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Très émouvante inauguration du mémorial américain

 Le samedi 24 mai 2025, Bill Black est venu spécialement des Etats-Unis à Ormersviller pour inaugurer le mémorial du 80 ème régiment d’infanterie US  dans lequel son père a combattu. 

Avec ce nouveau mémorial, les  trois armées qui se sont battues sur ce site sont représentées.



De gauche à droite: Guillaume Jolivetun ami de Bill, Joseph Sprunck, Marcel Vogel,  Bill Black qui porte le portrait de son père, Philippe Dunoyer et Patrice Schwalbach


Il était au Bitcherland   jusqu’à la  la mi-décembre 1944. Le mémorial a été placé  à côté de celui de l’expulsion de la population et en face   du 32 ème  régiment d’infanterie de Tours et du 127 ème régiment de Zweibrücken. Après le dévoilement du mémorial, par le maire Marcel Vogel et Bill Black,  en présence du porte-drapeau Patrice Schwalbach,   de nombreux habitants et 



Véronique Meyer, professeure des écoles avec les élèves

des élèves de l’école, portant des drapeaux français et américains.  Sous la direction  de Véronique Meyer les enfants  ont chanté  la Marseillaise.


Hommage aux libérateurs


 



Dans son allocution, le maire Marcel Vogel, dont les parents ont vécu la guerre et la vie dans la cave,  « a tenu à rendre hommage, non seulement  aux GI’s, mais aussi aux nombreux morts,  dont les noms sont gravés sur les Monuments aux morts et   à tous ceux qui ont souffert des épreuves de la guerre.  La libération de notre pays fait partie de ces événements d'Histoire majeurs, que l'on pense inoubliables, mais dont nous devons garder le souvenir et qu'il faut transmettre à nos enfants, nos petits-enfants, aux générations futures. N'oublions jamais le sacrifice de celles et ceux qui ont donné leur vie pour nous libérer. N'oublions jamais qu'ils l'ont fait pour que la France redevienne elle-même, forte de ses valeurs d'égalité, de justice, de liberté, des valeurs qui fondent notre Nation… »


Les durs combats menés par son père William Black



Philippe Dunoyer, interprète, a traduit le discours que Bill Black a prononcé:

« Lorsque mon père William est entré en France en août 1944, il était  soldat de première classe. Il faisait partie de la Troisième armée du général George S. Patton et  appartenait à la 80e division d'infanterie. Cette division était surnommée la « division de travail » du général Patton. C'était l'une de ses divisions préférées et elle fut responsable de la libération de dizaines de villes du nord de la France, dont beaucoup en combattu près du site de la chapelle Saint-Joseph. A son arrivée ici, dans la région d’Omersviller, Epping et  Urbach, il avait été promu sergent-chef, ce qui signifiait qu'il menait une section de 10 à 12 jeunes hommes au combat et au péril de leur vie.


Une attaque féroce des Allemands



Le matin du 19 décembre 1944,  juste un jour avant l'envoi de la 80e division au Luxembourg pour participer à la bataille des Ardennes, mon père a mené son escouade face à une attaque ennemie féroce sur ce même site.  Fermez les yeux et imaginez, si vous le voulez bien, le bruit des tirs, des mitrailleuses et des explosions de mortiers, qui duraient des heures et étaient  interminables. Nous essayions de conquérir 20, 50, 100 mètres de terrain supplémentaires, nous rapprochant de la frontière allemande où nous nous trouvons, que l'ennemi tentait farouchement de protéger. »


Un acte de bravoure


« Pendant la bataille, un membre de l'escouade de mon père a été touché par un tir de mitrailleuse alors qu'il tentait d'avancer sur l'ennemi. Il gisait à découvert, en sang. Les tirs des mitrailleuses et les explosions de mortiers ne cessaient jamais. Mon père, conscient que son camarade mourrait s'il était laissé à découvert, attrapa un autre membre de son escouade, courut sur le terrain, le souleva et le porta en lieu sûr. Pour cet acte de bravoure, il a été décoré. Mon  père parlait rarement de la guerre. Il avait été témoin de l'enfer sur Terre et avait perdu nombre de ses amis et camarades. Lui-même a été grièvement blessé fin janvier 1945 lors de la bataille des Ardennes, lorsqu'un éclat de mortier ennemi lui arracha le coude droit alors qu'il libérait la petite commune de Nocher, au Luxembourg…Malgré la perte de son bras droit, il a appris à devenir gaucher et devint peintre en bâtiment, le meilleur peintre de la ville… 

Merci à tous  d'être venus aujourd’hui à la chapelle Saint-Joseph. Cela compte beaucoup pour moi et pour l'association des anciens combattants. » a conclu Bill Black



Bill Black, Joseph Sprunck, Philippe Dunoyer avec son petit-fils Brice Adrien.

Bill a voulu faire une photo avec Joseph Sprunck, grâce auquel il a pu découvrir le secteur où son père a combattu en 2015 et avec Philippe Dunoyer qui a été interprète à chaque visite. 

  Il s'est adressé au Républicain lorrain, dont  Joseph Sprunck est correspondant depuis 1967.

 

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 En souvenir, sa première visite en 2015


Sur les traces de son père qui a sauvé un blessé à Epping en 2015, 70 ans après, l’Américain Bill Black vient en pèlerinage au Bitcherland sur les sites où son père William a combattu.


Jeudi dernier, Bill Black, accompagné de son  épouse et de quatre membres de sa famille   a rencontré Joseph   Sprunck à qui il demandait  de visiter les villages d’Urbach, Epping et Uttweiler où son père Bill Black, sergent  à la  319 Infantry CO de la 80 Th CO de l’US Army, s’est battu en décembre 1944. Il avait préparé le circuit grâce au journal de guerre   de la 319 Infantry CO de la 80 Th Division. De plus, il tenait à connaître l’histoire et le vécu des habitants du Bitcherland pendant la dernière guerre.  Grâce à Philippe Dunoyer de Waldhouse,  interprète, tout le monde pouvait se comprendre.


Engagé volontaire 


C’est après l’attaque surprise de Pearl Harbor   de l'aéronavale japonaise   le 7 décembre 1941   sur la base navale    américaine   qui  motiva William Black, 34 ans  à s’engager par patriotisme avec son frère dans l’armée américaine. La 80e Division, où il fut affecté, embarqua à bord de la Marie Reine SS pour débarquer     le 7 juillet 1944 en Écosse. La Division   traversa la Manche et débarqua  en Normandie sur Utah Beach,  le 2 août 1944,  Quelques jours plus tard, le 8 août 1944, la  80e  division a été lancée dans la bataille, quand elle a pris la tête de pont dans la région de XX Corps près du Mans. C’est le 19 décembre 1944 que la 319 Infantry Co.”G”, libéra Urbach, Epping, et Uttweiler.  Pour ses actes de bravoure et d’héroïsme le 19 décembre 1944 à Epping-Urbach, la médaille d’étoile de bronze lui fut attribuée. Puis ils ont dû partir dans les Ardennes. C’est au cours   des combats dans les Ardennes que William Black a été  touché au bras par un éclat d’obus.  À la fin de la guerre, le 7 mai 1945, la 80 e Division   avait participé à 277 jours de combat et  capturé 212 295 soldats ennemis. Elle retourna aux États-Unis en janvier 1946, après avoir aidé à rétablir et à maintenir la paix après la guerre. La 80e Division avait été l'un des piliers de l'III e armée de Patton, mais il leur a coûté très cher. Au cours de leurs 277 jours de combat, la 80e Division d'infanterie avait eu 17 087 victimes.


Pèlerinage

Bill Black est venu au Bitcherland pour faire un pèlerinage sur les sites où son père a combattu et a été blessé. Quand  nous leur avons expliqué le sens de la croix aux éclats d’obus à la chapelle Saint-Joseph, il fut très ému, et sortit de sa poche l’éclat d’obus qui avait blessé son père. C’est  sur la hauteur de la Burg devant la borne frontière devant Uttweiler  que Bill fut le plus ému “Ce n’est pas possible que mon père  soit venu jusqu’ici pour libérer ce village en Allemagne” s’exclama-t-il. 



Tribulations des Bitcherlandais 


Bill Black tenait beaucoup à connaître l’histoire du Bitcherland durant cette deuxième guerre mondiale.  Grâce à la  visite du mémorial des expulsés à la chapelle Saint-Joseph et toutes  les explications du guide ont étonné et ému  nos six Américains. En voyant  la reconstruction   particulièrement de Epping et de Volmunster, ils ont compris que les dégâts de la guerre ont été immenses. Mais c’est surtout le fait que  près de  

10 000 Bitcherlandais ont été évacués, puis expulsés, spoliés et sinistrés les ont stupéfaits. 


Reportages et photos du 24 mai 2025 et de la visite en 2015 par Joseph Antoine Sprunck.



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