A 13 ans, Lucien aide son père déporté à rouvrir une charronnerie en 1945 par Joseph Antoine Sptunck
Joseph Schaff, charron à Ormersviller, a été expulsé par l’armée allemande en novembre 1940 à Guébestroff près de Dieuze, comme 9 000 autres habitants du Bitcherland. Il y dirigera une ferme. En relation avec le père Joseph Haller, curé de Kerprich près de Dieuze il a aidé avec une centaine de personnes à passer clandestinement les prisonniers français et les insoumis en France de 1941 à 1943. Le 26 décembre 1943, Joseph Schaff est arrêté à Metz par la Gestapo.
Interné au Fort de Queuleu
Le 1er janvier 1944, il est interné au Fort de Queuleu à Metz « Quand mon père est arrivé au Fort de Queuleu, les geôliers lui ont bandé les yeux, l’ont précipité sous une douche glaciale et l’ont brossé vigoureusement pendant toute une heure. Il a gardé le bandage mouillé pendant cinq semaines sans pouvoir le défaire une seule fois. Sous ce bandage, l’oeil gauche s’est infecté, et sa vision s’est affaiblie fortement. Ensuite, il a été conduit devant le sous-officier Georg Hempen, commandant de la prison. Après son interrogatoire, il a été méconnaissable en raison des nombreux coups qu’il a reçus. Ensuite il a dû s’asseoir tout droit sur un banc, pieds et mains liés, sans bouger, ni parler. Après quelques semaines, il sera transféré au Struthof puis au camp de concentration de Dachau. Il a été libéré à Dachau le 29 avril 1945 par les Américains.
Retour à Ormersviller
Vers la mi-juin, il part à bicyclette avec son fils Lucien 13 ans à Ormersviller pour remettre l’atelier de charronnage en état. Comme la maison d’habitation a été rasée par les Allemands, ils ont logé dans l’atelier. Joseph récupère la scie circulaire et le tour à bois chez son frère Alphonse de Petit-Réderching, et la raboteuse à Sarrebruck. Il achète un moteur diesel pour faire tourner les machines, car l’électricité n’est revenue que début 1947.
En décembre 1945, le baraquement, destiné à la famille, est construit, il va chercher son épouse et ses deux filles. » nous a raconté Lucien.
« Nous avions beaucoup de travail à la charronnerie, il fallait surtout réaliser les pièces des chariots que forgeron Joseph Behr devait ferrer pour les agriculteurs » a-t-il poursuivi.
Toujours actif à 90 ans
Lucien aime toujours travailler dans son atelier dans son atelier
Malgré son grand âge, Lucien est presque tous les jours dans son atelier pour confectionner de petits meubles pour ses trois enfants, quatre petits enfants et quatre arrière-petits-enfants.
Joseph Antoine Sprunck