D’un naturel pudique, je n’aime pas parler de moi, mais j’ai besoin de me confier avec tout ce que j’ai vécu.
Une renaissance
Tout alla mieux quand j’ai commencé à garder ma petite fille Agatha, âgée de trois ans. Elle m’accompagnait partout, car elle savait s’occuper. Elle ne m'a jamais embêté. A cette époque, je réalisais de nombreux reportages en dialecte: Wesch-du das? à Télé Cristal. De plus, j’ai essayé d’être plus actif dans les associations. Je me sentais à nouveau plus vivant que jamais. C’est pourquoi, il a fallu que je réconcilie l’agir et l’être. Ce qui n'était pas évident.
Une jeunesse heureuse
Ce qui m’a également aidé, c’est mon enfance heureuse et entourée d’amour, mais c'était le temps de guerre. J’étais malheureux quand mon frère René a été mobilisé dans l’armée allemande, car j’étais très proche de lui. Heureusement qu'il est revenu vivant le 2 octobre 1945. Nous n'avions plus de nouvelles de René à partir du 30 septembre 1944.
Mes soeurs qui ont fréquenté l’école française m’aidaient à faire les devoirs à l’école élémentaire. Comme j'avais de très bons résultats, mon instituteur conseilla à mes parents de m'envoyer au Lycée Fabert de Metz. Comme il y avait de mauvaises communications, ils m'ont inscrit au Collège Saint-Augustin de Bitche. Toute la famille tenait à ce que je réussisse mes études et les examens. Dans ma classe au CM2, j’étais seul à poursuivre les études secondaires, car à cette époque, il n’y avait pas de ramassage scolaire gratuit, ni de bourse. Comme j’étais interne, les études revenaient très chères.
Un principe que j'ai respecté
ible.Début juin, avant de passer les épreuves du baccalauréat, le supérieur Paul Joseph Schmitt a réuni les élèves de terminale pour parler de l'avenir, et il nous a demandé de respecter un principe: Ne jamais éteindre les braises. Grâce à ce principe, on réussit à augmenter le niveau d'un élève faible.
Ayant réussi le Baccalauréat, je me suis présenté au concours d’entrée à l’école normale d’instituteurs en 1958. J’ai dû signer un contrat de 10 ans à l’Education nationale, mais je touchais un traitement. A la demande de mon père, j'ai postulé l'école de Weiskirch, afin que je puisse l'aider à la ferme. Ce qui était très important, je n’étais plus à la charge de mes parents. Par contre durant ces études où j'étais interne, j'avais perdu le contact de mes camarades du village, cela m'a beaucoup éprouvé. De plus en sixième, certains fils de riches m'ont traité de péquenaud, car mes habits n'avaient pas la même qualité que la leur.
La force issue des épreuves
Après cette vie tourmentée durant la guerre, où la famille a été évacuée à plusieurs reprises, expulsée deux fois et sinistrée, cela m’a permis de mieux supporter la vie d’interne. Elle a développé en moi l’empathie, l’écoute, la réceptivité et particulièrement la persévérance… Tout cela m’a permis de mieux m’intégrer au collège, à l'école normale et à l’armée où j’ai réussi à devenir le secrétaire général du PC Colonel du 15/1 en Algérie et en France.
Par contre, voir la population algérienne logée dans des mechtas, construites avec des branches, de la paille et du torchis, m’a choqué. De plus, la voir enfermée dans un regroupement m’a beaucoup révolté. De même, je n’ai pas apprécié, quand on tuait un Algérien pour rien, à cause de mon traumatisme de la reviviscence. En effet, le fin septembre 1944, j’avais assisté à 5 ans à la mort de mon voisin tué par les Allemands.
Je n'ai pas apprécié le renvoi des harkis, dont certains ont été ensuite massacrés par les membres du FLN. Cette mort industrielle a été insupportable pour moi.
Vu la mauvaise qualité de l’eau, j’ai attrapé des amibes africains qui m’ont provoqué de nombreuses diarrhées. Je n'ai que de mauvais souvenirs de ces deux guerres.
Libéré le 27 février 1963, j'ai été nommé le 1er mars 1963 dans la classe unique de l'école de garçons de Volmunster où 33 élèves m'attendaient.
Il fallait préparer deux élèves qui voulaient passer le certificat d'études et deux autres l'entrée en sixième. Tous ont réussi.
Des activités enrichissantes
Après mon mariage le 16 juillet 1966 avec Monique Schaff, j’ai habité à l’école de Volmunster. Une fois installé au village, on me sollicita pour devenir secrétaire dans plusieurs associations, à la mairie et comme correspondant de presse au Républicain lorrain et à l’Ami du peuple, car j’avais un contact facile avec les habitants. Je remplissais également la fonction d’écrivain public pour les déclarations d’impôts et les dossiers de pension.
Création du regroupement pédagogiue
J’aimais mes élèves et j’adorais faire classe, c’est pourquoi je faisais mon possible pour qu’ils puissent suivre correctement en sixième. Très rapidement, j'ai fait géminer les deux écoles, ainsi ma collègue Soeur Concilia avait le CP et le CE et moi le CM et le Fin d'études. Puis à la suite de la fermeture de l'école d'Eschviller, j'ai demandé à l'Inspecteur Jules Verraest, de permettre un ramassage gratuit des élèves. Il était d'accord et il s'est occupé du premier regroupement pédagogique en Moselle à l'école élémentaire,et maternellle.
Animations à l'école et au village
Pour créer une bonne entente, j’organisais des semaines nature, des voyages scolaires, des camps de vacances, des rencontres sportives et des lendits… Quand les élèves ont gagné une course et obtenu des médailles, ils étaient très fiers. Cela a permis d'augmenter le niveau des élèves. De plus, grâce aux échanges de service, Sr Marie-Claire Schwartz a appris aux élèves à jouer de la flûte.
Malgré l'opposition du médecin, de la psychologue et de l'inspecteur de l'éducation nationale, j'ai inscrit une élève souffrant de trisomie. Elle a ensuite réussi à lire, écrire, calculer comme les autres élèves.
Mon principe était: Probieren geht über studieren (Essayer est plus important qu'étudier).
Par la suite, l'inspecteur a reconnu que c'était une bonne décision. Ce travail pédagogique efficace a été apprécié, c'est pourquoi j'ai été promu Officier des Palmes académiques et j'ai obtenu la médaille d'argent de la Jeunesse et Sports.
La peur de vivre seul
Quand j’ai rencontré les personnes lors de mes reportages, j’ai constaté que seules les personnes valides étaient actives. C’est ainsi que j’ai décidé de marcher pour rester en forme. Pour m’obliger à le faire, j’ai décidé de créer un groupe de marche au Colimaçon. Avec Monique, j’ai préparé le circuit en marchant un dimanche, et le suivant je faisais la marche avec le groupe. Depuis une quinzaine d’années, je fais une marche journalière dans la nature ce qui me permet également de rencontrer du monde et de me ressourcer. De plus, j’essaie d’avoir une alimentation saine et durable. Grâce à la rencontre de mes enfants et mes amis, aux lectures et aux écrits sur mes deux blogs, la vie dans une maison en pleine nature, je ne m’ennuie jamais.
Volmunster, le 8 octobre 2025.
Joseph Antoine Sprunck