Le samedi 21 septembre 2024 à 16 h 30, de nombreuses personnes se rendaient à l’église de Volmunster la messe de confirmation.
Quand je les ai vues, dans la rue du Moulin, aussitôt j’ai roulé au pas comme d’habitude.
A la vue de la voiture qui barrait la rue du Presbytère, je me suis arrêté sur le bas côté de la rue du Moulin près de la Poste. Je ne voyais pas ce qui se passait de l’autre côté de la voiture. Après le départ de la voiture noire , je mets le clignotant et en prenant la rue du Presbytère, ébloui par le soleil, en roulant au pas, tout à coup je constate que je passe sur quelque chose avec la roue arrière gauche. Je m’arrête aussitôt, et quand je sors de la voiture, il y a un attroupement sur la route autour de la personne.Tout de suite Claude Koeberlé me dit:
« Tu as renversé une femme, parce que tu as également été ébloui par le soleil.Tu ne pouvais pas voir la femme, ce n’est qu’un un accident » .
Je m’arrête aussitôt et je constate qu’une personne âgée était à terre et saignait . Je n’avais pas vu cette dame tout en roulant au pas. Je suppose qu’elle a heurté la portière avant de ma voiture, car il y avait des traces de sang. Comme je roulais au pas, j’aurai pu m’arrêter sur le champ. Je n’arrive pas à comprendre cet accident, vu que je roulais au pas. Quand une voiture roule au pas, chaque personne peut éviter une voiture et vice versa… D’après les endroits où elle a saigné, c’était bien sur la route. Je remets ma carte de visite à la petite-fille de la dame. Je rentre à la maison en voiture pour me changer. Je reviens à pied, la famille était rassemblée autour la dame blessée puis les sapeurs-pompiers, pour moi ce n’était pas la peine de rester. C’est ainsi que je suis allé à l’église faire mon reportage.
D’après les témoins, le chauffeur de la voiture a déposé sa mère sur la chaussée directement au croisement et l’a exhortée à se dépêcher pour aller à l’église alors alors qu’il y avait une place, et des passages pour piétons.
Le choc inattendu
Cet accident m’a fortement choqué, du fait que je roulais prudemment au pas et que j’ai heurté une femme âgée alors que je n’avais pas vu la personne, étant ébloui par le soleil. Je venais de faire ma marche au Moulin d’Eschviller. D’habitude je fais ma marche à 17 h 30, mais comme je devais faire un reportage photographique à la messe des confirmants à 17 h., je l’ai faite à 15 h.
J’ai été choqué, non seulement par l’accident, mais à cause du traumatisme de la reviviscence. Le fait de voir le sang de cette femme blessée par ma voiture. Tout cela me rappelle aussitôt mon voisin tué le 27 septembre 1944 par un soldat allemand alors qu’il rentrait les canards qui étaient sur la route. C’était devant notre maison alors que je n’avais que 5 ans. Depuis, dès que je vois le sang qui coule chez une personne blessée, je me sens très mal à l’aise et je risque de perdre connaissance. C’est un traumatisme qui me poursuit tout le temps. Je n’arrive même pas à regarder une personne mise en bière, car j’ai vu trop de morts inutiles en 1944 et durant la guerre d’Algérie. Ces souvenirs me traumatisent, dès que je vois une personne accidentée qui saigne ou un homme mort mis en bière, je risque de perdre connaissance. A mon âge, je suis encore devenu plus émotif, je l’ai remarqué quand je raconte ces faits de guerre lors de conférences. Je n’arrive presque plus à raconter ces histoires de guerre vécues personnellement sans m’émouvoir.
La psychologue m’a expliqué qu’"un traumatisme ne disparaît jamais et se développe après une manifestation physique liée à l'émotion extrême ressentie. "
Le retour du chauffeur
Quand le chauffeur revient sur les lieux de l’accident, Claude Koeberlé dit au chauffeur qui a déposé la femme de 88 ans:
- Pourquoi n’as tu pas déposé ta mère devant l’église?
Le chauffeur me dit:
« Vous avez roulé sur le trottoir »
Ce qui est faux.
Lors de la reconstitution, le lendemain le chauffeur a dû mettre la voiture à la même place. Pour les témoins, c’était faux. Il a dû reculer
Photo JAS
C'est la rue du presbytère qui se croise avec la rue du MoulinLes deux cercles sont l’endroit où il y avait du sang, c’est là que la femme est tombée.
Le X marque d’endroit où était la roue avant de la voiture du fils a été mis lors de la reconstitution Lar un gendarme.
C’est en m'engageant dans la rue du presbytère que j’ai été ébloui par le soleil
sa voiture de deux mètres au moins. Elle barrait vraiment la rue. C’est normalement un arrêt interdit. On s’arrête normalement au bord du trottoir.
Je n’ai pas compris pourquoi le chauffeur ne s’est pas arrêté le long du trottoir, ou à l’entrée de l’église pour y déposer sa mère.
Que faire après cet accident?
Comme il y avait beaucoup de monde autour de la dame accidentée et que je devais me changer pour aller à la messe de confirmation, je donne ma carte de visite à la petite-fille de l’accidentée et je rentre à la maison pour me changer. Je retourne à pied et je vais à nouveau voir ce qui se passe. Les pompiers s’occupent de la blessée. Je leur dis que je vais à la messe.
Après une dizaine de minutes les gendarmes viennent me chercher à l’église. Ils me font souffler et vérifier si je suis drogué. Tout est négatif.
Un abus du pouvoir des gendarmes
Un collègue retraité m’a rendu visite récemment et a été très étonné d’entendre qu’on vienne m’arrêter à l’église. J’ai alors posé la question sur Google qui donne raison à mon ami:
« La police ou la force publique ne peut donc intervenir dans un sanctuaire qu'à la demande expresse du curé, à une exception près : si l'ordre public est menacé ; cela peut être un grave problème de sécurité, de tranquillité ou de salubrité, comme précisé dans un arrêt du Conseil d'État daté de 1993. »
Les gendarmes me demandent de montrer la voiture stationnée dans mon garage, je la sors pour qu’ils puissent tout vérifier. Le gendarme cherche où est la bosse sur la carosserie. Il n’en trouve pas. Je la rentre à nouveau, Puis j’accompagne à nouveau les gendarmes sur le lieu de l’accident.
Ils me mettent à l’écart et me demandent d’y rester. Après une demi heure, je leur demande l’autorisation d’aller faire les photos. Ils m’autorisent à y aller. Après la messe, ils me demandent à nouveau à rester à l’écart. Ils m’ont permis de retourner chez moi après le départ de l’ambulance. Cette mise à l’écart a augmenté mon traumatisme, je me suis comparé à l’enfant mis au coin par le maître.
Reconstitution
Une reconstitution a été faite par les gendarmes le dimanche 22 septembre à 16 h30 par temps nuageux, en présence de plusieurs témoins de l’accident. Lors de cette reconstitution, chacun devait mettre sa voiture à l’emplacement avant l’accident.
J’ai stationné la mienne dans rue du Moulin devant la Poste .
Le fils devait remettre sa voiture, également à sa place lors de l’accident dans l’entrée de la rue du Presbytère. Les témoins Hanauer et Sprunck d'Eschviller de l’accident ont constaté son arrêt sur la route et non sur une partie du trottoir et ont demandé de la reculer environ de deux mètres. Comme le soleil était caché par des nuages, le dimanche je n’ai pas été ébloui lors de la reconstitution.
Depuis 1959, je roulais tous les jours, et lors de nombreuses manifestations à Ormersviller, Nousseviller, Volmunster où ailleurs je devais très souvent rouler au pas au milieu des piétons et je n’ai jamais touché quelqu’un avec ma voiture.
Avec l’expérience que j’ai, les personnes âgées qui ne sortent pas souvent, sont entièrement désorientées quand on les dépose quelque part. C’est pourquoi, personellement je les déposais sur le trottoir et je leur demandais de rester sur place jusqu’à mon retour du stationnement. A partir de lundi tous les témoins ont été auditionnés. Le jeudi 26 septembre, je suis convoqué à la gendarmerie de Bitche pour une audience qui a duré de 8h à 10h avec photos et empreintes de tous les doigts.
Sur ordre du préfet, j’ai dû passer une visite médicale. Le médecin a prolongé mon permis de deux ans.
Entretien avec mes deux filles
Le samedi 28 septembre, en présence de mes deux filles Sandrine et Stéphanie, une décision importante a été prise. Suite à ce choc inattendu et grave, j’ai perdu une certaine assurance dans la conduite. C’est pourquoi, j’ai décidé d’arrêter de conduire une voiture. C’est pourquoi depuis le dimanche 6 octobre, on me transporte. La voiture a été vendue et ma fille Sandrine s‘en occupe maintenant de mes rendez-vous et me conduit.
Soutien des amis
Par téléphone et par SMS, j’ai eu beaucoup de soutien.
Lors du repas des aînés, j’ai eu le soutien de nombreuses personnes: Claude Koeberlé, témoin de l’accident, René Stab, Raymond Rebmann, Jean-Marie Peter, David Suck, Sophie Pastor, Annette Freyermuth, Joseph Meyer, Nadège Lejeune, et de nombreuses autres personnes…Cela m’a fait beaucoup de bien. Grâce aux très nombreux soutiens de mes amis, j’ai réussi à maîtriser mon traumatisme. C’est seulement à partir du 8 octobre que j’ai réussi à mieux dormir.
Rédigé en octobre 2024 et publié le 20 septembre 2025
Joseph Antoine Sprunck
