Accéder au contenu principal

Le Bitcherland est un pays d’histoire

 L’histoire de Bitche et sa région, bien que  ne débutant qu’au douzième siècle, est très riche en événements.




C’est en 1172 que les Lorrains érigent  sur le rocher dominant la dépression un château appelé Bytis-Castrum, puis Bitis en 1196.


En 1297: Ferry III, duc de Lorraine, échange la châtellenie de Sarreguemines et d’autres terres contre la seigneurie de Bitche. Cette dernière échoit à Eberhardt, comte de Deux-Ponts. Il agrandit le château et en  fait sa résidence. Au pied du château, deux villages, Kaltenhausen et Rohr, se développent.


1297-1532: La seigneurie porte le nom de Deux-Ponts-Bitche. Les comtes guerroient  souvent avec leurs voisins. Kaltenhausen est souvent la proie des flammes.



Photo Tripavidsor

La chapelle a été construite en 1505 par le comte de Rheinhard de Deux-Ponts


1532-1570: Jacques, comte de Deux-Ponts-Bitche, est à  la tête d’un comté important qui s’étend à l’est, jusqu’à Brumath. Il rénove le château et y organise, pour les seigneurs des alentours, de nombreux banquets qui se terminent souvent en beuveries. Il meurt en 1570.


1570-1572: Philippe V,  comte de Hanau-Lichtenberg, son gendre prend possession du comté au nom de son fils. Le château de Bitche devient sa résidence. Philippe, ayant acquis la religion protestante, introduit la nouvelle religion dans le comté. En représailles, son suzerain, Charles III, duc de Lorraine, fait occuper Bitche. Philippe est obligé de fuir.


1633: La guerre de Trente ans arrive au Pays de Bitche. Les Suédois, envoyés par le roi de France et le cardinal Richelieu occupent  la région. Ils essaient en vain de s’emparer du château. Furieux, ils incendient Kaltenhausen et commettent de nombreux  massacres.



Cette borne de 1687 est appelée par les habitants d'Ormersviller et de Brenschelbach : La borne des Suédois


1634: Les Français remplacent les Suédois. Avec leur puissante artillerie, ils réussissent à endommager le puits du château obligeant la garnison lorraine à se rendre.

"Les terres demeurèrent sans culture et les campagnes sans habitants, les glands et les racines devinrent la nourriture ordinaire, et à son défaut, l'on vit des pères de famille réduits à la nécessité de mourir ou qui ne pouvant vivre que par la mort de leurs enfants, prirent la résolution de les manger" (P. Hugo, Vie manuscrite de Charles IV)

 

1634-1679: Bitche est tantôt lorrain, tantôt français


1680: Bitche est officiellement rattaché à la France. Vauban, le célèbre  ingénieur de Louis XIV est chargé de fortifier la cité. L’ancien château est complètement rasé et remplacé par une forteresse bastionnée, avec de multiples souterrains. Un mur d’enceinte entoure Kaltenhausen et Rohr. C’est alors que  ces deux villages prennent le nom de Bitche. Le pays de Bitche se repeuple grâce au fameux arrêté  du roi donnant la  faculté aux habitants, déjà établis  et ceux qui viennent de devenir propriétaires des terres qu’ils défrichent. sans rien payer pendant dix ans. C‘est à partir de 1680 qu’on retrouve  à nouveau, les registres d’état civil dans les paroisses. Les anciens ont été brûlés par les Suédois.



1697: Lors du traité de Ryswick, la France est obligée de céder la Lorraine à son propriétaire légitime: Léopold I er, duc de Lorraine. Mais avant de se retirer, les troupes françaises détruisent toutes les fortifications: la forteresse de Bitche est rasée,  le mur d’enceinte est démantelé.


1697-1737: Bitche, qui avait beaucoup souffert lors de la guerre de Trente ans et des guerres franco-lorraines, continue à se repeupler.  Ce sont des artisans et des ruraux  qui viennent de Savoie et du Dauphiné,  de Suisse,  du Tyrol, de la Picardie…  


 1737: Un compromis est trouvé. Stanislas, beau-père de Louis XV renonce définitivement au trône de Pologne, en échange du duché de Lorraine et du Bar. Le roi Louis XV accorde à la Lorraine le droit 


Citadelle  en 2024

de  fortifier à nouveau Bitche. Une nouvelle forteresse est  reconstruite. Chef-d’oeuvre de l’architecture militaire française, elle est considérée grâce à son réseau de souterrains comme imprenable. La citadelle est le plus important site historique du Pays de Bitche.


1793: Dans la nuit du 15 et 17 novembre  1793,  les Prussiens essaient de prendre la citadelle. Ils ont été repoussés par la garnison qui leur a infligé de lourdes pertes. Pour se venger, ils emmènent des otages civils de Volmunster, Eschviller et Schweyen.


1802-1814:  La forteresse est transformée en prison. Plusieurs centaines d’Anglais y ont été internés dans les souterrains.


1814: Défaite de Napoléon. Les alliés  bloquent Bitche.


1815: Deuxième blocus


1852: Napoléon III décide d’améliorer la défense de Bitche. La ville est entourée d’une enceinte.


1870-1871: Bitche est encerclée  par l’ennemi. Le commandant Teyssier, commandant de la place résistera vaillamment. Le siège  durera 230 jours, le plus long de ce conflit


Photo DR

Citadelle de Bitche en 1872



1871-1918: annexion à l’Allemagne, suite au traité de Francfort du 10 mai 1871. Le traité préliminaire de paix entérinant la cession est ratifié, à la demande d'Adolphe Thiers (premier chef de l'État de la Troisième République), le 1er mars 1871 par le parlement français réuni à Bordeaux ; le vote comptera 546 députés favorables à la cession, 107 contre et 23 abstentions. 




Les Allemands construisent  des casernes et le camp de Bitche.  La citadelle est transformée en dépôt. Certains habitants ne voulant pas porter l’uniforme allemand émigrent en France, d’autres en Amérique. Le Bitcherland se dépeuple. 


1918-1940: Retour à la France.  Construction de la ligne Maginot  avec de nombreux ouvrages comme le Simserhof. 




Le 1 er septembre 1939, toute la population située dans la zone rouge le long de la frontière allemande est évacuée en Charente. 




En septembre 1940,  la plupart  sont rapatriés. L’armée allemande agrandit le camp de Bitche et expulse les familles de 18 communes    dans le Saulnois et la région messine. Ils vont  remplacer les familles francophones  expulsées dans différentes régions de France.



Mémorial de l'expulsion à la chapelle Saint-Joseph à Ormersviller


1940-1945 : Bitche est  aux mains des nazis. De nombreux régiments  allemands sont constitués à Bitche avent leur départ sur le front russe. Du 5 décembre 1944 au 16 mars 1945, la ville de Bitche est en état de siège alors que le reste du département est libéré par les Américains. Obligés de se terrer dans les caves pour échapper aux bombardements, 3 500 Bitchois - dont 600 abrités dans les souterrains de la citadelle - attendent la fin des combats.

Le Bitcherland sera définitivement libéré le 16 mars 1945 après de nombreux bombardements.




1945 à 1960: Après la libération, des baraquements seront montés dans  toutes les communes pour pouvoir loger la population.





 La reconstruction des maisons  se termineront en 1958. Dans les villages détruits à plus de 75% un plan d’urbanisme a été mis en place. Dans ces villages, on a  élargi les rues, créé des places publiques, des trottoirs et mis en service  un réseau d’eau potable.

La frontière de la Sarre est ouverte de 1945 à 1956.




1960:  Dès 1960, les entreprises allemandes recrutent des Français et des Françaises et mettent en place    un service de ramassage en bus. Le 14 juin 1985, la République fédérale d’Allemagne, la France, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas ont signé à Schengen un accord relatif à la suppression graduelle des contrôles de personnes aux frontières intérieures entre les parties contractantes.



Les maires des communes frontalières ont de plus en plus des relations amicales. Bitche est jumelée depuis 1979 avec Lebach en Allemagne. Ormersviller a des relations très étroites avec Brenschelbach depuis très longtemps.



Rencontre d'élus français et allemands à la frontière allemande

2015: Les communes des  cantons de sont regroupés en un seul canton, sauf Kalhausen, rattaché au canton de Sarreguemines.  Le canton de Bitche est conservé et s'agrandit. Il passe de 16 à 46 communes. C’est un ensemble de communes  qui de tout temps actuellement partie du Bitcherland, nom utilisé  par la plupart des habitants qu’on appelle Bitcherlandais. Il est appelé  officiellement le Pays de Bitche. D'après certains historiens avant guerre, c'étaient   uniquement ceux qui  habitaient dans le pays découvert qui habitaient au Bitcherland. Dans le pays de verre et du cristal où l'on parle d'ailleurs un autre dialecte, les habitants ne disaient pas qu'ils habitaient au le Bitcherland. Et c'est surtout durant  la guerre que les expulsés disaient qu'ils  habitaient au Bitcherland.

La Communauté de Communes du Pays de Bitche intervient efficacement dans le canton dans ses divers domaines de compétence: 

la petite enfance, l'environnement, le cadre de vie et le développement économique.


C’est ainsi qu’elle gère plusieurs sites touristiques, le ramassage des ordures,  les décharges publiques, l’entretien  des lits mineurs des rivières, l’office de tourisme…


Joseph Antoine Sprunck


Sources: 

  • L’arrondissement de Sarreguemines de Joseph Rohr
  • Le Pays de Biche par Marie-France Jacops, Jacques Guillaume et Didier Hemmert
  • Bitche et son pays de André Schutz
  • Site de la communauté des communes
  • Collections de photos personnelles.
  • Un village lorrain: Bousseviller de Paul Glath
  •  



.



Posts les plus consultés de ce blog

Les épreuves subies pendant et après la guerre de 1939-1945 par une famille lorraine

C’est l’histoire authentique d’une simple famille paysanne du Bitcherland ou l'Itinéraire d'un jeune  durant la guerre Quand Antoine Sprunck, cultivateur, âgé de 45 ans, père de 5 enfants, habitant d’Ormersviller (Moselle), situé à la frontière sarroise, à 11 km au nord de Bitche, est mobilisé le 23 août 1939 au 23 ème SIM à Dieuze (Sud de la Moselle), il ne se doute pas qu’il ne pourra pas exploiter sa ferme d’une quinzaine de hectares pendant sept ans.      Il quitte Ormersviller avec le “Poschtauto” Jost, prend le train à Bitche, puis à Sarreguemines pour Dieuze, où il reviendra fin 1944 avec sa famille après une longue pérégrination.  Il ne retournera avec sa famille habiter dans son village natal que le 1er avril 1946. Après avoir déménagé huit fois, il n’emménagera qu’en 1954 dans sa maison reconstruite.   Antoine avec ses deux chevaux dans la cour pavée devant l'écurie. Son fils René, âgé de 13 ans, monte un cheval en 1939. La mobilisation En 1939, Antoine est père d

Guerre d'Algérie: témoignage d'un ancien appelé du contingent de 1961-1963

En 1962, je ne me promenais pas au Bitcherland, mais j’étais en Algérie avec 400 000 autres appelés pour combattre les Fellaghas et l’OAS. C’était pour le maintien de l’ordre, mais en réalité c’était une guerre qui a duré 8 ans de 1954 à 1962. Le rêve d'une "décolonisation en douceur" Pourtant  Ferhat Abbas voulait une  décolonisation en douceur".  C'est pourquoi il  publie e n 1943,  le " Manifeste du peuple algérien ", qui réclame  l’égalité entre Musulmans et Européens, une réforme agraire, la reconnaissance de la langue arabe et une "République autonome" . Puis il jette l’éponge en 1951.   " Il n’y a plus d’autres solutions que les mitraillettes" , s’attrista-t-il. " Toute sa vie, Abbas aura rêvé d’une décolonisation en douceur" ,     écrit Charles-Robert Ageron dans   Genèse de l’Algérie algérienne  . Le maintien de l'ordre se transforme en guerre  Elle a opposé l'armée française à des insurgés nationalistes al

La riche histoire d'Eschviller contée par Auguste Lauer

Auguste Lauer , instituteur d'Eschvil ler membre fondateur de la Société d’histoire et d’archéologie de la section de Bitche, a enseigné en 1936 à Eschviller. L'école d'Eschviller avait deux salles de classe  Très intéressé par l’histoire locale, il a mené comme son collègue Paul Glad à Bousseviller, des recherches historiques sur Eschviller. Avant guerre, Auguste Lauer et son épouse, née Anne Schwartz, enseignaient dans les deux classes à Eschviller, annexe de Volmunster. Nous avons retrouvé un texte écrit en allemand très intéressant qui est une synthèse de nombreux documents connus en 1936. Il nous apprend mieux ce que les habitants d’Eschviller et de la région ont dû subir sous le joug des seigneurs, à cause des guerres et des invasions. Nous l’avons traduit en français pour vous faciliter la lecture. Les textes en italique ont été rajoutés par le traducteur pour une meilleure compréhension. L’histoire d’Eschviller et de sa