En 1945/1946, les habitants d’Ormersviller reviennent de leur évacuation en Charente de 1939
à 1940 et de leur expulsion de 1940 à 1945 dans le Saulnois où ils occupaient les maisons meublées des propriétaires, expulsés vers les départements français, indésirables pour les Allemands. La Moselle et l’Alsace ont été annexées de fait à l‘Allemagne après l'armistice signé le 22 juin 1940 à Rethondes. Les expulsés et transplantés reviennent qu’après la signature de la capitulation sans condition le 8 mai 1945.
Une famille d'Ormersviller retourne à Manhoué en en 1970 pour rendre visite aux propriétaires de la ferme qu'ils occupaient malgré eux de 1940 à 1944.
La retraite des Allemands
Dès le mois d’août on entendait au village « Sie kumme ball » (Ils viennent bientôt ). La libération par les Américains était attendue avec impatience. Le premier signe avant coureur a été la retraite des militaires et des familles allemandes le vendredi 1er septembre 1944. Ce jour là, les colonnes de soldats allemands passent et emmènent les bicyclettes et les chevaux des habitants. En même temps les douaniers du poste de douanes de Manhoué et les fermiers allemands emmènent tous les bovins. Ce qui était bizarre c'est qu'en face il n'y avait pas des douanes françaises, vu que l'annexion était de fait. Seuls les Mosellans du Bitcherland et les employés polonais restent sur place et s’installent dans la cave. Le mercredi 13 septembre une colonne de militaires américains suivie par plusieurs tanks libèrent le village, dont certains étaient d'origine polonaise. Les Polonais de Manhoué ont expliqué aux Américains d'origine polonaise que les habitants occupant les caves étaient des Français. Le samedi 30 septembre 1944 tout le village a été évacué le 30 septembre à Nancy par les Américains,
Un retour très attendu
Vue aérienne d'Ormersviller en 1945. Les maison n'ont plus de toit.
Le retour au Bitcherland s’effectue au fur et à mesure que les baraquements se montent dans les endroits adéquats et dans les maisons non détruites et mises hors d’eau. Marcel Pierron de Sarreguemines a accompagné le sous-préfet qui devait nommer un maire dans les villages des 18 communes incluses dans le camp de Bitche de 1940 à 1945. Il m’a avoué: « A mon avis, c’est la population de ces 18 communes qui a le plus souffert durant cette guerre. Tous ont été évacués en 1939, ils sont revenus en septembre 1940, puis à nouveau expulsés et transplantés dans le Saulnois en novembre 1940 pour devenir « Siedler ». Partout où Marcel Pierron est passé, il a fait des photographies qui ont été publiées dans de nombreux livres. Les premières familles qui sont revenues ont commencé à habiter la cave de leur maison jusqu'à la mise hors d’eau de la maison.
Il faut vraiment avoir du courage pour revenir dans son village natal détruit après la guerre. Certaines fermes n'étaient pas détruites, par contre pratiquement tout a été volé.
La razzia des chevaux et des bovins
D’après les historiens, lors de leur retraite, les Allemands auraient emmené environ 30 000 chevaux de traits, et 50 000 vaches lors de leur retraite pour être remis aux paysans expulsés en Sarre et au Palatinat. Seule une partie est récupérée après le 8 mai 1945 pour être remis aux paysans expulsés de Moselle. C’est en reprenant une partie des bêtes et des machines agricoles que les paysans du Bitcherland ont pu redémarrer leur exploitation agricole.
Villages détruits
Comme le village d’Ormersviller a été détruit à plus de 75% de nombreux habitants ont dû
En arrière plan, un baraquement pour une seule famille.
Aidés par des prisonniers allemands
Dès le mois de mai 1945, des prisonniers allemands ont été chargés de déminer les champs et les prés. Ils étaient près d’un million en France. De plus, ils ont dû ramasser tous les obus et autres munitions. Ils étaient logés d'abord dans une maison dans la rue du Barrage, puis dans un baraquement.
Chaque prisonnier a déminé durant la journée et le soir, il a aidé aux paysans. Un prisonnier a été affecté à chaque famille de paysan pour les travaux de la ferme. Ils sont été libérés le 31 décembre 1948. Sur le dos de chaque veste était écrit PG (Prisonnier de Guerre). Après leur départ, les paysans ont encore trouvé des petites munitions qui seront déposées à la mairie. Pour les mines et les obus, c’est le service de déminage de Metz qui est intervenu sur place.
Le triste retour après la guerre
La grande surprise à leur retour, c’est un village détruit sans électricité, ni téléphone. Il en est de même dans les 25 villages intégrés dans camp militaire de Bitche de 1940 à 1945. Toutes les lignes électriques ont été démontées durant la guerre par les Allemands. Durant la guerre, toutes les machines en fer et les cloches des églises ont rejoint les usines allemandes pour récupérer les métaux. Tout est parti par la gare de Brenschelbach (Sarre).
On s’éclaire avec des lampes à pétrole et des bougies comme avant 1928. L’électricité et le téléphone reviendront en 1947. Malgré toutes les destructions, seules 60 familles sur 70 sont revenues. Ce sont surtout des double-actifs, qui ont préféré rester sur place, où ils avaient obtenu de bons postes durant la guerre.
Déconstruction et reconstruction
L’entreprise Pierron de Nébing a embauché en 1945/ 1946 sur place pour déconstruire entièrement les maisons détruites. Les poutres des charpentes ont servi pour le chauffage et à la construction d’abris de bois et les moellons ont été entassés en tas rectangulaires et ont servi à la reconstruction. A Ormersviller des rails ont été posés à partir du croisement des rues d’Epping et de Volmunster pour transporter les gravats et les déchets avec des wagonnets à bascule. Ils ont été tirés par un cheval vers le Hasenberg derrière le cimetière où tout a été déversé.
La reconstruction
Vu que plus de 75% des maisons étaient détruites, un plan d’urbanisme a été proposé et approuvé par le conseil municipaL Ainsi les fermes ne sont plus mitoyennes, les rues sont élargies et
un réseau d’eau potable est créé en 1952.
De nombreuses maisons ont été reconstruites dans la rue d’Epping. Vers 1949 une coopérative de travaux de construction, présidée par Joseph Vogel a été créée à Ormersviller. La reconstruction des habitations ne s’est terminée qu’en 1960. La dernière reconstruction a été
la chapelle Saint-Joseph en 1962/1963.
Recommencer à zéro
Quand ils reviennent après la guerre, chaque exploitation doit recommencer à zéro. Heureusement que l’Etat remet aux exploitants
agricoles une partie des chevaux et des vaches que les Allemands avaient emmenés en septembre 1944 ainsi que des machines agricoles. Toutes les familles recommencent à zéro.
A part l’épicier, les 60 familles ont du bétail en fonction de la surface qu’ils exploitent.
Nous sommes en 1960, Antoine vient de préparer son champ de pommes de terre au Pifferberg.
Certains ont eu un ou deux chevaux et entre 5 à 8 vaches, 5 à 6 porcs, des lapins, des poules, des canards et des oies. Chaque famille avait un grand potager et de nombreux arbres fruitiers. Ceux qui ont deux chevaux ont cultivé entre 16 à 20 ha. La plupart des parcelles ont 20 ares, et certaines n'ont que 10 ares.
Les doubles actifs (les maçons et les mineurs HBL) n’ont qu’un cheval et trois à quatre vaches, ou seulement deux à quatre vaches.
En 1960, on commence à remplacer les chevaux par des tracteurs, ce qui permet d'agrandir le troupeau de vaches et de récolter plus de lait. L'argent de la vente du lait au laitier servait aux dépenses courantes de la famille. Par contre, la vente des veaux, des génisses et des porcs permettait d'acquérir des machines agricoles, des meubles.
ou des terres mises surtout en vente par adjudication.
Le tracteur commence à remplacer les chevaux
Comment les familles ont-elles vécu après guerre?
Pratiquement toutes les familles ont vécu en autarcie. Chacun a des poules, des lapins, des oies, des canards, des porcs, un grand potager, des arbres fruitiers On n’achète à l’épicerie que l’indispensable: l’huile, le vinaigre, le sel, le sucre les épices… et le pain chez le boulanger. Chaque famille tue un ou deux cochons par an. Elle en fait du pâté, différentes saucisses, du lard et du jambon fumé, du fromage de tête. On tue un cochon à la Kirb et le deuxième avant Pâques. On boit de l’eau ou du cidre fait maison dans des tonneaux.
Le soir on boit du lait avec des pommes de terre rôties et de la salade verte, la fermière fera elle-même le fromage.
Au retour en 1946, les enfants n'ont rien pour jouer, pas de ballon, pas de jeux de société. Et pourtant ils savent s'occuper. On joue à cache cache, aux gendarmes et voleurs dans maisons détruites, grimper dans les arbres ...
Souvent, ils doivent travailler; donner du foin et des betteraves aux lapins, garder les vaches, et bien d'autres petist travaux. On pouvait jouer dans la rue, car il n'y avait pas de voitures automobiles.
Le grand changement débute en 1960 quand les usines allemandes pnt commencé à recruter du personnel et ont mis en place un service d’autocars. Les femmes vont travailler dans les usines à chaussures et les hommes dans les usines métalliques. Avant 1960, seuls des hommes sont salariés au Houillères de Lorraine et dans les entreprises de travaux publics. Avec la mise en place d’autocars, certains se font embaucher en Allemagne dans les usines. Il en est de même pour les femmes qui vont surtout travailler dans les usines de chaussures. Puis avec l’acquisition des voitures, les autobus ont arrêté de rouler.
Disparition de la cohabitation
Après la guerre, au retour des malgré-nous prisonniers, dans la plupart des familles, il y a de nombreux mariages. Ceux qui vont reprendre l'exploitation vont cohabiter avec les parents, et les autres partent dans les régions industrielles. La cohabitation est tout à fait normale, car les parents exploitants agricoles ne touchent pas de retraite.
Elle sera seulement créée en 1952 et l'assurance
maladie en 1962. A partir de cette période les jeunes couples vont chercher des logements pour ne pas loger avec les beaux-parents. Il arrive aussi qu'ils aménagent un logement au premier étage. Par contre, la cohabitation reste encore en vigueur dans certaines familles, mais cela se raréfie de plus en plus. C'est pour cette raison que de nombreuses maisons d'habitation sont construites par les jeunes couples. Ce n'est pas parce 'il y a plus de maisons qu'il y a 70 ans qu'il y a plus d'habitants. Souvent quand le père ou la mère vivent seuls, à leur décès, la maison est vendue.
Le changement dans l’agriculture
C’est aussi à partir de cette date que les petites exploitations agricoles des doubles actifs disparaissent. Les terrains agricoles sont repris par les grands exploitants et avec la mise en place du remembrement à partir des années 2000. Certains terrains sont actuellement exploités par des exploitants n’habitant pas le village. En 2023, il reste encore 6 fermes dont une famille d’arboriculteurs, une qui vend ses produits sur les marchés et une miellerie.
Certaines fermes élèvent uniquement des vaches allaitantes et d’autres des vaches laitières.
La santé des habitants
En 1946, aucun habitant ne souffrait de surpoids ou était alité. Ils se soignaient surtout avec des tisanes et le fameux Schnaps. Les seuls moyens de déplacements, c'était à pied, à vélo, le chariot attelé de chevaux ou le bus qui passait deux fois par semaine au village pour rejoindre la ville de Sarreguemines. Les mineurs prenaient le bus au village voisin qui les emmenait au Puits Simon à Petite-Rosselle.
Les seuls qui étaient assurés à une caisse de maladie étaient les mineurs et ceux qui travaillaient dans les entreprises de travaux publics chargées de la reconstruction des maisons.
Les paysans n'étaient pas assurés, c'est seulement en 1961 que la caisse de mutualité agricole a été créée. L'adhésion était volontaire.
Il faut signaler que les gens étaient rarement malades. Quand on voyait le médecin au village, c'était exceptionnel. A cette époque, il n'y avait que deux médecins à Bitche et à Rohrbach-lès-Bitche et un à Volmunster.
Quand quelqu'un se cassait une jambe ou avait une tendinite, il allait voir un rebouteux. On en trouvait à Petit-Réderching, Rahling et Hambach...
Il est à remarquer que les gens vivaient sainement, car ils se nourrissaient des produits de leur ferme et de leur potager. A cette époque on n'utilisait aucun pesticide. Grâce au système de l'assolement, les champs étaient sarclés deux fois de suite lors de la culture des pommes de terre et de betteraves.
Alors qu'actuellement, la moissonneuse-batteuse rejette les mauvaises graines dans les champs, à cette époque on moissonnait et les gerbes regroupées en moyettes. Elles sont rentrées à la fin de la moisson, battues dans la grange, et les graines des mauvaises herbes transportées en forêt où elles ne se reproduisaient pas, faute de lumière suffisante.
La communauté villageoise a changé
Jusque dans les années 1960, on se rencontrait à pied dans la rue, dans les champs lors de la moisson ou la fenaison, aux offices religieux et au café après la messe dominicale. En hiver, on se rencontrait lors des veillées où l’on évoquait très souvent l’évacuation en Charente, l’expulsion dans le Saulnois. C’est ainsi, que chacun faisait partie d’une véritable communauté. Au décès d’un habitant, le cercueil est resté à la maison du décédé. Une personne de chaque famille du village y est allée pour s’y recueillir, puis elle a assisté aux obsèques à l’église. Quatre voisins ont creusé la tombe et ont porté le cercueil jusqu’à l’église puis au cimetière. Et c’est ainsi qu’il y avait une vraie solidarité entre les habitants du village. De plus tout le monde se connaissait. Actuellement c’est une entreprise de pompes funèbres qui s’en occupe, et le cercueil est entreposé dans un local funéraire.
L’évolution du transport des personnes
Avant la guerre, un car reliait Bitche et Sarreguemines à partir de Volmunster. Pour se déplacer en famille, ceux qui avaient des chevaux se déplaçaient en char à bancs, qui est une voiture hippomobile ouverte, à quatre roues, destinée à transporter plusieurs personnes.
Après la guerre, un seul char à bancs a été retrouvé qui va servir à de nombreuses familles à Ormersviller. Pour aller à Sarreguemines ou Bitche ou pour prendre le train en 1946 et 1947 le service de transport fonctionnait avec des camions bâchés qui ont été remplacés par des autobus. En 1950, seuls le charron et l’épicier avaient une voiture commerciale personnelle. Pour se déplacer, beaucoup ont utilisé la bicyclette ou la mobylette particulièrement les jeunes. En 1960, les premières voitures personnelles sont achetées pour rejoindre le poste de travail. Pour tous, il y avait deux problèmes, le permis et le financement. D’abord ce sont les jeunes qui ont passé le permis, puis la plupart des habitants. Vu la progression rapide des déplacements personnels en voitures, les liaisons avec les bus vont disparaître. A partir des années soixante, les bus scolaires sont mis en place pour les collèges et les lycées. A partir de 1975, ce sont regroupements scolaires qui utilisent les bus de plus en plus. Actuellement, il y a vraiment un abus dans les déplacements. On prend la voiture pour tous les déplacements au village. Alors qu’en 1946, tous les enfants allaient à pied à l’école, en 2024, on prend la voiture pour faire 200 mètres.
Une évolution inattendue des familles
Jusque dans les années 1970, toutes les familles se connaissaient, car c’était toujours la même famille qui y habitait soit le fils, soit la fille qui reprenait la maison. Depuis les années 1960, la femme va aussi travailler, les enfants sont gardés par les grands parents ou une nourrice. C’est à partir de cette époque que les familles nombreuses se raréfient et c’est ainsi que les écoles des villages ferment Avec le départ de tous les enfants, les maisons ont commencé à se vendre, et c’est ainsi que de nouvelles familles françaises et allemandes achètent et s’y installent. Beaucoup de nouvelles maisons se sont construites dans la rue de Volmunster, d’Altheim, de la Chapelle et de la Forêt. Grâce aux associations, ceux qui en font partie apprennent à se connaître. Malgré les animations organisées par la commune ou les associations, certaines familles refusent d’y participer, surtout lorsqu’elles ne sont pas originaires du Bitcherland.
La vie des jeunes
La formation des jeunes a été très troublée de 1939 à 1946. 1939 à 1940, ils fréquentent l’école en Charente, puis de 1940 à 1945, c’est l’école allemande avec l’écriture gothique jusqu’au 3 janvier 1941, puis Hitler impose l’écriture cursive, quand il apprend que la gothique a été inventée par un juif. A Ormersviller, deux institutrices nommées début 1946 quittent le poste, car il n’y a pas de matériel correct, ni électricité et eau. L’école a ouvert le 1er octobre 1946 dans l’ancienne école des filles avec l’instituteur Joseph Weissend. Avec les deux annexions allemandes, les parents nés avant 1910 ne parlent que la langue francique à la maison. Par conséquent, au village jeunes et moins jeunes ne parlent français qu’à l’école. Encore en 2024, certains jeunes continuent à parler le Platt pour pouvoir discuter avec leurs grands-parents. Tous les jeunes restent à l’école élémentaire jusqu’à 14 ans. A partir de 1964, un car de ramassage les emmène au collège de Bitche, ce ne sont que les bons élèves qui font des études secondaires. Pour y accéder il faut passer un examen d’entrée en sixième à 11 ans.
Depuis, l’inscription automatique au collège, les jeunes apprennent à faire connaissance de nombreux jeunes des autres villages, ce qui change toutes les relations.
Pourquoi les jeunes ne restent-ils pas au village?
Les jeunes qui font des études supérieures restent rarement au village, car les postes qu’ils vont occuper sont souvent dans les grandes villes de Lorraine ou d’Alsace, voire ailleurs en France ou à l’étranger. C’est la raison pour laquelle de nombreux clubs de sport ont été dissous faute de membres suffisants. De plus, les naissances baissent, avec l’arrivée des voitures pour tous, certains jeunes acceptent plus facilement un poste loin de la famille.
Le rôle important des associations
A l’initiative de Robert Kister de jeunesse et sports, des foyers de jeunes et des associations sportives ont été créées dans les années 1960 à 1970. Puis dans les années 1980, Arthur Letzelter du Parc naturel régional des Vosges du Nord a lancé les clubs de seniors. Hélas, pour qu’une association perdure, il faut toujours un bon président soutenu par son comité et la commune. Au fil des ans, des clubs de football ont dû s’associer à d’autres villages et d’autres associations ont été dissoutes par manque de membres et d’activités. Les associations ont deux salles à leur disposition: la salle Bexon et la salle socioculturelle. A Ormersviller, on trouve les associations suivantes:
L' Entente ORMERSVILLER-EPPING est un club de football affilié au district Moselle , son siège est à Ormersviller, il comporte 2 équipes pour la saison 2023 - 2024. Le FC Ormersviller a été créé en 1938
Le club des Aînés regroupe des membres
d’Ormersviller ainsi que d’autres villages. Il a un groupe de danses qui s’entraîne une fois par semaine. Une fois par mois, les membres se retrouvent pour des jeux de société. Au mois de septembre, elle cuit du Quetscheschlaeggel (une marmelade typiquement locale)
L’association des Amis de la chapelle Saint-Joseph entretient la chapelle et organise le pèlerinage de l’Assomption.
Assemblée générale des Amis de la chapelle en 2023.
L'association des parents d'élèves
Ces quatre associations s’entendent bien et s’entraident.
Cela génère un bon esprit et une excellente solidarité au village, très appréciée par les nouveaux habitants.
Il faut noter qu'entre le village et le hameau Selven sur un terrain communal on a commencé dans les années cinquante:
- un terrain de football
- le complexe salle socioculturelle, mairie et club
- le presbytère aménagé en sept logements
intergénérationnels comprenant une antenne paroissiale et la salle Bexon destinée aux rencontres diverses.
Baisse la pratique religieuse
Comme le presbytère a été détruit, le curé Jean-Pierre Karp, expulsé en France en 1941 avec 98 autres prêtres, est revenu 1945 et a logé dans le logement de l’école de filles et les offices ont été célébrés dans la salle de classe de l’école de garçons. Après la réparation du toit, les offices ont été célébrés à l’église. Le dimanche à 8 h le curé a distribué la communion et à 10 h, c’était la messe solennelle à laquelle tous les habitants du village assistaient. Aux vêpres de 14 h environ 50% de la population venait.
En mai et en octobre, on récitait à 19 h le chapelet et les litanies à l’église. Seules les personnes âgées y assistaient ainsi que les enfants qui en profitaient pour jouer ensemble après l’office.
Tous les matins à 7 h, une messe basse était célébrée à laquelle une vingtaine de femmes assistaient ainsi que les enfants.
Baisse de présence aux offices
Office dans les années 1980
Office religieux en 2023
La participation aux offices a commencé à baisser vers les années 1970 quand les habitants dont découvert le monde grâce au cinéma, la télévision, le travail dans les entreprises, les voyages. Les jeunes commencent à suivre des études secondaires, voire supérieures. Alors qu’avant tous les enfants suivaient le catéchisme jusqu’à 14 ans. Certains se font dispenser actuellement. Ce qui a beaucoup marqué les Mosellans c’est l’évacuation en Charente. « En Moselle, les prêtres s’opposaient aux bals dans les villages, menaçaient de l’enfer pour toute faute commise. Alors qu’en Charente, on parlait surtout du principe de l’évangile: Aimez vous les uns les autres. En Charente, les prêtres ne parlaient que de l’amour et en Moselle que de l’enfer » expliquait un habitant d’Epping dans un reportage.
Le rôle du chapelet
Beaucoup de jeunes jusqu’à la classe 1927 ont été incorporés de force par les Allemands en 1942, d’autres sont passés par des camps de concentration ou de prisonniers. Beaucoup de familles ont dû vivre dans les caves lors des bombardements, etc. Sans secours et on ne connaissant pas l’avenir, pour la plupart le seul recours a été le chapelet. C’était surtout le cs de ceux qui sont été incorporés de force ou déportés. A leur retour, certains ont conservé ce chapelet et l’ont montré aux visiteurs à leur retraite. Il en est de même chez les Ukrainiens lors de l'invasion de la Russie en 2022. Les soldats ukrainiens utilisent sur le front les icônes religieuses comme des talismans.
Au fil des ans le fait de vivre avec le religieux a lentement quitté les nouvelles générations qui font des études, des voyages, des sorties, assistent aux concerts, plutôt qu’au bal, sont influencés, par les réseaux sociaux…
Actuellement, dans les ménages où le couple travaille, les resources sont plus abondantes ce qui leur permet de construire une maison et de ne plus vivre en colocation où les grands-parents exigeaient la fréquentation aux offices.
Actuellement, pour ceux qui déclarent croire en Dieu et qui pratiquent, le choix est aussi moins imposé et plus réfléchi. Il en est de même pour le choix du partenaire dans le couple. L’esprit de liberté est apprécié, chacun vit pour soi, organise ses sorties le week-end, certains continuent à faire partie d’une association du village ou ailleurs.
Informations et communications
En 1945, seule la poste a fonctionné, c’est ainsi que toutes les communications lointaines se faisaient par lettre. Au début, le facteur apportait les journaux Courrier de Metz chez le curé Jean-Pierre Karp qui le faisait distribuer par les enfants. Vers les années 1948 il est envoyé par la poste. De nombreuses familles se sont abonnées à l’hebdomadaire: L ‘Ami des Foyers chrétiens. Ensuite, certains se sont abonnés à France Journal, puis ceux qui savaient lire le français au Républicain lorrain. Vers les années 1950, ce sont les radios qui sont entrées dans les foyers et vers 1960 ce sont les transistors que jeunes emmènent dans leur chambre . Alors que les jeunes écoutaient les stations françaises et les seniors écoutaient surtout Radio Sarrebruck.
En 1947, le téléphone public est installé chez Ernestine Vogel qui habite dans un baraquement dans la rue de Volmunster. Vers 1950, Joseph Schaff, le charron, la mairie et le bureau de la coopérative de construction ont obtenu le téléphone. A cette époque, on s’en sert qu’en cas de besoin. Puis au fur et à mesure les téléphones s’installent, et à un moment donné uniquement si la ligne est libre.
L’impact de l’audiovisuel et du numérique
En 2007 est installé la fibre optique grâce à laquelle, chaque foyer peu avoir le téléphone, internet et la télévision. Le Bitcherland a été le premier pays rural a être câblé en France. A partir de 1985, c’est le portable qui s’est développé. Dans les années 2010 est arrivé le smartphone qui est un vrai ordinateur portable et un appareil photo numérique de poche
Suite à ces moyens de communication, les gens se rencontrent et se parlent de moins en moins. Comme on ne s’écrit plus de cartes, ni de lettres et ainsi chacun perd l’habitude d’écrire. En somme, les jeunes couples n’achètent plus le journal, mais le lisent sur internet et on diffuse beaucoup d’informations sur les différents réseaux sociaux.
Les rues sont vides
Les enfants ne jouent plus dehors et lisent de moins en moins les livres. En raison du contrôle du taux d’alcoolémie pour conduire les voitures, les cafés ferment les uns après les autres, seuls les restaurants restent ouverts. Le café d’Ormersviller est fermé depuis 1991. Les restaurants brasseries sont les plus nombreuses. Plusieurs restaurants gastronomiques ont ouvert. Ce qui se fait de plus en plus, ce sont banquets dans les salles polyvalentes. Ormersviller a deux salles, la salle Bexon et la salle socioculturelle.
En raison de tous ces moyens modernes pour communiquer, les rues sont seulement occupées par les voitures, les cars et les tracteurs. Certains prennent la voiture même pour un déplacement de 300 m .
La marche est l'activité physique la plus vieille au monde qui peut être pratiquée de 1 à 100 ans
Joseph Antoine Sprunck
Nota: L’auteur, a choisi Ormersviller, d’où il est originaire. Il a vécu la guerre 1939/1945, la vie dans les baraquements et la rapide évolution de 1946 à 1984. De plus, en tant que correspondant de presse, il y assiste aux nombreuses manifestations. Publié le 23 janvier 2014.
Joseph Antoine Sprunck
Sources:
- L'immédiat après guerre de Bernard Meddahi
- Ormersviller, au fil des ans de Gérard Henner
- L'arrondissement de Sarreguemines de Joseph Rohr
- Enquête de l'auteur en 1958
- Collection personnelle des photos