La Guerre de Trente Ans (1618-1648) qui a ensanglanté une grande partie de 1'Europe n’a pas épargné, loin de là notre Pays de Volmunster. Si le traité de Munster a mis heureusement fin aux misères de la population des nations belligérantes, il n’a pas étendu ses bienfaits à notre région.
En effet, notre Bitcherland, de par sa situation, était un lieu de passage, fréquenté, par les troupes impériales, françaises, lorraines qui se combattaient
battaient. Troupes amies ou ennemies, elles n'étaient jamais les bienvenues.
La misère
Il ne faut pas oublier que la population devait assurer la subsistance , c‘est-à-dire le logement et la nourriture des hommes et de chevaux.
Elle devait, en outre par des contributions exorbitantes participer à ses frais. Les habitants étaient d‘autre part contraints de faire de fréquentes corvées aux fortifications de Bitche. ces absences répétées étaient une plaie pour les agriculteurs. Malgré de nombreuses suppliques et requêtes demandant l'exemption des corvées ou des contributions, leur sort ne s’améliora point. Il ne faut pas s'étonner que cette population pillée, ruinée,
lasse de vivre décida d’émigrer en masse dans des régions plus paisibles.
L’invasion des Suédois et les épidémies
Vers 1635, les Suédois alliés du Roi de France ont envahi la Lorraine qui n'était pas encore rattachée à la France.
Les Suédois, la peste et la famine ont fait des ravages terribles et ont décimé les deux tiers de la population. Les cultures sont tombées en friches.
Les habitants ont dû survivre dans les bois.
Ce n’est qu’à la mort de Charles IV le 17 septembre 1675 que la région a connu une certaine accalmie, mais elle ne comptait que des villages ruinés, déserts, aux bans en friches.
Le repeuplement
Pour repeupler le Bitcherland, Louis XIV, plus tard Léopold de Lorraine, ont envoyé à travers la France
l'Allemagne, l’Autriche, la Suisse, le Luxembourg des « recruteurs » chargés de trouver des volontaires acceptant de s’expatrier. C’est à partir de 1680, que la gratuité des matériaux de construction pour les habitations et les granges, l’exemption d’impôts de toute nature, pour une durée de dix ans, la promesse de pouvoir garder en propriété toutes les terres défrichées ont été les raisons qui ont incité des Tyroliens, des Luxembourgeois, des Souabes, des Suisses à s’installer dans notre région. (Les Suisses se sont fixés au Schwitzerberg, ils étaient vachers et étaient occupés essentiellement au « Hof »)
Peu à peu le village de Volmunster a repris vie. Les noms les plus anciens sont les suivants:: Borr, Wust, Stauder, Schwalbach, Lang, Rosso, Bernard, Hohenmehr, Bur, Peltz, Mayer, Koch, Lux, Jung, Kuntz. Certains proviennent de la population autochtone d’avant la guerre de Trente Ans., d’autres sont des noms d’immigrés. (Stauder venu de la Suisse, Bernard et Rosso sont des latins.)
A ces noms s’ajoutent peu à peu les noms étrangers suivants: Pfälinsbrett Zingerle (Tyrol) Picil ( Bavière)Bechbrandt, Brix, Narx (Luxembourg), Mass, Hass (Franconie),
A force d'efforts soutenus et patients, ils réussirent, en commun, à redonner lentement, mais sûrement vie à Volmunster. En effet , au début du 18 ème siècle on note 9 naissances pour Volmunster et 54 pour toute la paroisse qui comprend Volmunster, Nousseviller, Dollenbach, Weiskirch, Epping, Urbach et Ormersviller.
Cette résurrection est réconfortante. Grâce au ciel, cette population laborieuse connut enfin pendant quelques décennies les joies de la paix, source d’un bonheur, ô combien méritée.
Joseph Antoine Sprunck
Sources:
- La Lorraine de Guy Cabourdin et Jean-Alain Lesourd,
- Notre village d’André Schutz
- Krapo