A Volmunster, un monument a été érigé pour rendre hommage à Emile Gentil, explorateur en Afrique qui a réussi le premier à planter le drapeau français au bord du lac Tchad qui a une superficie de 1 350 km2.
Son périple s’est réalisé à pied, mais aussi grâce à
Le Léon Blot sur le lac Tchad (Photo DR)
son bateau-vapeur Léon Blot démontable. Ainsi il a pu naviguer sur le Congo et transporter le Léon Blot sur le Nana et éviter les rapides.
Emile Gentil est né le 4 avril 1866 à Volmunster. Son père Jules Martin, aubergiste est originaire de Briey en Meurthe en Moselle. Après le traité de Francfort du 10 mai 1871, l’arrondissement de Briey est rattachée à la Meurthe-et-Moselle et la Moselle et l’Alsace sont annexées à l’Allemagne. Ses parents optent pour la France et s’installent à Briey, puis à Nancy. Après l’école primaire, il fréquente le lycée. Il est admis à l’école normale d’Instituteurs. Comme le métier d’enseignant ne lui convient pas, il entre à 17 ans à la marine en1883.
A l'école Navale de Brest
Il est admis à l’école Navale de Brest. Le 1er août 1885, il est élevé au grade d’aspirant de deuxième classe. Emile Gentil embarque le 5 octobre 1885 sur la « Frégate » et d’autres bateaux. Il est blessé au cours d’un service commandé sur la Couronne . Puis sur le Calédonien, en 1887 il est second de quart et attaché au détail général. Le 5 octobre 1888, il devient enseigne de vaisseau sur l’Alceste; Il est chargé de l’instruction militaire de l’équipage, puis sur le Courbet en 1891, il est nommé chargé de mission des relevés hydrographiques, puis administrateur colonial pour servir au Congo et au Gabon où il découvre l’Afrique.
Nous sommes à l’époque qui suit le congrès de Berlin (1885) qui a marqué l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique.
Les missions d’Emile Gentil
Il a une double mission du Gouvernement:
atteindre le Lac Tchad par le sud et anéantir la puissance de Rabah qui opprime les peuplades. Alors que Crampel et F. De Behagle ont été assassinés, Emile Gentil, émule de Brazza, a réussi sa première expédition pour arriver au lac Tchad. Pour Emile Gentil, la seule solution a été de naviguer sur le Congo et sur le Chari. Le but de la mission d’Emile Gentil a été de trouver le chemin le plus court pour arriver au Lac Tchad par le Sud et de hisser le drapeau français au bord du Lac.
Départ de l’expédition
En juillet 1895, Emile Gentil arrive à Loango, port du Gabon, et ramène le vapeur Léon Blot démonté en 1500 pièces dont certaines pèsent 200 kg, Elles seront portées jusqu’à Brazzaville distant de 500 km. Emile Gentil quitte Brazzaville avec le Faidherbe transportant sur le Congo les pièces du Léon Blot. Il remonte en bateau le Congo, l’Oubangui et la Tomi jusqu’à Krébedjé. Pour continuer, il construit une route de 150 km sous la pluie battante et sous la chaleur. Le 15 septembre 1896, il atteint la Nana un affluent de la Chari qui se jette dans le Lac Tchad. Il remonte le Léon Blot avec des moyens précaires et un personnel insuffisant. Enfin le 25 janvier1897, le vapeur flotte sur la Nana. Hélas, ils débouchent sur des rapides. On démonte à nouveau le Léon Blot en sept parties et on le remonte. Au confluent de la Nana et du Gribingui, la mission crée une station fortifiée, puis elle débouche sur le Chari, la voie fluviale qui a conduit la mission au Lac Tchad le 1er novembre1897. Le drapeau français y est planté« Cela a été un spectacle merveilleux, une vraie mer, d’autant plus que pour compléter l’illusion une jolie brise soufflait qui formait un clapotis assez sérieux.
Mettre fin à l‘oppression de Rabah
Emile Gentil, se rend avec quatre hommes d’escorte à Massénya, auprès de Gaourang, sultan du Baguirmi, et conclut avec lui un traité de protectorat qui lui servira de base pour lutter contre Rabah qui opprime des peuplades.
En juillet 1898, il rentre en France après 39 mois passés en Afrique.
Partout, il est chaleureusement accueilli.
Il revient le 14 août sur le Chari avec le Léon Blot et son but sera d’anéantir la puissance de Rabah qui oppriment les peuplades. A son retour, il doit venger le massacre de la mission Bretonnet au combat de Togbao, survenu le 17 juillet 1899. Après avoir constitué une base fortifiée à Fort-Archambault, il s’attaque à Rabah qu’il rencontre à Kouno le 20 octobre 1899. Les victimes sont nombreuses des deux côtés. Les blessés sont soignés par le docteur Allain.'itinnéaire. Sur 344 hommes en ligne, il y a 106 blessés et 46 tués. C’est la défaite complète de Rabah, mais sa puissance n’est pas anéantie.
Jonction des missions
Les missions de Foreau et Lamy venant d’Algérie et celle de Joalland et Menyer venant du Soudan arrivent le 21avril 1900.
Grâce à cette jonction de missions, Emile Gentil décide d’attaquer l’armée de Rabah le 22 avril. Emile Gentil confie la direction des opérations au commandant Lamy. En engageant toutes les forces réunies contre les hordes fanatiques du sultan négrier Rabah. Toute l’armée de Rabah est mise en fuite et laisse un millier de morts. Comme Rabah est également tué, son empire disparaît. Ce combat victorieux a également ôté la vie à des soldats et au commandant Lamy.
Emile Gentil nommé commissaire général
Pour le gouvernement, Emile Gentil a été le principal artisan du succès. Il l’a alors nommé gouverneur et officier de la Légion d’honneur. Il est placé à la tête du territoire militaire du Tchad, créé par décret du 5 septembre 1900.
En 1901, il est rentré en France où la Société de géographie lui attribue la grande médaille d’or. En 1902, il est nommé lieutenant-gouverneur du Congo français, puis en 1904, commissaire général des possessions équatoriales françaises. Il a la fonction d’administrer les immenses territoires qu’il a explorés et où il a combattu.
Par décret du 29 décembre 1904, il a obtenu la division des possessions françaises en quatre régions:
Le Gabon, le Moyen-Congo, Oubangui-Chari et le Tchad.
Pour améliorer la situation financière des budgets, il a réussi à faire accepter aux peuplades l’impôt de capitation. Il s’efforce d’établir une administration habile, rationnelle et énergique, sous l’égide d’une politique généreuse et animés de sentiments élevés.
Des fonctionnaires aventuriers
Hélas, certains fonctionnaires, de vrais aventuriers, inconnus par lui, ont échappé à sa surveillance et ont donné aux instructions une interprétation erronnée, souvent délictueuse. C’est le journal « Le Matin » qui déclenche une campagne de presse le 15 février 1905.
Accablé par cette peine, Emile Gentil a quitté Brazzaville le 25 août 1905 pour la France.
Les conclusions de la commission, présidée à un ancien ministre, M. De Lanessan: « libèrent absolument M. Gentil des reproches si bruyamment lancés et exploités contre lui… En fait ce n’était pas un homme qu’il fallait blâmer. Celui-là précisément avait fait plus que tout autre pour mettre de l’ordre dans une administration désorganisée. Il fallait seulement mettre à sa disposition les moyens matériels et les effectifs qui eussent permis de faire progresser le Congo français… »
La déception
Il est nommé gouverneur de première classe et rejoint son poste en mai 1906.
Devant la carence du pouvoir central ,
il a abandonné son poste en octobre 1908 et se retire pauvre à Bordeaux où il retrouve son épouse Rose Depecker, est ses trois enfants, sa fille Geneviève née le11 janvier 1902, son fils Robert né le 15 mars 1906, et la cadette Marcelle, née le 23 août 1907.
Pour Jean Glenisson, chef de service des archives du Gouvernement général de l’Afrique équatoriale française « L’histoire a placé Emile Gentil aux côtés de Brazza parmi ceux qui ont fait l’Afrique Equatoriale française : il fut un grand et bon serviteur de la France ».
Son humanité
Emile Gentil était contre le trafic des esclaves, c’est pourquoi, il a écrit dans son livre La chute de l’Empire de Rabah: « Ne serait-ce que pour empêcher à l’avenir semblable trafic, … il est légitime que nous nous fassions les champions et les protecteurs de ces opprimés. Ce but seul suffit à justifier notre expansion en Afrique »
Emile Gentil a donné à son vapeur le nom « Léon Blot », car un jeune mécanicien colonial qui voulait tout prix atteindre le premier les rives du Lac Tchad, est mort d’une fièvre pernicieuse, au cours de l’expédition.
On retrouve la trace du Léon-Blot sur le lac Tchad en 1997 et une partie de la coque est rapatriée en 2004 par le 72e BIMA au musée des troupes de marine à Fréjus.
Il a toujours aidé les missionnaires. Il leur accordait une aide sans réserve.
Les hommages
Emile Gentil est mort le 30 mars 1914 à Bordeaux. D’abord enterré à Bordeaux, puis transféré au Père Lachaise à Paris le 28 janvier 1922 où son épouse le rejoindra en 1923.
Une plaque souvenir a été fixée le 7 juillet 1932 sur la maison à Bordeaux
A Emile Gentil
Le glorieux explorateur du Tchad-Congo
1895-1901
Habita cette maison
où il mourut le 30 mars 1914
Hommage reconnaissant
de
Bordeaux
A Volmunster un monument a été érigé à l’initiative de Gaston Joseph, ancien gouverneur des Colonies. Il a été financé grâce à des dons envoyés au comité d’action présidé par Guillaume Meysembourg, industriel de Sarreguemines avec l’inscription
Emile Gentil
1866-1914
Explorateur
Pionnier de l’expansion coloniale de la France en Afrique Equatoriale,
Commissaire général du Congo français
Il a été inauguré par Calixte Geay, préfet de la Moselle, son fils Robert Gentil, fonctionnaire de l’administration coloniale au Cameron et ses deux soeurs, Geneviève et Marie-Sophie étaient présents.
L’abbé Jean-Pierre Weber, curé de Lengelsheim et conseiller général a dit en résumé: « Cette journée est une journée de gloire pour Emile Genti, mais de gloire aussi pour ses concitoyens auxquels ce vaillant servira toujours d’exemple et sa vie de leçon. »
La stèle le 14 juillet 1945, il manque le buste qui a été emmené en Charente le 1er septembre 1939. Il sera remis en place en mai 1946 après le retour des Volmunstérois restés en Charente durant toute la guerre.
Autres hommages
Une stèle a été érigée à Ford-Lamy et à Brazzaville, une ville porte son nom au Gabon, Port-Gentil.
A Volmunster une rue ainsi qu’une la salle polyvalente portent le nom Emile Gentil et une salle porte le nom du bâteau Léon Blot.
Volmunster le 29 février
Sources:
Emile Gentil de Eugène Heiser (1976)
Les grands soldats coloniaux du Lieutenant-colonel Claude Bernard (1931)
Photos: collection personnelle et du livre Eugène Heiser