Parce qu'ils ont déserté l'armée allemande, des Mosellans sont emprisonnés par les Américains en 1945
Quand les Américains ont libéré la Moselle, certains jeunes gens évadés de l’Armée allemande doivent se présenter à eux.
PJHOTO RL
Joseph François Gross de Rohrbach-lès-Bitche en faisait partie. Il nous relate leur humiliation dans le livre «Les Fléchards, Malgré-Nous et évadés» grâce à de nombreux témoignages.
Beaucoup de Malgré-Nous mosellans, de retour du Front russe se sont cachés lors d’une permission. Ils ont eu la mauvaise surprise de devenir prisonniers des Américains entre le 1er et le 17 décembre 1944. Ils sortent du camp de la Flèche le 15 mai et ne seront libérés que le 25 mai 1945.
Si l’Alsacien-Mosellan, citoyen français, ne se présentait pas à la caserne allemande, les parents étaient considérés comme responsables d’après la loi allemande de la «Sippenhaft» et étaient déportés. C’est la vraie raison de leur incorporation.
Le sort réservé aux évadés
Le camp de la Flèche à Thorée-les-Pins
à la Flèche, dans la Sarthe, où ils restèrent cinq mois. D’où le nom de “Fléchards” qu’ils se sont donnés depuis. André Schutz, ancien conseiller pédagogique, originaire de Strasbourg s’est livré aux Américains en Thuringe. Il a subi le même sort par l’envoi dans le camp de Marseille où il a subi les mêmes humiliations avec 850 autres Alsaciens-Lorrains.
«Au lieu d’être accueillis à bras ouverts par les Américains, les réfractaires furent traînés de geôle en geôle, de camp en camp, à travers des foules hostiles..» Robert Schoeser de Neunkirch raconte dans le livre «Les Fléchards» «On nous emmena en captivité au camp de la Flèche, à Thorée-les-Pins, en Sarthe. Nous devions y rester cinq mois, mêlés aux Allemands, commandés et menés par eux. Nous y avions souffert. Un de mes camarades de Frauenberg, Raymond Starck est même mort par suite des privations endurées.» On leur demande de témoigner: «Nicolas, toi, tu as tout vécu, les Charentes en 39, la guerre en 40, la Russie en 43 et les “Fléchards”en 45... Il faut que tu racontes la vérité, puisque personne n’a envie de le faire. Ou alors, s’ils le font, ils gardent ça dans leurs tiroirs. Il faut que tu leur dises une bonne fois pour toutes :
“ Voilà le genre de boche que j’étais !”
En Moselle: 21 000
En Alsace: 61 834
En Moselle: 6273
En Alsace: 14 225
Joseph Antoine Sprunck