D’un naturel pudique, je n’aime pas parler de moi, mais j’ai besoin de me confier avec tout ce que j’ai vécu.
Une renaissance
Tout alla mieux quand j’ai commencé à garder ma petite fille Agatha, âgée de trois ans. Elle m’accompagnait partout, car elle savait s’occuper. A cette époque, je réalisais des reportages en dialecte: Wesch-du das? à Télé Cristal. De plus, j’ai essayé d’être plus actif dans les associations. Je me sentais à nouveau plus vivant que jamais. C’est pourquoi il a fallu que je réconcilie l’agir et l’être.
Une jeunesse heureuse
Ce qui m’a également sauvé, c’est mon enfance heureuse et entourée d’amour. J’étais malheureux quand mon frère René a été mobilisé dans l’armée allemande, car j’étais très proche de lui. Mes soeurs qui ont fréquenté l’école française m’aidaient à faire les devoirs à l’école élémentaire. Toute la famille voulait que je réussisse mes études et les examens. Dans ma classe au CM2, j’étais seul à poursuivre les études secondaires, car à cette époque, il n’y avait pas de ramassage scolaire gratuit, ni de bourse. Comme j’étais interne, les études revenaient très chères. Ayant réussi le concours d’entrée à l’école normale d’instituteurs j’ai dû signer un contrat de 10 ans à l’Education nationale, mais je touchais un traitement. Je n’étais plus à la charge de mes parents.
La force issue des épreuves
Après cette vie tourmentée durant la guerre, où la famille a été évacuée à plusieurs reprises, expulsée deux fois et sinistrée, cela m’a permis de mieux supporter la vie d’interne. Elle a développé en moi l’empathie, l’écoute, la réceptivité et particulièrement la persévérance… Tout cela m’a permis de mieux m’intégrer à l’armée, j’ai réussi à devenir le secrétaire général du PC Colonel. Par contre, voir la population algérienne devant habiter dans des mechtas, construites avec des branches, de la paille et de la terre glaise, m’a choqué. De plus, la voir enfermée dans un regroupement m’a beaucoup révolté. De plus, je n’ai pas apprécié, quand on tuait un Algérien pour rien, car j’avais assisté à 5 ans au décès de mon voisin tué par les Allemands, ni le renvoi des harkis; dont certains ont été fusillés par les membres du FLN. Vu la mauvaise qualité de l’eau, j’ai attrapé des amibes africains qui m’ont provoqué de nombreuses diarrhées.
Des activités enrichissantes
Après mon mariage à 27 ans, j’ai habité à l’école. Une fois installé au village, on me sollicita pour devenir secrétaire dans plusieurs associations, à la mairie et comme correspondant de presse au Républicain lorrain et à l’Ami du peuple, car j’avais un contact facile avec les habitants. Je remplissais également la fonction d’écrivain public pour les déclarations d’impôts et les dossiers de pension.
J’aimais mes élèves et j’adorais faire classe, c’est pourquoi je faisais mon possible pour qu’ils puissent suivre correctement en sixième. Pour créer une bonne entente, j’organisais des semaines nature, des voyages scolaires, des camps de vacances, des rencontres sportives…
La peur de vivre seul
Quand j’ai rencontré les personnes lors de mes reportages, j’ai constaté que seules les personnes valides étaient actives. C’est ainsi que j’ai décidé de marcher pour rester en forme. Pour m’obliger à le faire, j’ai pris la résolution de créer un groupe de marche au Colimaçon. Avec mon épouse, j’ai préparé le circuit en marchant un dimanche, et le suivant je faisais la marche avec le groupe. Depuis une quinzaine d’années, je fais une marche journalière dans la nature qui me permet également de rencontrer du monde et de me ressourcer. De plus, j’essaie d’avoir une alimentation saine et durable. Grâce à la rencontre de mes enfants et mes amis, aux lectures et aux écrits sur mes deux blogs, la vie dans une maison en pleine nature, je ne m’ennuie jamais.
Volmunster, le 8 octobre 2025.