Ormersviller, comme la plupart des villages du de Volmunster a été libéré par la 80 ème qui devra rejoindre les Ardennes en décembre 1944 et puis le 16 mars 1945, par la 100e division d'infanterie de la 7e Armée
et puis définitivement le 16 mars 1945, par la 100e division d'infanterie de la 7e Armée.
mais avant les habitants ont été évacués en Charente, sont rentrés, puis ont été expulsés, réfugiés et sinistrés. A partir de cette date, tout le monde a aspiré à nouveau à tout reconstruire et à recommencer. Hélas, seuls ont pu rentrer ceux qui ont une maison à habiter, c'est le quartier de Selven qui a le moins souffert, et ce seront eux qui rentreront les premiers.
Le maire est nommé par le sous-préfet
D'abord, tout le monde est venu à bicyclette constater les dégâts et l'état de la maison abandonnée six ans auparavant. Le spectacle est désolant, pratiquement toutes les maisons sont plus au moins endommagées. Certains logeront d'abord dans la cave, avant d'avoir mis la maison hors d'eau.
D'autres attendront la réfection du toit ou la construction des baraques que l'Etat a mis à la disposition des habitants sinistrés, dès novembre 1945.
Pour l'administration de la commune, Roger Fridrici, sous-préfet de Sarreguemines, a mis en place une commission municipale, présidée par Gérard Andres. Victor Klein sera vice-président. Seront également membres de cette commission: Georges Vogel, Jacques Meyer, Joseph Meyer, cordonnier, Pierre Nickaus et Nicolas Paltz. Les élections municipales ont été fixées au 1er novembre 1945. Gérard Andrès, a été élu maire.
Au printemps 1946, le quartier des baraquements est installé de part et d'autre de la route de Volmunster à la sortie du village. D'un côté les habitations, de l'autre les étables et les hangars. Ces quatre grandes baraques ont abrité 15 familles et les prisonniers de guerre. Il n'y a ni électricité, ni eau courante. La vie a repris lentement dans des baraques et des abris de fortune.
Réouveture de l'école
En décembre 1945, Mme Barret de Rémelfing a ouvert l'école dans une chambre du premier étage de l'école de garçons. Comme la plupart des élèves ont fréquenté l'école allemande, il a d"abord fallu apprendre à lire le français. Au courant de l'année, Mme Barret est remplacée par Mme Schaff de Hanviller. Les élèves étaient assis autour de deux tables. Comme la plupart des élèves ont fréquenté l'école allemande de 1940 à fin 1944. e'était très dur pour eux pour suivre les cours.
A la rentrée du 1er octobre 1946, Joseph Weissend de Bliesbruck est nommé instituteur. Le charron Joseph Schaff, avec les planches de plancher récupérées dans les maisons détruites, il a fabriqué des bancs d'école.
Raser les maisons détruites et déminer
L'entreprise Fickinger de Welferding est chargée de raser les maisons destinées à être reconstruites. Les moellons seront entassés sur des tas rectangulaires et les déblais seront transportés par wagonnets tirés par un cheval conduit par Antoine Andrès au lieu dit "'Hasenberg", situé derrière le cimetière. Les prisonniers de guerre avec leur "P.G." sur le dos, sont chargés de déminer les champs, puis ils ont dû aider les familles dans les travaux agricoles en attendant leur libération en 1948.
On recommence à zéro
L'Etat attribue aux cultivateurs des chevaux, des vaches et des machines, proportionnellement à la taille de l'exploitation. Ils vont les chercher à la gare de Petit-Réderching.
Pendant l'été 1946, le téléphone est installé. C'est Ernestine Vogel qui a géré la cabine publique. Puis en automne de la même année, l'éclairage électrique a remplacé la lampe de pétrole et la bougie. L'eau courante ne viendra que vers 1952. Auparavant les ménagères l'ont cherchaée avec des seaux ou des bidons de lait à la fontaine publique. Tout le monde a vécut dans un état de précarité, et pourtant personne ne se plaignait. Tout le monde se réjouit de chaque amélioration. Pendant cette période, les cartes d'alimentation ont limité la consommation, personne ne s'est plaint du fameux pain à farine de maïs.
Les dossiers de dommages de guerre sont rédigés, et dès 1948, la reconstruction des maisons a com-
mencé. Elle s'est terminée vers 1960.
Epilogue.
Du 1er septembre 1939 jusqu'à la fin de la reconstruction, les habitants d'Ormersviller, ont vécu des heures tragiques comme beaucoup de Mosellans et d'Alsaciens. De plus en raison de leur langue, ils ont été mal considérés par les Français de l'Intérieur, et du fait de leur origine, ils ont été méprisés et chicanés par les Allemands. Actuellement, pour la première fois leur bilinguisme est devenu un atout, un patrimoine trop souvent négligé.
Une région meurtrie
Aucune région de France n'a été autant maltraitée que les 18 communes du nord du Bitcherland. où les habitants ont été évacués, trompés, bannis, dispersés, dépossédés, asservis et sinistrés lors de la dernière guerre mondiale. Personne ne le sait, sauf ceux qui l'ont vécu. Parmi leurs habitants, les résistants, les insoumis et partisans, les déportés, les malgré-nous, les victimes civiles et militaires, les sinistrés ont été très nombreux. Par contre les collaborateurs ont été très rares.
D'ailleurs, René Cabroz, historien militaire, résistant et ancien de la Brigade Alsace-Lorraine écrit: "Il n'y a a pas une région française ayant payé un si lourd tribut à sa patrie entre 1940-1945 et si cher à sa libération. s'il y a eu des collaborateurs en régions annexées (Alsace-Moselle), l'histoire de l'épuration nous enseigne qu' ils ont été l'exception et bien moins nombreux qu'à l'Intérieur, et les habitants de cette région n'ont de leçon recevoir de personne"
La voix qui s'est élevée contre cet état de fait a été celle de l'abbé François Goldschmitt dans son fameux sermon du 3 août 1941, à la grand messe en l'église de Dieuze, où il soulève le problème des "Bitchois" devenu malgré eux des "Siedler".
Andre Pierron, chargé des réfugiés de l'arrondissement de Sarreguemines, a fait un rapport sur la situation en 1945: "On parle beaucoup d'eux, mais l'on ne fait rien pour eux. ( Les habitants du Pays de Volmunster, anciens Siedler). Je les ai rencontrés, ils sont plus misérables et plus miséreux, moralement et physiquement, que tous les autres, parce qu'ils ont tout perdu pour la troisième fois, et ne savent pas qui s'occupera d'eux, car rien ne leur donne le sentiment que quelqu'un y songe. Ce problème est le plus grave des problèmes des réfugiés de toute la France."
Et pourtant, André Schutz, nommé instituteur à Volmunster en janvier 1946, où la situation était identique, m'a dit:
"A mon arrivée, tous les habitants étaient pauvres, sans ressources, ils recommençaient à zéro, pas un seul s'est plaint."
Des habitants éprouvés, mais courageux
Les habitants du Pays de Volmunster, en 1945, ne sont plus les mêmes qu'en 1939. Ils sont heureux de retrouver leur village après six ans de pérégrination à travers toute la France. Pour tout service qu'on leur demandait, ils étaient menacés de déportation.
Tout cela a transformé leur coeur et leur mentalité. Ils évoquent très rarement cette période, car ces épreuves inutiles les ont marqués et leur ont donné un courage et un esprit d'entreprise qui a transformé leur vie. Ils ont eu un courage et un esprit d'entreprise qui a transformé leur façon de vivre et de travailler.
Joseph Antoine Sprunck
La famille de l'auteur, originaire d'Ormersviller a vécu toute cette période où sa famille a été obligée de déménager 5 fois avec les valises, une fois sur un chariot et une fois sur un camion.