie, Jean-Pierre, Pierre.

Andres Gaspard (Casper) et son épouse Christine Faber

Le motif déclaré est la guerre perpétuelle entre l’Allemagne et la France pour la possession de l’Alsace et la Lorraine. Après six semaines de voyage maritime durant lequel le mât de son navire est brisé lors d’une tempête, il arrive finalement à New-York. Il va rejoindre son oncle Jean Henry Andrès (frère de son père Vincent qui est arrivé en Amérique en 1864)

Le couple achète une ferme de 60 acres, soit 24, 28 hectares à Belding (Michigan) . Agé de 78 ans, il meurt noyé à Grand Haven (Michigan) dans la rivière Grand River, alors qu’il était en route vers Milwaukee dans le Wisconsin, (de l’autre côté du lac Michigan) où il allait rendre visite à des   cousins. On suppose qu’il est tombé dans la rivière alors qu’il se promenait sur les quais, à l’embouchure de la rivière dans le lac Michigan.

Christine Faber (son épouse)

Née le 3 août 1835 à Riesweiler (Allemagne)

10 enfants, dont 5 survivants

Leur voyage était facilité grâce des agents. Leur  motif déclaré est la guerre perpétuelle entre l’Allemagne et la France pour la possession de l’Alsace et la Lorraine.  Ce qui  incitait  certains  à partir, c’est le manque de terre ou de travail.


Ouverture des mines


Puis vers 1880, les mines  de houille de la Sarre et de la Moselle, les mines de fer de la famille de Wendel, les aciéries de Thionville qui réclament des bras vigoureux. Ainsi les uns restent au village pour cultiver la terre, et les autres vont là où il y a du travail.  Après 1901, certains vont travailler au camp de Bitche, d’autres  y sont allés pour vendre leurs produits agricoles. Pendant, cette période, la frontière allemande était ouverte. Les relations entre les habitants   des villages frontaliers étaient correctes  et les resteront malgré les deux guerres mondiales. En juin 1940, la Moselle et l’Alsace seront à nouveau annexées de fait jusqu’en 1945, et pendant cette période les  villages au Nord de Bitche ne sont pas habités.


L’évacuation en1939


La plus grande épreuve que les habitants d’Ormersviller et d’autres villages du Bitcherland ont vécu sera la  deuxième guerre mondiale. Chaque famille va vivre des épreuves différentes.

Le 23 août 1939, c’est  mobilisation des réservistes

Le 1er septembre 1939, à 5 h 45, on se bat sur le front, l’Allemagne envahit la Pologne.

Le 1er septembre 1939 à 14 h, les gendarmes informent le maire Michel Meyer  que la population  devait être évacuée. Ce sera l’instituteur et secrétaire de mairie   M. Behr qui proclamera la nouvelle. L’appariteur Jean Schoendorf, sonne alors le tocsin et annonce dans tout le village la triste nouvelle que tout le monde redoutait. Elle tombe comme un couperet. 

Toute la population  avait été informée de cette éventuelle évacuation dès le 25 août, la plupart avait préparé les valises, voire des sacs. Chacun avait droit à 30 kg par personne. 





Un chariot  rempli de bagages

On a mis bien plus sur les chariots, attelés de chevaux, de boeufs ou de vaches. Chacun  emmène également ses papiers, le livret de famille, les actes notariés et les rares photos. Les lapins, les poules , les porcs, les chiens et le chats sont laissés en liberté.


Le départ pour l’inconnue


Vers 16 h, la caravane se met en route pour Volmunster, Weiskirch, Lambach, Enchenberg, Montbronn, Lorentzen   où est la première halte, un violent orage  y éclate durant la nuit. Puis en arrivant à Hirschland, tout le monde veut s’abriter dans une grange. Certains propriétaires rechignent. Pierre Kuhn enfonce une porte de grange avec le timon du chariot. Le lendemain, ils arrivent à Langatte où ils passent également une nuit. Arrivés à Rhodes, ils laissent tous les chariots, les chevaux  et les vaches dans un grand parc. Ils ont seulement le droit d’emporter ce qu’ils peuvent porter. Tout le surplus est déposé  à la mairie.


Départ en train


Le mardi 5 septembre à 14 h, ils prennent le train à Azoudange. Pour partir où? Personne ne le sait.  Plusieurs génisses ont été abattues à Rhodes, et la viande  a été distribuée aux habitants. Le bétail a été remis à l’Etat contre un récépissé. Le voyage se 








fera en wagons à bestiaux avec 40 personnes par wagon. On s’installe, comme on peut.
  Sur les visages des personnes âgées se devinent l’angoisse et les soucis qui les rongent. Certaines doivent être assistées à tout moment, ne pouvant accomplir seules les gestes élémentaires de la vie. Quelle incertitude pour tous, être obligé de quitter son village natal! Ne plus avoir de chez soi.

Le voyage en train


Le mardi 5 septembre à 14 h, les 1400 habitants de Bliesbruck, Erching-Guiderkirch, Obergailbach et Ormersviller ont pris ensemble le train à Azoudange. Il a pris la direction du sud-ouest en passant par Bourges. Dans le train plus d’une maman s’interroge: « Où trouver la nourriture pour la famille, le lait pour le biberon de bébé? Où est mon mari mobilisé qui est absent? Dans une situation pareille ,c’est l’homme qui assure la sécurité de la famille.» Le voyage a été interminable pour différentes raisons: personne ne connaît la destination, les longs arrêts en rase campagne, on ne voit pas dehors. C’est l’angoisse de l’inconnu, et en plus la promiscuité et l’inconfort dans les wagons à bestiaux. Le ravitaillement en eau et en lait pour les biberons laissait souvent à désirer, car en gare on ignorait  parfois la provenance des trains et leur destination.  Les conditions de voyage ont été réellement difficiles pour tous.

Arrivée en Charente

Ils débarquent à Chazelles (Charente) le 8 septembre, les familles, sont réparties dans différentes fermes et dans un moulin où 50 personnes sont abritées. Après trois jours, ils ont repris le train et sont logés au Château de La Rochefoucauld. Tout le monde y passe encore six jours dans les dépendances agricoles du château. 





Photo Charente libre
Joseph Antoine Sprunck,  devant la maison  où ses parents ont habitéentouré à gauche de Robert Andrès, dont le père est originaire d'Ormersviller et de Jean-Pierre Guillou, adjoint au maire de Brie le 16 mars 2018

Puis les paysans de Brie viennent seulement les chercher le 17 septembre avec les tombereaux. Les réfugiés sont répartis dans les différents hameaux de Brie. En 1939, Brie a compté  1000 habitants et a accueilli environ 500 réfugiés d’Ormersviller (208 adultes et 78 enfants)  d’Obergailbach. En somme, le voyage des réfugiés d’Ormersviller a duré 17 jours.



La famille   Hubert Sprunck devant la mairie,  en pèlerinage à Brie dans  les années 2000

La déception


Les réfugiés sont déçus par les possibilités d’hébergement insuffisantes en nombre et médiocres en qualité. Ainsi chaque évacué est contraint de commencer une nouvelle vie, avec un nouvel entourage inconnu, aux coutumes différentes. En Moselle, dans toutes les maisons, on trouvait une cuisinière à bois et à charbon. Par contre en Charente cela a été le chaudron dans l’âtre de la cheminée où les repas ont été préparés. C’est 


Photo AHK
Le

Charenter Ewel

pourquoi, beaucoup ont acheté le poêle charentais (le Charenter Evel) qui a servi normalement pour chauffer la lessive en Charente. L’Etat en a aussi distribué 800. De plus, dans certains villages, on ne connaissait pas la cabane dans le jardin qui servait de toilette sèche en Lorraine. Avec le temps, le gouvernement, les autorités départementales et locales et les œuvres de bienfaisance ont réussi à améliorer tant soit peu les conditions d'hygiène et de confort des évacués, soit en faisant réparer les immeubles, soit en fournissant des lits et des poêles de tranchée, soit en donnant les allocations de réfugiés.

Les allocations des réfugiés

Des allocations étaient versées aux adultes non salariés (10 F par jour) plus 6 F par enfant à charge. Elles devaient couvrir les coûts de logement, de nourriture, d’habillement, etc…Quelques prix de l’époque: 1 kg de pain a couté 3 F. , 1 kg de pommes de terre   1,50 F., 1 litre de lait  2 F., 1 kg de viande de bœuf, 13 F., 1 litre de vin rouge   2 F. L'allocation n’a été supprimée que si le salaire dépassait le montant majoré de 25 %. Cette allocation ne leur a permis  de vivre chichement, car il faut déjà 8,50 F par personne par jour pour la nourriture. Au début, ce qui a rendu le réfugié mal à l’aise, c’est l’oisiveté dans laquelle, il s’est retrouvé malgré lui. Habitué au dur labeur, il ne pourra s’empêcher de chercher du travail, ne serait-ce pour remplir, comme il se doit, le rôle de chef de famille qui subvient au besoin de ses enfants. L’intégration dans le monde du travail s’est fait assez rapidement dans cette contrée vinicole, car le Bitcherlandais est travailleur, ne reculant devant aucune tâche. Très vite des hommes et des femmes ont trouvé une occupation dans les fermes. Mais à partir du mois de novembre, beaucoup sont allés travailler à Ruelle. Ils y ont posé la canalisation d’eau courante, d’autres sont




embauchés dans les «
Fonderies nationales de la Marine » de Ruelle. 

Rapports humains 

Ne pouvant pas bien communiquer avec leurs hôtes, beaucoup de disputes ont éclaté par manque de dialogue, dues à l’incompréhension des langues. Il arrive que les enfants des évacués se font traiter de « sale boche » ou de petit « réfugiat ». Il faut l’intervention du gouvernement français, le 17 septembre 1939 pour mettre les choses au point. Il rappelle que les Alsaciens-Lorrains sont des dialectophones et font partie de la communauté nationale. Les Charentais sont méfiants de ces gens qui parlent la langue de l’ennemi. C’est pour cette raison que le prix du lait est supérieur pour les réfugiés à celui des Charentais chez certains paysans. Ils ne seront convaincus de la nationalité des évacués que le jour où les permissionnaires mosellans sont venus dans la tenue militaire française.

Le retour des évacués 

L'article 16 de la convention d’armistice, signée le 22 juin 1940 à Rethondes impose au gouvernement Pétain de procéder au « rapatriement de la population dans les territoires occupés ». Le 25 juin 1940, les Allemands arrivent à Brie.  Le 9 septembre, les Allemands demandent aux Ormersvillérois de rentrer dans leur village en Moselle. Comme la guerre n’est pas terminée, chacun s’est posé la question, quelle est la meilleure solution, rester jusqu’à la fin de la guerre ou rentrer. Dans l’ensemble, ils ont décidé de rentrer au Bitcherland. Une seule  famille a décidé de rester. Beaucoup de familles lorraines et charentaises ont sympathisé et continueront à s’écrire voire se rendre visite. 

La tromperie

Au retour, le train est passé par  à Saint- Dizier où les papiers d’identité ont été contrôlés. On leur demande de signer pour entrer dans la « Deutsche Volkgemeinschaft » Nos évacués veulent rentrer à la maison et signent. La plupart ont vécu durant l’annexion avant la première guerre mondiale. Arrivés à Sarrebourg, on leur demande descendre, et tout le monde est transféré à l’asile de Lorquin.  Ils auront droit à y manger beaucoup de semoule. Ils veulent revenir à leur village, quelques uns  y retournent à bicyclette. Ce n’est pas catastrophique, on peut habiter les maisons. Nombreux sont-ils à y retourner et découvrent l’intérieur de leur maison dans un triste état. On nettoie et on répare. Hélas, le 29 novembre 1940, les militaires allemands leur demandent  de faire leur valise pour aller dans des maisons meublées dans le Saulnois. Ormersviller 




Panneau et les villages inclus dans le camp

est inclus dans le  grand camp militaire de Bitche interdit aux civils.  C’est ainsi qu’ils vont remplacer dans les fermes les Mosellans francophones expulsés dans 




Joseph Antoine Sprunck a 5 ans en 1944 à Manhoué, il est au jardin avce son frère René

le Sud de la France. Ce seront des colons qu’on appelait «Siedler » 

La ferme d’Etat d’Ormersviller

Au printemps 1941, les Allemands décident d’exploiter les terres à Ormersviller. On fait appel à des familles mosellanes: deux familles du village,  et deux autres d’Epping auront le droit d’habiter Ormersviller, où est créée une ferme d’Etat, gérée par un ingénieur agronome. Le gérant s’installe dans la maison de Albert Vogel, en face du stade actuel. La famille Georges Vogel a le droit de retourner dans sa maison, ainsi que Jacques Schwalbach qui a habité dans la maison de Nicolas Gross. Jean Nicolas Bruhl  avec ses sept enfants a logé dans la maison de Albert Neu. Dans les maisons de Gérard Andrès et Robert Gaspard ont habité des familles polonaises et ukrainiennes. Tous habitent à Selven.  Les Mosellans ont encadré les 50  prisonniers russes qui logent dans l’école de garçons et les gardiens à l’école de filles.  17 autres communes du Bitcherland sont également vidées de leurs habitants. Le ravitaillement se fait à Brenschelbach.


La moisson à Ormersviller en août 1943



La ferme a travaillé avec 30 chevaux, 4  boeufs et 4 tracteurs Lanz. Un militaire a été responsable de l’alimentation et de la santé du bétail. En cas de maladie, on a fait appel au vétérinaire de Bitche, le Dr Martzloff. De cette grande ferme d’Etat dépendent quatre bergers, dont l’un avait sa bergerie dans   la ferme d’Antoine Sprunck. Les trois autres  logeaient dans les villages  situés au bord du camp. Chacun avait environ 1 000 moutons. Dans cette ferme d’Etat, on a cultivé des céréales, du colza, du chanvre, du pavot, du lin, du pissenlit, des haricots, des choux et de la menthe .

Les malgré-nous


A partir de 1942, chaque jeune homme et jeune fille étaient obligés d'effectuer un service de travail (RAD) de six mois qui précédait le service militaire. Les jeunes  garçons seront incorporés de force. 



 
Trois jeunes Malgré nous de 17 ans durant leurs classes, René Sprunck d'Ormersviller à droite.


Par ordonnance du 19 août 1942, les jeunes Mosellans ont été contraints d'effectuer leur service militaire dans l'armée allemande.  La désertion   entraînait la confiscation de l’ensemble des biens des évadés et la déportation de leur famille, alors certains  ont pris le train, mais l’ont quitté en rase campagne et se sont cachés ou ont passé la frontière pour rejoindre les FFI. Cette répression a incité la plupart des « Malgré-nous » à se résigner et répondre à l’ordre d’appel.  La plupart d’entre eux ont été affectés dans la Wehrmacht, mais certains de grande taille ont été versées d'autorité dans la Waffen-SS dont les divisions comptaient de nombreuses pertes lors des combats..


Déportés


Joseph Schaff, né le 20 avril 1901, passeur,






incarcéré au fort de Queuleu, puis dans les camps de concentration du Struthof, Dachau et Allach

Alphonse Vogel, né le 30 août 1915 insoumis, incarcéré et mort en Allemagne en 1944.

Ernest Jacques Vogel, né le 22 décembre 1917, insoumis, résistant, maquis de Charente, mort au camp de concentration de Flossenbürg de Hersbruck 


Insoumis résistants:


Théophile Klein, 1924, insoumis, a rejoint De Lattre de Tassigny

Pierre Sprunck, 1923, malgré-nous, évadé, a rejoint les Américains


Insoumis réfractaires:


Jean-Pierre Fischer, 1914, caché à Kerprich-lès-Dieuze

Raymond Gross, 1927, caché à Sarreguemines

Jules Klein, 1923, caché à Soucht

Gérard Meyer, 1926, caché à Lorquin, puis à Meisenthal

Nicolas Schwab, 1921, caché en forêt de Soucht

Alphonse Scheid, 1921, caché à Soucht

Auguste Sprunck, 1923, caché à Rimling, meurt le 23 janvier dans la clandestinité

Alphonse Sprunck, 1921, caché à Rimling, puis les Américains l’envoient dans le camp de La Flèche

Emile Vogel, 1915, caché à Meisenthal


Seize Malgré-Nous morts au combat sur le front de l’Est


Nicolas Becker, 1918 mort le 25 février 1944 à Witebsk

Emile Faber, 1914, mort le 16 avril 1944 près de Golatz (Roumanie)

Alphonse Fischer, 1916, mort le 1er février 1945 près de Elbing (Prusse orientale).Sa veuve n’aura l’avis de décès qu’en avril 1953. Il a été ramassé par le GI’s Fred Polifka. Pendant les combats 1939-1940, il était caporal dans l’armée française et grâce à son courage il a obtenu trois citations. Ses deux jeunes frères Joseph et Eugène tomberont également

Joseph Fischer, 1921, mort le 1er avril 1944 au Front de l’Est

Eugène Fischer, 1925, mort le 15 juillet 1944 à Pustomyty  (front de l’Est). Il a été fusillé, car il s’est endormi à son poste de garde, alors qu’il était au bout de ses forces. 

Victor Gross, 1915, mort en août 1944 en Hongrie

Alphonse Gross, 1919, mort en juin 1944 au front de l’Est

François Gross, 1920, mort le 18 janvier 1945 en captivité à Tambow (Russie) 

Rémy Gross, 1924, mort le 30 juillet 1943 à Catesunova (Italie

Victor, Alphonse, François et Rémy Fischer étaient quatre frères.

Léon Klein, 1921, mort le 2 novembre1943 à Neuvel (Russie)

Charles Leiser, 1917, mort le 26 juin 1944 en RussieA

Albert Meyer, 1923, mort le 6 janvier1944 à Nikochovo (Russie)

Lucien Sprunck, 1921, meurt en 1945 dans le train à Francfort en revenant de captivité

Rémy Sprunck, 1922, meurt le 22 août 1943 à Sémanowsky (Russie)

Joseph Weinert, 1921, mort en janvier 1945 sur le front russe


Des incorporés de force revenus de captivité entre juin et octobre 1945


Auguste Andrès, 1921, blessé, un bras arraché.

Gustave Andrès, 1921

Rémy Andrès, 1925 

Joseph Barth, 1925

Aloyse Beckerich, 1918

Joseph Beckerich, 1914

Alphonse Faber, 1916

Joseph Klein, 1925

Victor Klein, 1926

Georges Meyer, 1924

René Meyer, 1925

René Sprunck, 1926

Gustave Vogel, 1922

René Vogel, 1926, 

Lucien Vogel,1926, 

Edmond Vogel, 1920

Robert Vogel, 1918


Sur 33 incorporés de force,  16 sont morts au combat. Sur les 9  insoumis, un seul est mort par manque de soins.


Creuseur de tranchée


Joseph Becker, 1924

Alfred Meyer, 1927,

Joseph Meyer, 1927, meurt le 17 septembre 1944, suite à une pneumonie contractée lors des creusements de tranchées


Victime civile


Joseph Vogt, né le 27 septembre 1895, décédé à Kerprich-lès-Dieuze, le 15 novembre 1944, par suite d’une blessure mortelle provoquée par un éclat d’obus alors qu’il était à la porte de la grange. Joseph Vogt était un homme courageux, mais le 15 novembre 1944,   il est inquiet par les combats, car  14 insoumis sont cachés dans son fenil depuis le 1er septembre 1944. Le 18 novembre Kerprich est libéré, les Américains enferment toute la population dans l’église, et les hommes  dans le sous-sol des Salines de Dieuze. Le 19 ils libèrent toute la population et le 20  Joséphine Vogt avec ses deux enfants et deux insoumis, Jean-Pierre-Fischer et Rodolphe Mallick de Spicheren retournent à Ormersviller. Elle est accueillie par la famille Georges Vogel qui a pu rester au village pour commander les prisonniers russe  dans les travaux des champs. Les Allemands restés sur place lui ordonnent de repartir.  Elle trouve un gîte à Rimling où elle reste jusqu’à Noël. Hélas la maison s’effondre sous les bombes, alors qu’elle est dans la cave. Alors elle décide de rejoindre Meisenthal où habite Victor Klein. Hélas, le Bitcherland n’est pas encore libéré. Les Américains l’arrêtent et la ramènent au point de départ à Kerprich le 26 janvier 1945. Hélas, son logement est occupé, Nicolas Gross, son voisin à Ormersviller lui cède deux chambres. Elle attend le retour de captivité de Robert Gaspard, le fiancé de sa fille Marie. En juillet, Robert va à Ormersviller et aménage trois chambres dans leur maison, en partie détruite. Puis toute la famille revient   ensuite à Ormersviller. La mariage de Marie Vogt et de Robert Gaspard sera  célébré le 24 novembre 1945 par le maire nommé par le Sous-préfet, Gérard Andrès. Ce sera le premier acte d’état civil à la mairie d'Ormersviller depuis 1939. Le mariage religieux sera célébré par l’abbé Jean-Pierre Karp dans la salle de classe de l’école de garçons, qui fait office d’oratoire. 


Ouverture de l’école


La loi du 29 février 1816 oblige les communes à ouvrir une école. Les maîtres doivent présenter un brevet. Le préfet de la Moselle les nommait et le Directeur du Collège de Sarreguemines  leur accordait l’autorisation d’exercer et le  curé  les contrôlait. L’école se tient au chef lieu de la paroisse. Elle est ouverte du 5 novembre au 25 mars. On enseigne l’allemand. Le maître fait également office de chantre à l’église. Ils devaient également apprendre à lire le français.

En 1827, Pierre Lauer était maître d’école à Ormersviller. Il ne maîtrisait pas le français. La loi Guizot de 1833 obligeait  les communes de plus de 500 habitants à ouvrir une école. En 1835, avec l’ouverture de la nouvelle église, l’ancienne sera transformée en école de garçons.


Ouverture de l’école des filles




Le premier presbytère est transformé en école des filles

L’école de filles sera ouverte avec la loi Guizot de 1850. Celle  d’Ormersviller a ouvert en 1866 avec l’arrivée de Soeur Juliette Grau. Après l’annexion de la Moselle, l’enseignement se fera uniquement en allemand, en 1918 en français, en 1940 en allemand et retour en français en 1946. L’école a ouvert  début 1946, mais les deux maîtresses  n’ont pas longtemps enseigné. 










Sur le pignon de l'école de garçons on voit encore la trace  du clocher 

L’école était au premier étage dans la plus grande chambre, pauvrement meublé. Ce sera seulement le 1er octobre 1946, avec la nomination de Joseph Weissend de Bliesbruck dans la salle de l’école de filles. Les bancs avec six places étaient fabriquées par Joseph Schaff, charron, avec les planches du plancher provenant des maisons rasées. C’était une classe unique mixte avec une quarantaine d’élèves.  Pour commencer il n’y avait qu’un livre de lecture, le Dumas C’était très difficile pour les enseignants, car plus de la moitié des élèves avaient fréquenté l’école allemande de 1940 à 1945. Alors qu'en 1946, l'école n'avait pas de cour, les récréations se passaient dans la rue de Selven jusque dans les années 1955. Actuellement, les élèves  fréquentent le regroupement pédagogique dispersé Epping-Volmunster.


Le retour au village


Ce ne sont que le retour au pays natal  et l’amour de la terre qui a incité la plupart des familles à revenir dans ce village en ruines et sans électricité. Les unes dans des maisons délabrées, les autres dans des baraquements. A leur retour, personne n’a pleuré de joie, mais beaucoup n’ont pu retenir leurs larmes à cause d’un ressentiment d’injustice. Pourquoi avoir été évacué,  puis expulsé et exproprié, pour devenir un réfugié sinistré. Pourquoi mes fils ont été incorporés de force et ne sont plus revenus, Pourquoi?


La renaissance


Alors que les adultes, revenus avec quelques pauvres meubles de la Croix rouge ou du Secours national, entre le 8 mai 1945 et 1947 avec leurs valises, ont  dû être courageux pour recommencer à zéro. Cela ne s’est pas fait sans peine et très lentement. On voyait la différence des outils et des machines, des vêtements des paysans habitant dans les villages non expulsés. Certains paysans ds villages  non expulsés venaient chercher le foin dans les granges  des maisons inoccupées. Ils en profitaient pour emmener des meubles et des machines appartenant aux expulsés. 


Les enfants n'étaient pas gâtés


A cette époque, les enfants ne jouaient pas avec un ballon, mais à cache cache, aux gendarmes et voleurs, car les jouets étaient chers et superflus. Chaque famille devait recommencer à zéro. Les écoliers n’avaient pas de cour, mais la rue pour jouer. L’instituteur a acheté le premier ballon en 1949 et a abonné l’école à Spirou. Cela été un événement à cette époque. L’instituteur préparait les élèves pour le certificat d’études à 14 ans. Très peu ont fait des études secondaires. Deux filles sont entrées au couvent de Peltre pour devenir soeur enseignante, quelques   garçons ont commencé des études secondaires, l’un au lycée de Sarreguemines, car il avait la possibilité de loger chez sa tante, quatre autres sont allés en pension dans des collèges privés, seuls quatre ont continué leurs études secondaires jusqu’au baccalauréat.  Ce sera seulement dans les années 1960 que le collège Teyssier de Bitche a accueilli les élèves  jusqu’en troisième à condition de réussir l’examen d’entrée en sixième. Certains continuaient au Lycée Saint Augustin de Bitche.  Le Lycée Teyssier de Bitche a seulement ouvert  dans les années 1980.


La reconstruction 


Pour la reconstruction, un plan d’urbanisme est rapidement adopté par le conseil municipal. Grâce à cette décision, les rues sont élargies, 

  





L'église avec un nouveau clocher  et la  place de l'Eglise


la place de l’Eglise est créée, l’adduction d’eau potable est réalisée, les fontaines du centre village sont supprimées et les maisons reconstruites ne sont plus mitoyennes. C’est pourquoi le village est très aéré. L’extension du village se fera dans la rue d’Epping. 








Le choeur de l'église de l'Exaltation  de la Sainte

Croix


L’église paroissiale a été rénovée et dotée de nouvelles cloches entre 1953 et 1962. En 1968, elle a été fermée suite à des malfaçons de la toiture. Suite à d'importants travaux de toiture, l'église a pu être rouverte à la Toussaint 1983. et d’une décoration artistique de la nef, réalisée par l’association de peintres artistes CADRE.

La reconstruction du village se terminera en 1962 par la chapelle Saint-Joseph, où l’amitié franco-allemande s’affiche. Elle est fréquentée par de nombreux pèlerins et touriste

 





La chapelle Saint-Joseph

La décoration artistique de l'église d'Ormersviller

 C’est à la demande de l’abbé Gérard Henner, curé de la paroisse, en accord avec le Conseil de Fabrique que des membres de l’association C.A.D.R.E. (Carrefour Artistique De Rencontre) posent en 1995 des décorations en l’église paroissiale d’Ormersviller, dédiée à l’Exaltation de la Sainte Croix.  Cette  association regroupe des artistes amis du Bitcherland, pour qui l’art est un lieu de rencontre et de partage entre les hommes. La rencontre est faite d’une présence d’un autre au carrefour d’une vie.
Tout d’abord,  nos artistes ont cherché pendant plusieurs mois les motifs et les sujets qui pourraient orner d’une façon originale et parlante.  Il est vrai qu’on ne décore pas une église comme un restaurant, un sapin de Noël ou un décor de théâtre.  A la fin des travaux de décorations, nous avons rencontré Gérard Houver de Lemberg, un des piliers de l’association afin qu’il nous explique ce travail. Quand on travaille dans un lieu de prière et de recueillement, on doit “avoir le sentiment d’être au service du Seigneur et des frères. Ce que nous faisons, n’est ni un décor, ni une catéchèse, mais la création d’un espace contemplatif, un espace de silence et de vie intérieure 
 


Sur le vitrail assorti aux mosaïques, on lira le symbole des mains qui se tendent en signe de réconciliation ou les mains des époux qui se rejoignent en signe d'alliance.
Sur le bandeau, c'est le village. avec la terre où des gens ont connu des moments tragique dans lequel les peintures et sculptures ne sont que des présences silencieuses.” nous explique Gérard Houver, un artiste membre de CADRE, décédé le 24 juin 2014. Quand un paroissien entre à l’église il remarque de suite les peintures et les sculptures. Par contre, “si d’aventure quelqu'un venait prier dans cette église sans remarquer notre travail, nous serions très heureux parce que nos peintures et sculptures  auraient passé tellement inaperçues parce qu’elles faisaient vraiment partie du temple qu’est l’église” poursuit Gérard Houver.

 Il sort de Dachau

Dans le chœur, les artistes ont réalisé un Christ en tasseaux de bois peints  en noir à l’exception” des plaies qui sont dorées pour rendre hommage à la Croix glorieuse à laquelle cette église est dédiée. Une paroissienne a trouvé  que ce




Le Christ avec sa mère Marie et l'apôtre Jean

 “Christ sortait de Dachau. Cette  dame a tout compris. La gloire de Dieu est imprégnée  de la souffrance des hommes, l’une ne va pas sans l’autre. 
Marie, la mère de Jésus et l’apôtre Jean  seront au Golgotha au pied de la croix, sculptées dans un tronc de Douglas, “ sculptés dans leur humilité, c’est à dire dans leur proximité avec l’humus  avec notre terre, notre sol.” 
Le monde angélique  est très présent  par quatre sculptures  fixées aux quatre piliers en bois. La réalisation de six “grandes mosaïques vient compléter ce travail. Les frises en relief vivent de la vie du village, de son histoire douloureuse et de sa paix, elles accompagnent la vie religieuse et les grandes étapes de la vie chrétienne comme le baptême et la venue de l’Esprit Saint de Dieu. Tout le travail se fait en amitié et il est dédié à l’amitié entre les hommes.Il est de surcroit réalisé gracieusement” a conclu Gérard Houver

Evolution de l'agriculture de 1945 à 2 010

En 1945/1946, les habitants d’Ormersviller reviennent de leur évacuation en Charente de 1939 à 1940 et leur expulsion de 1940 à 1945 dans le Saulnois, le retour s’effectue au fur et à mesure que les baraquements  sont montés et que les maisons non détruites soient hors d’eau. La reconstruction ne se terminera qu’en 1960.

L’Etat leur remet une partie  des chevaux et des vaches que les Allemands avaient emmenés en septembre 1944 ainsi que des machines agricoles.

Toutes les familles recommencent à zéro. A part l’épicier, les  60 familles ont du bétail en fonction de la surface qu’ils exploitent. Certains auront un ou deux chevaux et entre 5 à 8 vaches, 5 à 6 porcs, des lapins, des poules, des canards et des oies. Chacun aura un grand potager et de nombreux  arbres fruitiers. Ceux qui ont deux chevaux  cultivent entre 16 à 20 ha

 Les doubles actifs (les maçons et les mineurs HBL) n’ont qu’un cheval et trois à quatre vaches, ou seulement deux à quatre vaches.

Pratiquement toutes les familles vivent en autarcie On n’achète que l’indispensable.

Le grand changement débute en 1960 où la reconstruction se termine, et c’est la date à partir de laquelle les usines allemandes   recrutent du personnel et mettent en place un service d’autocars. Les femmes vont travailler dans les usines à chaussures et les hommes dans les usines métalliques.

C’est aussi à partir de cette date  que les petites exploitations agricoles des doubles actifs disparaissent. Les terrains agricoles sont repris par les grands exploitants et avec la mise en place  du remembrement à partir des années 2000. Les nouvelles  fermes sont construite à plus de 300 m



La ferme de Jérémy Felix


 du village Certains terrains sont actuellement exploités par  des exploitants n’habitant pas le village. 

En 2023, il reste encore 6 fermes dont une famille d’arboriculteurs et une miellerie.   


Les moyens de locomotion


En 1946, il n’y avait aucune voiture automobile au village, mais des bicyclettes. En 1959, il n’y avait que cinq voitures, et aucun tracteur, mais près de 70 chevaux. En 1946, pour aller à Sarreguemines ou à Bitche, ce sont des camions bâchés avec des bancs qui assuraient le transport. Très vite, ils seront remplacés par des autobus. Tous les matins, midis et soirs les transports Jost et Meyer assuraient le transport à partir de Volmunster.  Vers 1948, un autobus passait à Ormersviller les mardis et vendredis matin pour Sarreguemines. Pour rejoindre la mine, les mineurs du village prenaient matin, midi et soir le bus à Epping. Ils s’y rendaient à bicyclette. A partir de 1960,  des bus allemands venaient chercher les ouvriers et les ouvrières au village.  Avec l’arrivée des voitures dans chaque famille vers les années 1970, les lignes de transports ont été supprimées. Ce sont les cars scolaires qui transportent encore les élèves pour les lycées de Bitche et de Sarreguemines. Afin de supprimer les classes uniques, les écoles d’Ormersviller sont regroupées avec celles d’Epping. En 2021, pratiquement tous les adultes ont le permis de conduire et dans chaque maison, il y a au moins une voiture.


Les activités agricoles


En 1960, les hommes étaient agriculteurs, maçons, mineurs. C’est aussi l’année où les entreprises allemandes commencent à embaucher des hommes et des femmes. Alors  que les femmes vont travailler dans les fabriques de chaussures, les hommes  se font embaucher dans les usines   en Allemagne et à Sarreguemines.  

Tout s’accélère jusqu’à 2021, Comme les fils d’agriculteurs préfèrent travailler à l’usine  de 60 exploitations en 1960, il n'en restera que quatre exploitations agricoles: Lang, Felix, Hoellinger et Lett, souvent installées en dehors du village



Par contre, plusieurs fermes changent 

d’orientation : 

  • les apiculteurs Frumholtz
  • les arboriculteurs Frumholtz
  • l’écurie des grands champs est un centre équestre qui s’est installé dans la ferme Albert Sprunck


Les artisans


En 1946, il avait un charron, un forgeron, un cordonnier, deux coiffeurs et la coopérative de maçonnerie. Ils vont tous disparaître, par contre de jeunes entrepreneurs se lancent dans des activités diverses

En 2021, nous avons :

  • Claude Vogel, entreprise de terrassement
  • NS menuiserie
  • Entreprise de maçonnerie  Franck Paradies,
  • Ets Thermex
  • Protection incendie Reiner
  • Oliger Lino, maréchal ferrant
  • Garage Auto Moto Passion


 Les équipements


Au  fil des années, la dynamique municipalité d’Ormersviller a doté le village de nombreux équipements.  Elle a construit un beau bâtiment abritant la   mairie, une salle socioculturelle, des vestiaires, un club-house et a aménagé, un stade, un terrain multisport synthétique et une aire de jeux,

Elle n’a pas lésiné dans les équipements en transformant le presbytère en sept logements intergénérationnels, comprenant une salle de rencontres et une antenne paroissiale. La Chapelle Saint-Joseph a été reconstruite en 1962. Elle est devenue le but pour de nombreux pèlerins et randonneurs. Un sentier d’excellence (10km) qui prend son départ au Moulin d’Eschviller y passe ainsi  que le Pirminiusweg qui part de la Pirminiushalle à Hornbach (25km).


Evolution de la population


À partir de 1990 la population a augmenté. Elle est passée de 307 habitants en 1990 à 390 en 2017, soit une augmentation de 27%. Elle est non seulement due aux différents lotissements, mais surtout à une vie associative très dynamique grâce aux associations:







L'Entente sportive Ormersviller-Epping, un club de football très dynamique, a son siège à Ormersviller.  Elle défend  les couleurs des deux communes Ormersviller et Epping

 l’Entente sportive Ormersviller-Epping crée en 1938 à l'instigation de Joseph Behr,




 Joseph Behr, quatrième à partir de la gauche dans le rang du fond.

le club des Aînés, les Amis de la chapelle Saint-Joseph, l’APE et l’Intersociété.








Les membres du club des Aînés  sur la terrasse de la salle Joseph de Bexon








Les Amis de la chapelle Saint-Joseph organisent le pèlerinage du 15 août depuis 1981 

Elles organisent tous les ans plusieurs manifestations. De plus, le regroupement pédagogique des écoles élémentaire et maternelle avec Epping permet aux enfants de profiter d’une équipe pédagogique efficace, d’une cantine scolaire et d’un périscolaire. Comme les équipements du village répondent aux attentes des habitants, la vie communautaire est plus concrète. Grâce aux nombreuses manifestations festives, elle permet aux habitants de se connaître et à lier des amitiés, ce qui contribue au développement et à l’attractivité du village. 


En somme, le village d’Ormersviller, ayant su se métamorphoser après la guerre  de 1939/1945 tout en préservant son patrimoine a pris au fil des ans un visage empathique, accueillant et convivial.


Ecrit et publié le 22 juin 2021 par Joseph Antoine Sprunck


 Sources:

- L'arrondissement de Sarreguemines par Joseph Rohr

Dictionnaire départemental  de la Moselle de M. Viville

Bitche et son pays par André Schutz

Ormersviller, au fil des siècles de Gérard Henner et autres.

Les années noires de la Moselle annexée par Hitler de Bernard et Gérard Le Marec

Archives municipales de Volmunster

Le Pays de Bitche, il y a 250 ans... de SHAL du Pays de Bitche

Le Pays de Bitche par Marie-France Jakobs, Jacques Guillaume et Didier Hemmert

Le sanctuaire herculéen d'Ormersviller de Sébastien Schmitt publié dans le bulletin de la SHAL

- Crédit photos: collection de l'auteur et de Marcel Vogel, 
























































 










Ormersviller, un village frontalier particulier


Mieux on connaît son coin de terre, plus on l’aime et mieux se manifeste le lien qui rattache les générations les unes aux autres.

Paul Glath


Ormersviller est situé sur la frontière sarroise dans le pays ouvert du Bitcherland au nord de Bitche. Il est situé dans la canton de Bitche, du département de la Moselle et de la Lorraine. Il fait partie de la communauté de communes du Pays de Bitche et du Parc naturel régional des Vosges du Nord et de la réserve de biosphère transfrontalière des Vosges du Nord-Pfälzerwald. La commune  a une superficie de 730 ha et compte 385 habitants en 2018


Du point de vue spirituel, Ormersviller est annexe de la paroisse de Volmunster jusqu'en 1802. date à laquelle,  il est érigé en paroisse de l'archiprêtré éponyme. Jusqu’en 1956, on voyait encore   le cloche du de l’ancienne église paroissiale romane accolée à la maison d'école, dont il ne subsiste plus aujourd'hui que la trace d’un arc sur le mur du pignon. Alors que l’église a été transformé en école de garçons il en fut de même pour le presbytère qui deviendra l’école de filles La nouvelle église église a été construite en 1835, faute de finances, le clocher ne sera construit que vers les années 1880.

 

Comme  plusieurs silex taillés ont été trouvés au lieu-dit « Steinmächer », c’est une preuve que l’homme fréquentait déjà le pays d’Ormersviller, dès l’Âge de la pierre. Comme de nombreux tumuli se trouvent dans la forêt du Buchebusch, ils appartiennent au monde celtique (entre - 500 et -350).  Pour André Goret, historien local, tout cela laisse supposer, que c’étaient des Celtes,  des Médiomatriques qui vivaient dans des maisons en bois, torchis et toits de chaume, qui ne laissent peu de traces, sauf circonstances exceptionnelles. 


Période romaine


Avec l’arrivée des Romains, les habitants commencent à construire  en dur: des murs en pierre et de toits de tuiles. Quatre villas étaient implantées sur le ban, chaque fois près d’une source à Ormersviller: Steinmaecher,  Langstein (près du virage), An Heiden Brunnen, Hochwald ( près de l’actuel verger du Moulin d’Eschviller). Elles ont été découvertes par André Goret.

De plus en 1997, un sanctuaire dédié  à Hercule a été découvert par un propriétaire lors de travaux de terrassement dans la rue de la chapelle. C’est assez exceptionnel, car en France seuls deux autres dédiés à Hercule existent. L’un à Deneuvre  (Meurthe et Moselle) et l’autre à Saint-Rémy de Provence (Bouches du Rhône). 

En 2012, en aménageant un bassin d’eau, il trouve à un mètre de profondeur un vieux mur en pierres calcaires extraites d’une carrière locale. Puis il a pu récupérer de nombreuses tuiles avec les clous, 642 pièces de monnaies romaines, des objets en os ou en bronze, des ex-voto phalliques, des clochettes…D’après Jeanne-Marie Demarolle, le site dédié à Hercule est cultuel, « son mode d’expression plastique  et cultuel est emprunté à Rome ». Du temps de l’occupation des Romains, Ormersviller était englobé  dans cité des Médiomatriques. «  Les phallus, n’étant   atteints d’aucune pathologie, pourraient marquer l’acquittement d’un voeu.   Les représentations phalliques et les clochettes assurent une connotation religieuse… » La force d’Hercule, « un protecteur puissant est symbolisée par sa massue. »  « La découverte d’Ormersviller n’est pas anodine, car c’est la première représentation d’Hercule retrouvée chez les Médiomatriques et en milieu rural. » Cette trouvaille confirme la romanisation de la région.

La rue de la chapelle est un ancien chemin qui aboutit à la voie romaine que les anciens appelaient « die Koenigstrasse ». Très souvent, les fondations de villas gallo-romaines  sont trouvées lors de travaux. 


Les invasions et la christianisation


Après la période gallo-romaine, cela a été la période des invasions. Cela débuta par les Barbares, les Francs ripuaires qui habitaient la rive gauche du Rhin et la vallée de la Moselle, les Allamans, venus de la Basse-Alsace. Les Francs constituent un peuple germanique, adoptant la culture gallo-romaine et apparaissant sous la forme d'une confédération au moment des des grandes invasions. 

La région a probablement était christianisée par Saint Pirmin qui a fondé l’abbaye de Hornbach. Pirmin est un moine d'ascendance visigothe des environs de Narbonne   Il a été influencé par le christianisme irlandais. En 717, il doit fuir les Musulmans, en 724, il fonde l’abbaye de Reichenau en Alsace et beaucoup d’autres, et en 742 il a fonde celle de Hornbach, d’où vont dépendre les paroisses, dont Ormersviller, annexe de Volmunster. 


Fief de Léopold


Lors du traité de Verdun en 843, l’empire de Charlemagne est partagée entre ses trois fils.  Le royaume de Lothaire  s’est appelée la Lotharingie qui perdra beaucoup de sa surfercie au fil des différentes guerres.  Elle est devenue le duché de Lorraine. Le premier écrit concernant Ormeswilre date du 14 avril 1304.  Dans cet écrit le chevalier Hartmund de Blumenau et son épouse Loreta  cède ses droits à Ormersviller à l’abbaye  de Hornbach. En 1333, Walram de Deux-Ponts rend à son cousin , le seigneur de Bitche, le droit de justice à. Ormersviller. A partir de 1748, Ormersviller fait partie di fief de Volmunster, conféré  à Léopold Bexon, lieutenant-général du bailliage de Sarreguemines.


Recensements  au fil des ans


Lors du recensement de 1600, il y avait 31 feux, soit environ 165 habitants. Ce qui donnait un aperçu de la population dont ls familles avaient  beaucoup d’enfants.  Seuls Volmunster et Rimling étaient plus importants. Dans ces 31 foyers, il y avait 57 chevaux, 83 bovins, 145 moutons et 66 porcs.

Hélas avec la guerre de Trente ans 1618-1648, les invasions, la peste la population a été décimée. En Effet Charles IV de Lorraine continuait à se battre contre le roi de France. En 1670, il y avait 7 feux , soit environ 35 habitants.  La Lorraine était occupée jusqu’en 1697 par le roi de France Louis XIV.

Lors du recensement en 1703, il y avait  de nouveau 19 feux, soit  95 habitants  et 68 chevaux. En 2018, on comptait 385 habitants.


La famille de Bexon


Georges Gabriel Seeholz, capitaine prévôt, chef de police et gruyer de Sarralbe, est  seigneur de Volmunster et d’Ormersviller. Sa fille épouse  le 2 mai 1735, Leopold de Bexon qui hérite ainsi une bonne partie des charges et titre  du beau-père. Il devient lieutenant-général du baillage d’Allemagne. De ce fait, les membres de la famille s’octroient le  titre de seigneur d’Ormersviller et de Selven. 

Le fils Leopold, né le 12 juin 1736, prêtre séculier est nommé curé de Reinheim, en terre d’Empire, non loin d’Ormersviller., puis à Niederstinzel, près de Fénétrange, il refuse de prêter serment exigé le 21mars 1992, il s’expatrie le 15 septembre 1792. Ses biens sont confisqués et vendus aux enchères.

Soin frère Joseph, général de brigade, a été emprisonné dans la même cellule que  Alexandre de Bauharnais durant la terreur, mais sera libéré et réussit à entre dans le cercle de Joséphine de Bauharnais et grâce  elle à celui de Bonaparte.  C’est pourquoi, Bonaparte, après le coup d’Etat du 18 Brumaire, devient Premier consul, et nomme Joseph de Bexon, préfet du département de  la Sarre. Dans la suite, Napoléon nomme Léopold de Bexon, évêque de Namur. Il est sacré évêque le 30 mai 1802. Hélas, il se heurte avec le préfet. Lors de la visite de Naparte, Claude Léopold ne mâche pas ses mots. Aussitôt, il est démis de ses fonctions l5 septembre 1803 Il se retire alors au Ban Saint Martin, et décède le 10 août 1807, à l’âge de 71 ans.


Les registres


A l’origine, Ormersviller est une annexe de la paroisse de Volmunster, comme Eschviller, Epping, Urbach, Nousseviller, Dollenbach, Weiskirch. En 1790, le village devient une commune et en 1802 une paroisse. Ainsi les naissance seront d’abord uniquement inscrites sur les registre paroissiaux de Volmunster et à partir de 1790 dans le registre d’état civil de la mairie. Le premier curé sera Nicolas Gärtner à partir de 1806.

Par contre, beaucoup de prêtres se feront  établir un passeport en 1992 pour passer la frontière.


L’histoire de notre frontière


Le 7 septembre 1781 une convention est signée au château de Blieskastel  pour inclure Altheim, Neualtheim, Niedergailbach et Uttweiller  ainsi que d’autres exclaves à la maison de Leyen de Blieskastel.  La Sarre a été rattachée à la France en 1793.  

Lors du deuxième traité de Paris, le 20 novembre 1815 après la défaite d Napoléon à Waterloo, la France est ramenée à ses frontières de 1790 : elle perd les conquêtes territoriales des armées révolutionnaires en 1790-92 que le traité précédent permettait à la France de garder.  Pour la première fois depuis 880, un Traité de paix fixe la frontière impériale germanique à l’est de la Meuse. En 1826 de nouvelles bornes frontières ont été implantées. Elles resteront en place, bien qu’après le traité de Francfort du 10 mai 1871, la Moselle ainsi que  l’Alsace ont été annexées à l’Allemagne jusqu’au traité de Versailles du  28 juin 1919. 


Le village sous la domination allemande


L’annexion du pays par l’Allemagne n’avait pas été appréciée. Ce sont surtout les jeunes gens qui ne voulaient pas faire le service militaire chez les Prussiens. On avait le choix de partir en France, en Algérie, voire l’Amérique. Ce sont surtout des jeunes gens ou des jeunes couples qui quitteront le village pour rejoindre l’Amérique. Leur voyage était facilité grâce des agents. Leur  motif déclaré est la guerre perpétuelle entre l’Allemagne et la France pour la possession de l’Alsace et la Lorraine.  Ce qui les incitait aussi à partir, c’est le manque de terre ou de travail.  Puis vers 1880, les mines  de houille de la Sarre et de la Moselle, les mines de fer de la famille de Wendel, les aciéries de Thionville qui réclament des bras vigoureux. Ainsi les uns restent au village pour cultiver la terre, et les autres vont là où il y a du travail.  Après 1901, certains vont travailler au camp de Bitche, d’autres  y sont allés pour vendre leurs produits agricoles. Pendant, cette période, la frontière allemande était ouverte. Les relations entre les habitants   des villages frontaliers étaient correctes  et les resteront malgré les deux guerres mondiales. En juin 1940, la Moselle et l’Alsace seront à nouveau annexées de fait jusqu’en 1945, et pendant cette période les  villages au Nord de Bitche ne sont pas habités.


L’évacuation en1939


La plus grande épreuve que les habitants d’Ormersviller et d’autres villages du Bitcherland vont vivre sera la  deuxième guerre mondiale. Chaque famille va vivre des épreuves différentes.

Le 23 août 1939, c’est  mobilisation des réserviste

Le 1er septembre 1939, à 5 h 45, on se bat sur le front, l’Allemagne envahit la Pologne.

Le 1er septembre 1939 à 14 h, les gendarmes informent le maire Michel Meyer  que la population  devait être évacuée. Ce sera l’instituteur et secrétaire de mairie   M. Behr qui proclamera la nouvelle. L’appariteur Jean Schoendorf, sonne alors le tocsin et annonce dans tout le village la triste nouvelle que tout le monde redoutait. Elle tombe comme un couperet.La plus grande épreuve que les habitants d’Ormersviller et d’autres villages du Bitcherland vont vivre sera la  deuxième guerre mondiale. Chaque famille va vivre des épreuves différentes.

Toute la population  avait été informée de cette éventuelle évacuation dès le 25 août, la plupart avait préparé les valises, voire des sacs. Chacun avait droit à 30 kg par personne. On a mis bien plus sur les chariots, attelés de chevaux, de boeufs ou de vaches. Chacun  emmène également ses papiers, le livret de famille, les actes notariés et les rares photos. Les lapins, les poules , les porcs, les chiens et le chats sont laissés en liberté.


Le départ pour l’inconnue


Vers 16 h la caravane se met en route pour Volmunster, Weiskirch, Lambach, Enchenberg, Montbronn, Lorentzen   où est la première halte, un violent orage  y éclate durant la nuit. Puis en arrivant à Hirschland, tout le monde veut s’abriter dans une grange. Certains propriétaires rechignent. Pierre Kuhn enfonce une porte de grange avec le timon du chariot. Le lendemain, ils arrivent à Langatte où ils passent également une nuit. Arrivés à Rhodes, ils laissent tous les chariots, les chevaux  et les vaches dans un grand parc. Ils ont seulement le droit d’emporter ce qu’ils peuvent porter. Tout le surplus est déposé  à la mairie.


Départ en train


Le mardi 5 septembre à 14 h, ils prennent le train à Azoudange. Pour partir où? Personne ne le sait.  Plusieurs génisses ont été abattues à Rhodes, et la viande  a été distribuée aux habitants. Le bétail a été remis à l’Etat contre un récépissé. Le voyage se fera en wagons à bestiaux avec 40 personnes par wagon. On s’installe, comme on peut.  Sur les visages des personnes âgées se devinent l’angoisse et les soucis qui les rongent. Certaines doivent être assistées à tout moment, ne pouvant accomplir seules les gestes élémentaires de la vie. Quelle incertitude pour tous, être obligé de quitter son village natal. Ne plus avoir de chez soi.



Le voyage en train


Le mardi 5 septembre à 14 h, les 1400 habitants de Bliesbruck, Erching-Guiderkirch, Obergailbach et Ormersviller ont pris ensemble le train à Azoudange. Il a pris la direction du sud-ouest en passant par Bourges. Dans le train plus d’une maman s’interroge: « Où trouver la nourriture pour la famille, le lait pour le biberon de bébé? Où est mon mari mobilisé qui est absent? Dans une situation pareille ,c’est l’homme qui assure la sécurité de la famille.» Le voyage a été interminable pour différentes raisons: personne ne connaît la destination, les longs arrêts en rase campagne, on ne voit pas dehors. C’est l’angoisse de l’inconnu, et en plus la promiscuité et l’inconfort dans les wagons à bestiaux. Le ravitaillement en eau et en lait pour les biberons laissait souvent à désirer, car en gare on ignorait  parfois la provenance des trains et leur destination.  Les conditions de voyage ont été réellement difficiles pour tous.

Arrivée en Charente

Ils débarquent à Chazelles (Charente) le 8 septembre, les familles, sont réparties dans différentes fermes et dans un moulin où 50 personnes sont abritées. Après trois jours, ils ont repris le train et sont logés au Château de La Rochefoucauld. Tout le monde y passe encore six jours dans les dépendances agricoles du château. Puis les paysans de Brie viennent seulement les chercher le 17 septembre avec les tombereaux. Les réfugiés sont répartis dans les différents hameaux de Brie. En 1939, Brie a compté  1000 habitants et a accueilli environ 500 réfugiés d’Ormersviller (208 adultes et 78 enfants)  d’Obergailbach. En somme, le voyage des réfugiés d’Ormersviller a duré 17 jours.

La déception

Les réfugiés sont déçus par les possibilités d’hébergement insuffisantes en nombre et médiocres en qualité. Ainsi chaque évacué est contraint de commencer une nouvelle vie, avec un nouvel entourage inconnu, aux coutumes différentes. En Moselle, dans toutes les maisons, on trouvait une cuisinière à bois et à charbon. Par contre en Charente cela a été le chaudron dans l’âtre de la cheminée où les repas ont été préparés. C’est pourquoi, beaucoup ont acheté le poêle charentais (le Charenter Evel) qui a servi normalement pour chauffer la lessive en Charente. L’Etat en a distribué 800. De plus, dans certains villages, on ne connaissait pas la cabane dans le jardin qui servait de toilette sèche en Lorraine. Avec le temps, le gouvernement, les autorités départementales et locales et les œuvres de bienfaisance ont réussi à améliorer tant soit peu les conditions d'hygiène et de confort des évacués, soit en faisant réparer les immeubles, soit en fournissant des lits et des poêles de tranchée, soit en donnant les allocations de réfugiés.


Les allocations des réfugiés

Des allocations étaient versées aux adultes non salariés (10 F par jour) plus 6 F par enfant à charge. Elles devaient couvrir les coûts de logement, de nourriture, d’habillement, etc…Quelques prix de l’époque: 1 kg de pain a couté 3 F. , 1 kg de pommes de terre   1,50 F., 1 litre de lait  2 F., 1 kg de viande de bœuf ,13 F., 1 litre de vin rouge   2 F. L'allocation n’a été supprimée que si le salaire dépassait le montant majoré de 25 %. Cette allocation ne leur a permis que de vivre chichement, car il faut déjà 8,50 F par personne par jour pour la nourriture. Au début, ce qui a rendu le réfugié mal à l’aise, c’est l’oisiveté dans laquelle, il s’est retrouvé malgré lui. Habitué au dur labeur, il ne pourra s’empêcher de chercher du travail, ne serait-ce pour remplir, comme il se doit, le rôle de chef de famille qui subvient au besoin de ses enfants. L’intégration dans le monde du travail s’est fait assez rapidement dans cette contrée vinicole, car le Bitcherlandais est travailleur, ne reculant devant aucune tâche. Très vite des hommes et des femmes ont trouvé une occupation dans les fermes. Mais à partir de mois de novembre, beaucoup sont allés travailler à Ruelle. Ils y ont posé la canalisation d’eau courante, d’autres sont embauchés dans les « Fonderies nationales de la Marine » de Ruelle. 

Rapports humains 

Ne pouvant pas bien communiquer avec leurs hôtes, beaucoup de disputes ont éclaté par manque de dialogue, dues à l’incompréhension des langues. Il arrive que les enfants des évacués se font traiter de « sale boche » ou de petit « réfugiat ». Il faut l’intervention du gouvernement français, le 17 septembre 1939 pour mettre les choses au point. Il rappelle que les Alsaciens-Lorrains sont des dialectophones et font partie de la communauté nationale. Les Charentais sont méfiants de ces gens qui parlent la langue de l’ennemi. C’est pour cette raison que le prix du lait est supérieur pour les réfugiés à celui des Charentais chez certains paysans. Ils ne seront convaincus de la nationalité des évacués que le jour où les permissionnaires mosellans sont venus dans la tenue militaire française.


Le retour des évacués 

L'article 16 de la convention d’armistice, signée le 22 juin 1940 à Rethondes impose au gouvernement Pétain de procéder au « rapatriement de la population dans les territoires occupés ». Le 25 juin 1940 , les Allemands arrivent à Brie.  Le 9 septembre, les Allemands demandent aux Ormersvillérois de rentrer dans leur village en Moselle. Comme la guerre n’est pas terminée, chacun s’est posé la question, quelle est la meilleure solution, rester jusqu’à la fin de la guerre ou rentrer. Dans l’ensemble, ils ont décidé de rentrer au Bitcherland. Un seule  famille a décidé de rester. Beaucoup de familles lorraines et charentaises ont sympathisé et continueront à s’écrire voire se rendre visite. 

La tromperie

Au retour, le train est passé par  à Saint- Dizier où les papiers d’identité ont été contrôlés. On leur demande de signer pour entrer dans la « Deutsche Volkgemeinschaft » Nos évacués veulent rentrer à la maison et signent. La plupart ont vécu durant l’annexion avant la première guerre mondiale. Arrivés à Sarrebourg, on leur demande descendre, et tout le monde est transféré à l’asile de Lorquin.  Ils auront droit à y manger beaucoup de semoule. Ils veulent retourner à leur village, quelques uns  y retournent à bicyclette. Ce n’est pas catastrophique, on peut habiter les maisons. Nombreux sont-ils à y retourner et découvrent l’intérieur de leur maison dans un triste état. On nettoie et on répare. Hélas, au mois de novembre 1940, les militaires allemands leur demandent le 29 novembre de faire leur valise pour aller dans des maisons meublés dans le Saulnois.  C’est ainsi qu’ils vont remplacer dans les fermes les Mosellans francophones expulsés dans le Sud de la France. Ce seront des colons qu’on appelait «Siedler » 

La ferme d’Etat d’Ormersviller

Au printemps 1941, les Allemands décident d’exploiter les terres à Ormersviller. On fait appel à des familles mosellanes: une seule famille du village,  et deux autres d’Epping auront le droit d’habiter Ormersviller, où est créée une ferme d’Etat, gérée par un ingénieur agronome. Le gérant s’installe dans la maison de Albert Vogel, en face du stade actuel. La famille Georges Vogel a le droit de retourner dans sa maison, ainsi que Jacques Schwalbach qui a habité dans la maison de Nicolas Gross. Jean Nicolas Bruhl  avec ses sept enfants a logé dans la maison de Albert Neu. Dans les maisons de Gérard Andrès et Robert Gaspard ont habité des familles polonaises et ukrainiennes. Tous habitent à Selven.  Les Mosellans ont encadré les 50  prisonniers russes qui logent dans l’école de garçons et les gardiens à l’école de filles.  17 autres communes du Bitcherland sont également vidées de leurs habitants. Le ravitaillement se fait à Brenschelbach. La ferme a travaillé avec 30 chevaux, 4  boeufs et 4 tracteurs Lanz. Un militaire a été responsable de l’alimentation et de la santé du bétail. En cas de maladie, on a fait appel au vétérinaire de Bitche, le Dr Martzloff. De cette grande ferme d’Etat dépendent quatre bergers, dont l’un avait sa bergerie dans   la ferme d’Antoine Sprunck. Les trois autre  logeaient dans d’autres villages. Chacun avait environ 1000 moutons.Dans cette ferme d’Etat, on a cultivé des céréales, du colza, du chanvre, du pavot, du lin, du pissenlit, des haricots, des choux et de la menthe .

Les malgré-nous


A partir de 1942, chaque jeune homme et jeune fille étaient obligés d'effectuer un service de travail (RAD) de six mois qui précédait le service militaire. Les jeunes  garçons seront incorporés de force. Par ordonnance du 19 août 1942, les jeunes Mosellans ont été contraints d'effectuer leur service militaire dans l'armée allemande.  La désertion   entraînait la confiscation de l’ensemble des biens des évadés et la déportation de leur famille, alors certains  ont pris le train, mais l’ont quitté en rase campagne et se sont cachés ou ont passé la frontière pour rejoindre les FFI. Cette répression a incité la plupart des « Malgré-nous » à se résigner et répondre à l’ordre d’appel.  La plupart d’entre eux ont été affectés dans la Wehrmacht, mais certains de grande taille ont été versées d'autorité dans la Waffen-SS dont les divisions comptaient de nombreuses pertes lors des combats..


Déportés:


Joseph Schaff, né le 20 avril 1901, passeur, incarcéré au fort de Queuleu, puis dans les camps de concentration du Struthof, Dachau et Allach

Alphonse Vogel, né le 30 août 1915 insoumis, incarcéré et

 mort en Allemagne en 1944.

Ernest Jacques Vogel, né le 22 décembre 1917, insoumis, résistant, maquis de Charente, mort au camp de concentration de Flossenbürg de Hersbruck 


Insoumis résistants:


Théophile Klein, 1924, insoumis, a rejoint De Lattre de Tassigny

Pierre Sprunck, 1923, malgré-nous, évadé, a rejoint les Américains


Insoumis réfractaires:


Jean-Pierre Fischer, 1914, caché à Kerprich-lès-Dieuze

Raymond Gross, 1927, caché à Sarreguemines

Jules Klein, 1923, caché à Soucht

Gérard Meyer, 1926, caché à Lorquin, puis à Meisenthal

Nicolas Schwab, 1921, caché en forêt de Soucht

Alphonse Scheid, 1921, caché à Soucht

Auguste Sprunck, 1923, caché à Rimling, meurt le 23 janvier dans la clandestinité

Alphonse Sprunck, 1921, caché à Rimling, puis les Américains l’envoient dans le camp de La Flèche

Emile Vogel, 1915, caché à Meisenthal


Seize Malgré-Nous morts au combat sur le front de l’Est


Nicolas Becker, 1918 mort le 25 février 1944 à Witebsk

Emile Faber, 1914, mort le 16 avril 1944 près de Golatz (Roumanie)

Alphonse Fischer, 1916, mort le 1er février 1945 près de Elbing (Prusse orientale).Sa veuve n’aura l’avis de décès qu’en avril 1953. Il a été ramassé par le GI’s Fred Polifka. Pendant les combats 1939-1940, il était caporal dans l’armée française et grâce à son courage il a obtenu trois citations. Ses deux jeunes frères Joseph et Eugène tomberont également

Joseph Fischer, 1921, mort le 1er avril 1944 au Front de l’Est

Eugène Fischer, 1925, mort le 15 juillet 1944 à Pustomyty  (front de l’Est). Il a été fusillé, car il s’est endormi à son poste de garde, alors qu’il était au bout de ses forces. 

Victor Gross, 1915, mort en août 1944 en Hongrie

Alphonse Gross, 1919, mort en juin 1944 au front de l’Est

François Gross, 1920, mort le 18 janvier 1945 en captivité à Tambow (Russie) 

Rémy Gross, 1924, mort le 30 juillet 1943 à Catesunova (Italie

Victor, Alphonse, François et Rémy Fischer étaient quatre frères.

Léon Klein, 1921, mort le 2 novembre1943 à Neuvel (Russie)

Charles Leiser, 1917 , mort le 26 juin 1944 en RussieA

Albert Meyer, 1923, mott le 6 jnavier1944 à Nikochovo (Russie)

Lucien Sprunck, 1921, meurt en 1945 dans le train à Francfort en revenant de captivité

Rémy Sprunck, 1922, mort le 22 août 1943 à Sémanowsky (Russie)

Joseph Weinert, 1921, mort en janvier 1945 sur le front russe


Des incorporés de force revenus de captivité entre juin et octobre 1945


Auguste Andrès, 1921, blessé, un bras arraché.

Gustave Andrès, 1921

Rémy Andrès, 1925 

Joseph Barth, 1925

Aloyse Beckerich, 1918

Joseph Beckerich, 1914

Alphonse Faber, 1916

Joseph Klein, 1925

Victor Klein, 1926

Georges Meyer, 1924

René Meyer, 1925

René Sprunck, 1926

Gustave Vogel, 1922

René Vogel, 1926, 

Lucien Vogel,1926, 

Edmond Vogel, 1920

Robert Vogel, 1918


Sur 33 incorporés de force,  16 sont morts au combat. Sur les 9  insoumis, un seul est mort par manque de soins.


Creuseur de tranchée


Joseph Becker, 1924

Alfred Meyer, 1927,

Joseph Meyer, 1927, meurt le 17 septembre 1944, suite à une pneumonie contractée lors des creusements de tranchées


Victime civile


Joseph Vogt, né le 27 septembre 1895, décédé à Kerprich-lès-Dieuze, le 15 novembre, par suite d’une blessure mortelle provoquée par un éclat d’obus alors qu’il était à la porte de la grange. Joseph Vogt était un homme courageux, mais le 15 novembre 1944, il est il est inquiet par les combats, car  14 insoumis sont cachés dans son fenil depuis le 1er septembre 1944. Le 18 novembre Kerprich est libéré, , les Américains enferment toute la population dans l’église, et les hommes  dans le sous-sol des Salines de Dieuze. Le 19 ils libèrent toute la population et le 20  Joséphine Vogt avec ses deux enfants et deux insoumis, Jean-Pierre-Fischer et RodolpheMallick de Spicherne retournent à Ormersviller. Elle est accueillie par la famille Georges Vogel qui a pu rester au village pour commander les prisonniers russe  dans les travaux des champs.. Les Allemands restés sur place lui ordonnent de repartir.  Elle trouve un gîte à Rimling où elle reste jusqu’à Noël. Hélas la maison s’effondre sous les bombes, alors qu’elle est dans la cave. Alors elle décide de rejoindre Meisenthal où habite Victor Klein. Hélas, le Bitcherland n’est pas encore libéré. Les Américains l’arrêtent et la ramènenet au point de départ à Kerprich le 26 janvier 1945. Hélas, son logement est occupé, Nicolas Gross, son voisin à Ormersviller lui cède deux chambres. Elle attend le retour de captivité due Robert Gaspard, le fiancé de sa fille Maris. En juillet, Robert va à Ormersviller et aménage trois chambres dans leur maison, en partie détruite. Puis toute la famille revient   ensuite à Ormersviller. La mariage de Marie Vogt et de Robert Gaspard sera  célébré le 24 novembre 1945 par le maire nommé par le Sous-préfet, Gérard Andrès. Ce sera le premier acte d’état civil à la mairie depuis 1939. Le mariage religieux sera célébré par l’abbé Jean-Pierre Karp dans la salle de classe de l’école de garçons, qui fait office d’oratoire. 


Ouverture de l’école


La loi du 29 février 1816 oblige les communes à ouvrir une école. Les maîtres doivent présenter un brevet.Le préfet de la Moselle les nommait et le Directeur du Collège de Sarreguemines  leur accordait l’autorisation d’exercer et le  curé  les contrôlait. L’école se tient au chef lieu de la paroisse. Elle est ouverte du 5 novembre au 25 mars. On enseigne l’allemand. Le maître fait également office de chante à l’église.Ils devaient également apprendre à lire le français.

En 1827, Pierre Lauer était maître d’école à Ormersviller. Il ne maîtrisait pas le français. La loi Guizot de 1833 obligeait  les communes de plus de 500 habitants à ouvrir une école. En 1835, avec l’ouverture de la nouvelle église, l’ancienne sera transformée en école de garçons.


Ouverture de l’école des filles


L’école de filles sera ouverte avec la loi Guizot de 1850. Celle  d’Ormersviller a ouvert en 1866 avec l’arrivée de Soeur Juliette Grau. Après l’annexion de la Moselle, l’enseignement se fera uniquement en allemand, en 1918 en français, en 1940 en allemand et retour en français en 1946. L’école a ouvert  début 1946, mais les deux maîtresses  n’ont pas longtemps enseigné. L’école était au premier étage dans la plus grande chambre, pauvrement meublé. Ce sera seulement le 1er octobre 1946, avec la nomination de Joseph Weissend dans la salle de l’école de filles. Les bancs avec six places étaient fabriquées par Joseph Schaff, charron, avec les planches des planches provenant des maisons rasées. C’était une classe unique mixte avec une quarantaine d’élèves.  Pour commencer il n’y avait qu’un livre de lecture, le Dumas C’était très pour les enseignants, car plus de la moitié des élèves avaient fréquenté l’école allemande de 1940 à 1945. 


Le retour au village


Ce ne sont que le retour au pays natal  et l’amour de la terre qui a incité la plupart des familles à revenir dans ce village en ruines et sans électricité. Les unes dans des maisons délabrées, les autres dans des baraquements. A leur retour, personne n’a pleuré de joie, mais beaucoup n’ont pu retenir leurs larmes à cause d’un ressentiment d’injustice. Pourquoi avoir été évacué,  puis expulsé et exproprié, pour devenir un réfugié sinistré. Pourquoi mes fils ont été incorporés de force et ne sont plus revenus, Pourquoi?


La renaissance


Alors que les adultes, revenus avec quelques pauvres meubles de la Croix rouge ou du Secours national, entre le 8 mai 1945 et 1947 avec leurs valises, ont  dû être courageux pour recommencer à zéro. Cela ne s’est pas fait sans peine et très lentement. On voyait la différence des outils et des machines, des vêtements des paysans habitant dans les villages non expulsés. A cette époque, les enfants ne jouaient pas avec un ballon, mais à cache cache, aux gendarmes et voleurs, car les jouets étaient chers et superflus. Les écoliers n’avaient pas de cour, mais la rue pour jouer. L’instituteur a acheté le premier ballon en 1949 et a abonné l’école à Spirou. Cela été un événement à cette époque. L’instituteur préparait les élèves pour le certificat d’études à 14 ans. Très peu ont fait des études secondaires. Deux filles sont entrées au couvent de Peltre pour devenir soeur enseignante, quelques quelques garçons ont commencé des études secondaires, l’un au lycée de Sarreguemines, car il avait la possibilité de loger chez sa tante, quatre autres sont allés en pension dans des collèges privés, seuls quatre ont continué leurs études secondaires jusqu’au baccalauréat.  Ce sera seulement dans les années 1960 que le collège Teyssier de Bitche a accueilli les élèves  jusqu’en troisième à condition de réussir l’examen d’entrée en sixième. Certains continuaient au Lycée Saint Augustin.  Le Lycée Teyssier  a seulement ouvert  dans les années 1980.



La reconstruction 


Pour la reconstruction, un plan d’urbanisme est rapidement adopté par le conseil municipal. Grâce à cette décision, les rues sont élargies, la place de l’église est créée, l’adduction d’eau potable est réalisée, les fontaines du centre village sont supprimées et les maisons reconstruites ne sont plus mitoyennes. C’est pourquoi le village est très aéré. L’extension du village se fera dans la rue d’Epping. L’église paroissiale a été rénovée et dotée de nouvelles cloches et d’une décoration artistique de la nef, réalisée par l’association de peintres artistes CADRE. La reconstruction du village se terminera en 1962 par la chapelle Saint-Joseph, où l’amitié franco-allemande s’affiche. Elle est fréquentée par de nombreux pèlerins et touriste


Les moyens de locomotion


En 1946, il n’y avait aucune voiture automobile, mais des bicyclettes au village. En 1959, il n’y avait que cinq voitures, et aucun tracteur, mais près de 70 chevaux. En 1946, pour aller à Sarreguemines ou à Bitche, ce sont des camions bâchés avec des bancs qui assuraient le transport. Très vite, ils seront remplacés par des autobus. Tous les matins, midis et soirs les transports Jost et Meyer assuraient le transport à partir de Volmunster.  Vers 1948, un autobus passait à Ormersviller les mardis et vendredis matin pour Sarreguemines. Pour rejoindre la mine, les mineurs du village prenaient matin, midi et soir le bus à Epping. Ils s’y rendaient à bicyclette. A partir de 1960,  des bus allemands venaient chercher les ouvriers et les ouvrières au village.  Avec l’arrivée des voitures dans chaque famille vers les années 1970, les lignes de transports ont été supprimées. Ce sont les cars scolaires qui transportent les élèves pour les lycées de Bitche et de Sarreguemines. Afin de supprimer les classes uniques, les écoles d’Ormersviller sont regroupées avec celles d’Epping. En 2021, pratiquement tous les adultes ont le permis de conduire et dans chaque maison, il y a au moins une voiture.


Les activités agricoles


En 1960, les hommes étaient agriculteurs, maçons, mineurs. C’est aussi l’année où les entreprises allemandes commencent à embaucher des hommes et des femmes. Alors  que les femmes vont travailler dans les fabriques de chaussures, les hommes  se font embaucher dans les usines   en Allemagne et à Sarreguemines. Le ramassage   se fait en bus.

Tout s’accélère jusqu’à 2021, Comme les fils d’agriculteurs préfèrent travailler à l’usine  de 60 exploitations en 1960, il ne restera que quatre exploitations agricoles: Lang, Felix, Hoellinger et Lett. Par contre, plusieurs fermes changent d’orientation : 

  • les apiculteurs Frumholtz
  • les arboriculteurs Frumholtz
  • l’écurie des grands champs est un centre équestre qui s’est installé dans la ferme Albert Sprunck


Les artisans


En 1946, il avait un charron, un forgeron, un cordonnier, deux coiffeurs et la coopérative de maçonnerie. Ils vont tous disparaître, par contre de jeunes entrepreneurs se lancent dans des activités diverses

En 2021, nous avons :

  • Claude Vogel, entreprise de terrassement
  • NS menuiserie
  • Entreprise de maçonnerie  Franck Paradies,
  • Ets Thermex
  • Protection incendie Reiner
  • Oliger Lino, maréchal ferrant
  • Garage Auto Moto Passion


 Les équipements


Au  fil des années, la dynamique municipalité d’Ormersviller a doté le village de nombreux équipements.  Elle a construit un beau bâtiment abritant la   mairie, une salle socioculturelle, des vestiaires, un club-house et a aménagé, un stade, un terrain multisport synthétique et une aire de jeux,

Elle n’a pas lésiné dans les équipements en transformant le presbytère en sept logements intergénérationnels, comprenant une salle de rencontres et une antenne paroissiale. La Chapelle Saint-Joseph a été reconstruite en 1962. Elle est devenue le but pour de nombreux pèlerins et randonneurs. Un sentier d’excellence (10km) qui prend son départ au Moulin d’Eschviller y passe ainsi  que le Pirminiusweg qui part de la Pirminiushalle à Hornbach (25km).


Evolution de la population


À partir de 1990 la population a augmenté. Elle est passée de 307 habitants en 1990 à 390 en 2017, soit une augmentation de 27%. Elle est non seulement due aux différents lotissements, mais surtout à une vie associative très dynamique grâce aux associations: l’Entente sportive Ormersviller Epping, le club des Aînés, les Amis de la chapelle Saint-Joseph, l’APE et l’Intersociété. Elles organisent tous les ans plusieurs manifestations. De plus, le regroupement pédagogique des écoles élémentaire et maternelle avec Epping permet aux enfants de profiter d’une équipe pédagogique efficace, d’une cantine scolaire et d’un périscolaire. Comme les équipements du village répondent aux attentes des habitants, la vie communautaire est plus concrète. Grâce aux nombreuses manifestations festives, elle permet aux habitants de se connaître et à lier des amitiés, ce qui contribue au développement et à l’attractivité du village. 


En somme, le village d’Ormersviller, aynat su se métamorphoser après la guerre  de 1939/1945 tout en préservant son patrimoine a pris au fil des ans un visage empathique, accueillant et convivial


Ecrit et publié le 22juin 2021 par Joseph Antoine Sprunck



 Sources:
- L'arrondissement de Sarreguemines par Joseph Rohr
Dictionnaire départemental  de la Moselle de M. Viville
Bitche et son pays par André Schutz
- Ormersviller, au fil des siècles de Gérard Henner et autres.
Les années noires de la Moselle annexée par Hitler de Bernard et Gérard Le Marec
Archives municipales de Volmunster
Le Pays de Bitche, il y a 250 ans... de SHAL du Pays de Bitche
Le Pays de Bitche par Marie-France Jakobs, Jacques Guillaume et Didier Hemmert
- Le sanctuaire herculéen d'Ormersviller de Sébastien Schmitt publié dans le bulletin de la SHAL
- Crédit photos: collection de l'auteur et de Marcel Vogel, 























































 





















  



 














  



 







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En 1962, je ne me promenais pas au Bitcherland, mais j’étais en Algérie avec 400 000 autres appelés pour combattre les Fellaghas et l’OAS. C’était pour le maintien de l’ordre, mais en réalité c’était une guerre qui a duré 8 ans de 1954 à 1962. Le rêve d'une "décolonisation en douceur" Pourtant  Ferhat Abbas voulait une  décolonisation en douceur".  C'est pourquoi il  publie e n 1943,  le " Manifeste du peuple algérien ", qui réclame  l’égalité entre Musulmans et Européens, une réforme agraire, la reconnaissance de la langue arabe et une "République autonome" . Puis il jette l’éponge en 1951.   " Il n’y a plus d’autres solutions que les mitraillettes" , s’attrista-t-il. " Toute sa vie, Abbas aura rêvé d’une décolonisation en douceur" ,     écrit Charles-Robert Ageron dans   Genèse de l’Algérie algérienne  . Le maintien de l'ordre se transforme en guerre  Elle a opposé l'armée française à des insurgés nationalistes al

La riche histoire d'Eschviller contée par Auguste Lauer

Auguste Lauer , instituteur d'Eschvi ler membre fondateur de la Société d’histoire et d’archéologie de la section de Bitche, a enseigné en 1936 à Eschviller. L'école d'Eschviller avait deux salles de classe  Très intéressé par l’histoire locale, il a mené comme son collègue Paul Glad à Bousseviller, des recherches historiques sur Eschviller. Avant guerre, Auguste Lauer et son épouse, née Anne Schwartz, enseignaient dans les deux classes à Eschviller, annexe de Volmunster. Nous avons retrouvé un texte écrit en allemand très intéressant qui est une synthèse de nombreux documents connus en 1936. Il nous apprend mieux ce que les habitants d’Eschviller et de la région ont dû subir sous le joug des seigneurs, à cause des guerres et des invasions. Nous l’avons traduit en français pour vous faciliter la lecture. Les textes en italique ont été rajoutés par le traducteur pour une meilleure compréhension. L’histoire d’Eschviller et de sa