Un suivi de terrain depuis plusieurs années a permis à François Wecker, retraité de l’Office National de la Chasse et de la Faune sauvage, d‘établir une synthèse sur le retour de cette espèce sauvage, au Bitcherland, après plusieurs siècles d’absence. Pour mieux comprendre ce processus, nous l’avons rencontré.
Comment expliquez-vous ce retour ?
Provenant d’animaux relâchés de 1994 à 2001 dans le Land Sarre (Allemagne), le plus grand rongeur d’Europe qui vient d’enrichir notre biodiversité locale, a colonisé le bassin hydrographique de la rivière Horn et de la Schwalb via les cours d’eau de la Blies et du Schwarzbach côté allemand, dès les années 2010/2011.
Comment a-t-on remarqué son retour ?
Le castor ne rentre pas en léthargie hivernale ; essentiellement végétivore, il a donc besoin pour se nourrir durant la période de repos végétal, de couper des arbres principalement des salicacées, saules etc. il en consomme l’écorce et utilise les branches du houppier pour se constituer des réserves et consolider son terrier hutte. Ces indices sont particulièrement visibles en hiver. Son origine nouvelle est confirmée par l’analyse génétique de poils de castor prélevés sur la commune de Liederschiedt en 2014. Elle confirme à 99.9% qu’il s’agit du castor de l’Elbe, le castor (fiber Linné/albicus) sous espèce qui correspond à la souche allemande réintroduite.
Photo Denis Michel
La coupe en biseau réalisée par un castor
Avez-vous fait vous-même un état des lieux ?
Ce travail personnel est un premier état des lieux ponctuel, retraçant chronologiquement le déroulement de l’étude par : une rétrospective, et le suivi de terrain avec cartographie, les constats, la situation actuelle et la communication entreprise avec analyse des facteurs positifs générés et enfin les conclusions et perspectives.
Avez-vous fait des photographies ?
Oui, un important crédit photos réalisé au cours des années avec le concours de Denis Michel, naturaliste et photographe amateur de Walschbronn, visualise les indices de présence réels sur les rives de la Horn et de ses affluents, faisant preuve de survie et d’intégration de l’animal.
Oui, d’ailleurs, les remarques portant sur la communication nécessaire effectuée à l’attention de la population, démontre à quel point l’apparition d’une espèce sauvage nouvelle et méconnue, peut bouleverser l’ordre établi dans un milieu naturel et sa faune existante, et influencer les us et coutumes des autochtones, suscitant craintes et intérêts divers au sein de notre société contemporaine.
La présence du castor sera-t-elle durable ?
Les conclusions et perspectives, fixent le lecteur de ma synthèse sur l’avenir de cet animal protégé qui de toute évidence semble s’être installé durablement dans nos vallées marécageuses des Vosges du nord. L’estimation de ses effectifs bien que difficile, est de 8 à 12 sujets, composés en deux familles. Son extension future est possible, tout en insistant sur les devoirs et obligations légales des uns et des autres pour pérenniser sa survie.
Les autorités concernées ont-elle-été informées ?
Phase considérée comme primordiale lors de ce retour spontané, cette information a été menée au niveau local, régional et transfrontalier, lors de réunions et de sorties organisées sur le terrain. Une note historique et technique, ainsi qu’un courrier d’intervention auprès des responsables chargés de la gestion des masses d’eau, la complètent. Cette synthèse réalisée sous forme de brochure, s’inscrit prioritairement dans une démarche instructive et d’information générale.
A qui est-elle destinée ?
Un exemplaire sera transmis à toutes les communes du bassin versant de la Horn ainsi qu’aux différentes administrations concernées ; elle pourra être consultée par les particuliers intéressés, sur les sites internet suivants : www.walschbronn .fr ou être transmis sur demande au Parc Naturel Régional des Vosges du Nord.
Joseph Antoine Sprunck
Toutes les photos ont été réalisées par Denis Michel